Dans son déroulement chronologique, la Renaissance carolingienne voit se succéder trois grandes générations. La première a été celle des maîtres d'école, venus de l'étranger pour la plupart à savoir Paul Diacre, Pierre de Pise et Alcuin car ce sont des écrivains fortement imprégnés de culture antique latine. Ils apportent d'Italie ou d'Angleterre les rudiments de la culture latine. Ils enseignent à l'entourage de Charlemagne les notions élémentaires de la grammaire, de la métrique, de la rhétorique et de l'arithmétique. Et de ces pédagogues, le plus efficace et le plus actif a été sans conteste l'Anglo-Saxon Alcuin, un moine venu de Grande-Bretagne qui va se faire l'artisan de la reconquête culturelle.
Alcuin va être l'un des plus grands intellectuels de la « Renaissance » carolingienne.
Il a été la personnalité prépondérante parmi les écrivains et savants de la cour franque. Il a surtout été le personnage le plus important de l'histoire intellectuelle depuis Bède le Vénérable dont il a continué et développé considérablement la tradition.
Cet appel à des lettrés étrangers a sans doute été une necessité : un des premiers objectifs de la politique culturelle de Charlemagne. En effet, la langue latine et la graphie des textes latins, notamment des textes sacrés se sont encombrés de barbarismes pendant l'époque mérovingienne, sous l'influence de la langue parlée, qui était un latin fortement évolué, et à la suite de la décadence de l'instruction en Gaule. Cette regénération du latin classique nécessite donc l'appel à des hommes instruits provenant de pays où la culture antique fait encore partie d'une tradition vivante, comme l'Italie, ou de pays où cette même culture a été soigneusement conservée dans les monastères, comme la Grande-Bretagne et l'Irlande.
Chez Charlemagne, cette préoccupation linguistique naît vraisemblablement d'un souci d'ordre religieux : la pureté de la foi, l'exactitude de la vie religieuse dépendent, selon lui, de la sûreté et de la pureté des textes sacrés.
[...] Le livre est donc recopié à part. Avec le temps, les textes peuvent sérieusement diverger. Alcuin s'efforce donc de retrouver la pureté du texte de saint Jérôme, à savoir la Vulgate, et même d'éliminer les erreurs de traduction qu'il avait pu commettre . Après Jérôme, l'action d'Alcuin est capitale dans la transmission des Ecritures. C'est lui qui est chargé d'établir ce texte unique souhaité par Charlemagne. D'après des allusions contenues dans ses lettres (pas toujours aisées à dater), on a pu calculer qu'il se met à ce travail vers 797, juste après son installation à Tours, et qu'il l'achève entre Pâques 800 et Pâques 801. [...]
[...] L'œuvre d'Alcuin va exercer une influence considérable. En effet , c'est son texte qui , en gros , sera accepté pendant les siècles médiévaux , non sans une multitude de variations de détail qu'expliquent la hâte des copistes et la négligence des correcteurs et qui apparaissent déjà dans les bibles copiées à Tours , même moins d'un demi-siècle après la mort d'Alcuin ! La réunification du texte alcuinien sera l'œuvre du 13ème siècle, et sous cette forme, il a passé pour l'essentiel dans la Vulgate conservée jusqu'à nos jours par l'Eglise romaine. [...]
[...] ou 3ème édition LE BECQ (Stéphane) , Les origines franques dans Nouvelle histoire de la France médiévale , Paris , Editions du Seuil p. LEMARIGNIER (Jean-François) , La France médiévale , institutions et sociétés. Paris , Armand Colin p. GUILLOT (Olivier) , RIGAUDIERE (Albert) , SASSIER (Yves) , Pouvoirs et institutions dans la France médiévale. Des origines à l'époque féodale. Paris , Armand Colin p. + fig. MAYEUR (Jean-Marie) , PIETRI (Charles et Luce) , VAUCHEZ (André) , VENARD (Marc). [...]
[...] Alcuin anime les travaux de cette réunion de beaux esprits de la cour où chacun prend un surnom littéraire ou scripturaire, ce qui est significatif de la renaissance des lettres antiques qui caractérise la cour à cette époque Son intervention dans la querelle adoptianiste à la demande de Charlemagne En 793, Charlemagne prie Alcuin de revenir pour diriger la lutte contre l'hérésie adoptianiste soutenue par le clergé espagnol et qui menace d'envahir le sud de la Gaule. Alcuin répond pleinement à la confiance du roi et sa figure domine le synode ecclésiastique de Francfort en 794, où sont prises d'importantes décisions. [...]
[...] Cette rencontre avec Charlemagne a été pour Alcuin une entrevue cruciale car bien qu'encore diacre de son monastère, il entre au service du roi et finit par adopter la Francie comme nouvelle patrie. Directeur de l'école épiscopale d'York où il a fait ses études, il doit donc abandonner cette responsabilité pour devenir le plus proche conseiller de son nouveau maître. Alcuin ne devait plus quitter Charlemagne. Il le suit de palais en palais, puis s'installe à Aix-la-Chapelle avec la Cour. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture