Au milieu du XIIème, la péninsule italienne relève en droit de deux autorités à vocation universelle, l'Empire et la papauté. L'autorité territoriale, qu'elle soit impériale au Nord ou pontificale dans le Patrimoine, maintient une tutelle plus ou moins lointaine, mais n'exerce plus un dominum direct et immédiat à l'intérieur de la ville. Ceci se traduit par un double fait:
- La puissance territoriale ne désigne plus les officiers qui exercent une fonction déléguée dans la ville
- Les officiers et magistrats communaux se réfèrent exclusivement, dans l'exercice quotidien de leurs fonctions, au jus proprium défini par les statuts de la commune.
Il est délicat de dégager une vision unitaire de l'action de la papauté à l'égard du mouvement communal italien. A première vue, la papauté apparaît plutôt comme en allié de la revendication d'autonomie des villes, dans la mesure où cette autonomie permet d'affaiblir les prétentions hégémoniques de l'Empire en Italie. Le soutien de la papauté, en particulier Alexandre III, aux deux ligues lombardes, semble confirmer cet axe commune – papauté, qui structure le jeu diplomatique du second XIIème.
[...] Les villes italiennes face au pouvoir pontifical (XIIème XIIIème siècles) Agostino PARAVICINI BAGLIANI, La suprématie pontificale dans Histoire du Christianisme, Jean-Marie MAYEUR (dir.), tome Apogée de la papauté et expansion de la chrétienté, Paris Agostino PARAVICINI BAGLIANI, La cour des papes au XIIIème siècle, Hachette, La vie quotidienne, Paris Agostino PARAVICINI BAGLIANI, Boniface VIII, un pape hérétique Paris, Payot Marcel PACAUT, La papauté et les villes italiennes (1159 1253), dans Damiano FONSECA, I probemi della civiltà communale, Bergame pages 33 46. Jacques DALARUN, Hérésie, Commune et inquisition à Rimini (fin XIIème siècle début XIVème siècle) Studi Medievali pages 641 683. Massimo MIGLIO, Culture à la cour des papes, XIIème XVème dans Isabelle HEULLANT-DONAT (dir.), Cultures italiennes, XIIème XVème siècles, Paris, Cerf pages 121 143 I. L'état de l'institution pontificale : 3 A. Les enjeux de la réforme grégorienne : 3 B. Restructurations : 3 C. La rédaction du droit canon : 4 II. [...]
[...] Les conciles répètent qu'il est du devoir de l'évêque de rechercher et juger les hérétiques dans son diocèse (Vérone mais aussi Latran IV en 1215). Mais les évêques étaient confrontés à d'autres problèmes, notamment celui de la réorganisation de leur diocèse pour faire passer sous leur juridiction toutes les églises diocésaines (nombreuses dans les villes étaient les églises gentilices) ; or, il leur fallait disposer de la mobilisation de tout le clergé diocésain pour lutter efficacement contre la propagation hérétique. [...]
[...] Deux actes adressés à l'archevêque de Milan en 1209 et 1210 sont symptomatiques de l'attitude pontificale. Dans le premier, Innocent III indique au métropolitain comment il doit procéder pour inféoder les fiefs qui dépendent de son église. Ce faisant, il n'accorde aucune juridiction en la matière aux autorités civiles milanaises, ce qui montre qu'il entend élargir au maximum le champ d'action des pouvoirs ecclésiastiques locaux (aux dépens, sinon à l'encontre du gouvernement laïque). Le second acte proteste durement contre le fait que, se comportant comme des chiens muets qui ne prennent même pas la peine d'aboyer l'archevêque de Milan et tous les évêques de Lombardie aient accepté de payer des taxes aux pouvoirs civils. [...]
[...] La nomination de tous les personnels étrangers, y compris les podestats, était étroitement surveillée. Le podestat de Spolète se voit interdire en 1207 d'instaurer de nouveaux magistrats car une telle autorité n'est pas entre vos mains Par ailleurs, la papauté semble manifester une inclinaison pour un recrutement de recteurs indigènes, de préférence à des étrangers. L'autorité romaine s'appesantit sur les communes. Le pape interdit l'entrée à Viterbe et Pérouse dans la Ligue Toscane, interdisant donc aux cités une diplomatie interrégionale. [...]
[...] Les entreprises italiennes de Barberousse bouleversent ces données. Elles tendent à placer la péninsule sous l'autorité impériale, ce qui revenait, d'une part, à mettre en question le statut de Rome et celui des Etats de l'Eglise, et d'autre part à empêcher toute coopération réelle entre la Papauté et l'Empire. Du point de vue de la papauté, l'axe majeur est donc que pour s'opposer au mieux à l'Empereur, il fallait faire valoir au maximum les prétentions territoriales, ce qui aurait pour résultat, en cas de succès, de faire de la Papauté une puissance italienne. [...]
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