La Sicile médiévale - Entre Occident et Orient : l'élaboration d'un modèle original

Thèmes abordés

Sicile, Sicile médiévale, Moyen-âge, occident, orient, Roger Ier, Roger II, Normands, conquête normande, royaume de Sicile, Palerme, relai consulaire, féodalité, Messine

Résumé du document

À proprement parler, après le temps de la conquête et la mise en place des premières structures par Roger Ier, la domination effective des Normands sur la Sicile n'a vraiment débuté en tant que telle qu'en 1112 avec la majorité de Roger II, qui est le premier véritable souverain normand de Sicile. Il nait et grandit en Sicile. À l'origine, à son avènement, simple comte de Sicile, il parvient en quelques années à devenir en 1130 le seul et unique souverain de tous les territoires normands d'Italie, ce qui lui permet de recevoir l'onction qui en fit désormais le roi d'un royaume par le fait, qui portera désormais le nom de Regnum Siciliae (Royaume de Sicile).

Extraits

[...] L'entourage du roi : Curia Palatina Si le roi symbolise la monarchie, elle ne se réduit pas seulement à sa seule figure. Elle englobe aussi un ensemble complexe d'institutions dont les plus importants siégeaient avec le roi, dans son palais de Palerme, et dont toutes étaient dirigées par des personnages de confiance et des proches, qui formaient donc la cour. En 1130, à la suite de sa mère, Roger II établit la capitale à Palerme et dans cette capitale il choisit l'ancienne forteresse émirale, le Qasr, comme résidence pour en faire son palais. [...]

[...] Les premières villes qui bénéficient de cet élan, sont la capitale d'une part, mais également Messine qui deviennent les deux principales villes de la Sicile, mais également principales villes de tout le domaine des Normands (continent compris). Sur la partie continentale du territoire normand (Naples, Calabre etc.), seule Naples est une ville à proprement parler, tout le reste étant essentiellement agricole ou avec des villes d'importance minimale. Bénéficiant de cet âge d'or, de profondes transformations édilitaires et urbanistiques affectent progressivement les centres urbains de Sicile. [...]

[...] Tout en étant figure de l'émir arabe, le roi normand est aussi figure du basileus byzantin. On le voit par l'utilisation du chrysobulle, mais aussi par le biais de l'iconographie qui va désormais représenter le roi normand, en tout premier lieu dans les lieux de cultes associés au pouvoir. Cette représentation à la byzantine du souverain normand commence sous Roger II mais c'est aussi une constante de la domination normande. On trouve cette iconographie notamment à Palerme dans l'église de la Martorana (une des chapelles de la famille royale). [...]

[...] On a une forme complexe hétéroclite de bâtiments et styles, avec une articulation complexe d'ailes qui relient l'ensemble des bâtiments. Dans cet espace protégé du palais, d'où le souverain ne sort quasiment pas, s'organise une vie de cour complexe, structurée sur deux niveaux techniques et politiques. Pour comprendre ce fonctionnement, on dispose d'une source : La description du fonctionnement de la cour, le liber Regno Sicilie rédigé par Hugues Falcand. C'est un témoignage de première main qui décrit la cour au quotidien, et permet en croisant les informations de mieux saisir la structuration de cette cour et son articulation des différents pouvoirs en son sein. [...]

[...] Cette occupation amorce également le déclin de la cité. Une économie florissante Ce bref coup d'œil sur la situation urbain et l'exemple de Messine attire l'attention sur un autre domaine qui va marquer la domination normande, celui de l'économique sicilienne, sous contrôle des Normands et qui s'avère particulièrement florissante. Messine attire l'attention sur le rôle majeur des échanges économiques et leur rôle sur le cosmopolitisme du modèle normand tel qu'établi en Sicile. Ce modèle reposait sur l'association, non sans hiérarchies ou mépris de la part du monde urbain, entre un monde des campagnes chargé de produire et un monde des villes qui accueillait les marchés et devenait un point d'échange des marchandises à l'échelle de la Méditerranée entière. [...]