Xe-XVe siècles : des aristocraties ?

Résumé du document

La société du Moyen-Âge occidental est une société d'ordres, bien qu'ils relèvent de l'idéologie, car ce ne sont pas des ordres juridiques à proprement parler. L'ordre est tacitement inégal mais cela est accepté par tout le monde : quelques dominants se retrouvent à la tête de la société du fait de leur service militaire et religieux (en Angleterre, au XIIe siècle, on dénombre 1,5 million d'habitants dont 4 500 nobles déclarés).

L'aristocratie répond à différents critères. Ce n'est pas un milieu homogène. Cette diversité s'exprime par des disparités de richesse (comme par exemple entre les nobles vivants à la cour du roi et les nobles du Percy) et à travers la sphère militaire. C'est une noblesse reposant sur la génétique (le sang fait le noble). Ainsi, tout cela lui confère des privilèges : exemption de la taille, elle relève judiciairement du roi, le patrimoine est souvent légué à l'aîné. Toutefois, l'aristocratie possède aussi des devoirs : elle doit être un modèle (étymologiquement, « aristocratie », signifie le « gouvernement par les meilleurs ») et répond au devoir du sang (service par les armes).
C'est donc un groupe social qui se définit par son pouvoir génétique (transmission de la capacité de combattre).

Extraits

[...] Un débat historiographique 1. Des réalités multiples Les historiens sont d'accord sur la notion de naissance, mais pas au niveau de la notion de richesse Pour certains historiens, c'est une richesse par détention de biens allodiaux et du droit de ban (contraindre : imposition et autres droits arbitraires) qui est d'ailleurs un droit usurpé car il était à l'origine détenu par le roi, et qui donne lieu au système des Seigneuries. Pour d'autres, comme Georges Duby et Marc Bloch, la richesse est fondée sur le droit militaire. [...]

[...] Lorsque son père meurt en 1059, il investit dans le commerce du vin et des fruits secs. Grâce à sa fortune, il achète des châteaux et des bateaux servant au comte de Barcelone. Il se rapproche donc du pouvoir et devient le conseiller du comte La crispation juridique Cette noblesse peut être soumise à une déchéance dès le XIe siècle. Ainsi, l'obsession de la noblesse est de tenir son rang soit ne pas descendre de rang ou le perdre. Cela se voit notamment dans l'article 8 des usages de Barcelone de 1150, qui fait la liste des amendes encourues. [...]

[...] Ainsi, il est intéressant de se demander si autour de l'an Mil la noblesse a véritablement subi une mutation ou non. En effet, la vieille noblesse s'est maintenue, mais on observe des renouvellements importants au cours des périodes de crise comme la Guerre de Cent Ans. De fait, la noblesse est redynamisée par les apports d'une nouvelle noblesse, qui apporte l'argent dont l'ancienne manque de plus en plus, notamment au cours du XIIIe siècle. Un chambellan assure à l'origine le service de la chambre d'un prince, mais dans un sens plus large, c'est un conseiller Marc Bloch (1886-1944), La société féodale, Paris, Editions Albin Michel, Collection ‘L'évolution de l'Humanité', 1982. [...]

[...] Par exemple, Raymond Isalguier, principal changeur du XIVe siècle et capitoul, prête 1000 livres au roi, mais celui-ci ne peut le rembourser. Ainsi, en 1328, il bénéficie de l'anoblissement royal. B. Le roi et le noble 1. Le service du roi Le roi cherche et choisit les nobles de la cour jusqu'à 1250. Après 1250, c'est l'inverse. La noblesse cherche la cour car c'est elle qui détient les ressources. Dons, arbitre : le roi est envisagé comme le distributeur de ressource. Ainsi, dès 1270, la noblesse est matée par le roi. [...]

[...] Les hommes nouveaux 1. L'érosion naturelle Si la vieille noblesse essaie de limiter les hommes nouveaux elle ne le peut pas toujours car si les maisons n'ont pas d'héritier mâle, elles risquent de tomber en quenouille (gouvernée par une femme), ce qui n'est pas envisageable. Ainsi, en Beauce, en 1500, seuls 19% des familles nobles peuvent attester d'une noblesse depuis 1400. En Forez (environ autour du comté de Saint Etienne), sur les 215 lignages du XIIIe siècle, plus de 30% ont disparu avant la fin du siècle. [...]