La « manière d'habiter » est une question qui agite depuis peu l'esprit des archéologues qui s'intéressaient notamment, et ce jusqu'à récemment, aux techniques de construction de l'habitat et à son environnement.
La maison médiévale, qu'elle soit de pierre, de terre crue ou de bois, a suscité d'importantes recherches au XIXème siècle, avec entre autre les travaux de Verdier et Cattois portant sur l'Architecture civile et domestique au Moyen Age et à la Renaissance (1855-57) et surtout ceux d'Eugène Emmanuel Viollet-le-Duc avec le Dictionnaire raisonné de l'architecture française (1844-68). Leurs recherches ont permis de rassembler une certaine documentation sur le sujet, mais elles ont surtout contribué à donner une image relativement biaisée de la demeure urbaine privée. En effet, jusqu'au XIXème siècle on n'avait d'égard que pour la belle demeure urbaine. La maison paysanne est demeurée inconnue, tout comme la maison courante de la ville.
La grande innovation des dernières décennies du XXème siècle, consiste essentiellement dans l'apparition des fouilles d'habitat. Les archéologues vont désormais s'intéresser à la maison médiévale qui n'est plus en élévation, mais qui au contraire a été détruite par le temps.
La fouille est tout à fait semblable à celle de toute autre structure et sa réussite ne dépend que des méthodes mises en œuvre et du croisement des diverses sources d'informations. L'archéologue peut également, sous réserve d'une certaine prudence, avoir recours à l'ethnographie pour parfaire ses connaissances sur l'habitat, notamment en milieu rural, puisque des similitudes dans les méthodes de construction et dans l'utilisation de l'espace intérieur sont observables jusqu'au début du XX ème siècle.
Les maisons étudiées, qu'elles soient rurales ou urbaines n'ont conservé que très partiellement les éléments qui faisaient la cohérence de leur organisation. Il semble néanmoins que ces dernières ont rapidement bénéficié d'une assez grande variété d'aménagements permettant de remplir différentes fonctions vitales telles que: dormir, se protéger, manger. Au départ, ces fonctions étaient considérés comme complémentaires et constituaient donc un seul et unique espace intérieur. En milieu rural, l'habitat ne semble pas recevoir une structuration de l'espace aussi poussée qu'en ville où l'on observe un cloisonnement et une répartition des différents espaces.
La documentation iconographique, si elle offre plutôt une image stéréotypée de l'habitat en ville comme en campagne, permet néanmoins de se faire une idée de la façon dont les hommes de l'époque percevaient leur lieu de vie et offre une approche concrète de la maison, privilège que l'archéologie et les textes anciens ne peuvent apporter.
Les textes médiévaux, eux, apportent un certain éclairage sur la question et présentent, quand ils sont conservés, l'avantage d'informer autant sur les maisons rurales du petit peuple que sur les maisons des riches propriétaires urbains. Certains documents privilégiés comme les inventaires après décès, les actes de vente et de partage, mais surtout les devis de construction, renseignent abondamment l'habitat. Ils traitent en l'occurrence des matériaux de construction, de l'agencement, des dimensions et du nombre de pièces mais aussi, et c'est ce qui fera l'objet de notre propos : des aménagements domestiques. Leur nombre varie en fonction de la taille et de la typologie des édifices, mais aussi en fonction de l'époque.
Le chauffage, l'eau et le rangement, sont les principaux témoins d'une certaine évolution du confort.
[...] Notamment dans les maisons de montagne, où l'on installe dans l'un des murs une sorte de niche fontaine où l'eau s'écoule directement dans un vase disposé au sol. Un aménagement sanitaire plus élaboré : les étuves Même si les textes en mentionnent avant le XIV e siècle, aucune étuve conservée ne semble antérieure. Toutes les demeures d'un certain rang en possédaient, mais on ne trouve aucune référence à ces étuves en dehors des hôtels aristocratiques ou princiers. Parmi les plus anciennes (dans le Midi), on compte celles du Palais des Papes à Avignon. [...]
[...] Il existe aussi d'autres ustensiles ; on les trouve généralement mentionnés dans des inventaires de la fin du Moyen Age. Il s'agit des crémaillères, chenets, pelles à feu, soufflets ou encore trépieds qui sont des indices marquants. D'autres éléments, plus rares dans les textes mais identifiables par l'archéologie, peuvent être ajoutés : couvre-feu en terre cuite, écran en osier, en bois ou en tissu qui figurent sur certaines images. Les autres types de chauffage Outre les cheminées, on se chauffe aussi avec le poêle et le brasero (foyer mobile), qui sont elles, des structures fermées. [...]
[...] L'inclusion du mobilier dans la maçonnerie amène un certain nombre de questionnements sur le chauffage et l'isolation, l'évacuation des déchets et le rangement dans la maison. L'évolution vers le confort est relativement visible dans le cadre urbain, où la densité de population, grandissante au XII e siècle, complique les problèmes de pollution, d'incendie et de délimitation des espaces publics et privés. C'est grâce à ce désir d'apporter une solution à de tels problèmes, que les demeures s'enrichissent peu à peu en divers aménagements. Bibliographie CHAPELOT J., R. FOSSIER, Le village et la maison au Moyen Age, éd. Hachette Littérature, Paris p. ALEXANDRE-BIDON D., F. [...]
[...] *La fumée recueillie par la hotte monte dans le corps de la cheminée (appelé conduit), terminé au-dessus des toits par une conduite d'échappement en maçonnerie ou parfois en poterie, appelée souche. De plan circulaire, hexagonal ou octogonal, elle constitue un dispositif sans doute très ancien, même si l'archéologie ne peut guère en attester l'existence avant le XV e siècle (où elle émerge du toit des grandes maisons bourgeoises ou paysannes). *Aux XIII - XIV e siècles, il peut arriver que la souche comporte une mitre (en terre cuite ou en pierre): extrémité supérieure qui couvre la souche. [...]
[...] * L'aménagement peut aussi bien prendre place dans un simple placard (fig.23) qu'à l'intérieur d'une petite pièce voûtée, ménagée dans l'épaisseur des murs et parfois munie d'un petit jour (ou d'une niche) pour recevoir l'éclairage (fig.22). On trouve plus généralement ce genre de dispositif dans les maisons urbaines. Le traitement des eaux usées : étude des structures d'évacuation * Les installations telles que les latrines et les éviers tenaient sans doute compte des besoins de la vie domestique mais aussi du système d'évacuation prévu pour leur fonctionnement. [...]
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