Moyen-âge, Sicile médiévale, civilisation siculo-normande, italie, Frédéric II, Religion, Normandie, géographie, art, royaume de Sicile, architecture
Voilà une époque à laquelle il faut rattacher aujourd'hui encore tous les monuments et vestiges qui s'observent en Sicile et traduisent l'existence d'une civilisation unique et paradoxale, car, en y regardant de plus près, cette civilisation qualifiée de siculo-normande n'a rien de proprement normand. Il suffit en effet de repenser aux textes et oeuvres artistiques pour constater que les mosaïques notamment étaient byzantines, que la plupart des objets étaient de facture arabe (orfèvrerie, artefacts), et on en arrive assez vite à la conclusion selon laquelle aucune de ces productions artistiques artisanales ne portait en elle le témoignage de caractéristiques liées à un peuple venu du nord de l'Europe. Ce qui fait la singularité et l'exceptionnalité de la civilisation normande aura été en réalité cette capacité, de la part d'un peuple profondément étranger au territoire qu'il venait de conquérir, de se déculturer lui-même (de faire abstraction de son propre héritage culturel) pour s'adapter aux héritages des peuples indigènes et ainsi opérer une synthèse créatrice d'un nouveau modèle et d'une nouvelle culture.
[...] Cathédrale de Monreale, symbole de l'essoufflement du syncrétisme normand. C'est un essoufflement dans la mesure où cette cathédrale est sans doute le symbole d'une rupture de l'œuvre de tolérance vis-à-vis des autres champs d'expression artistique. Cette cathédrale monastère est fondée en 1174 par Guillaume II et achevée en 1183. On y retrouve encore des influences arabes et byzantine mais qui cette fois-ci ne sont plus associées à la symbolique chrétienne mais exploitée au seul service de la chrétienté latine. Des mosaïques byzantines, vidées de leur sens orthodoxe, obéissent exclusivement à la liturgie latine (on prend la technique mais on ne respecte plus l'esprit orthodoxe). [...]
[...] Pour justifier son adjectif, il apporte des documents. Il reconnait néanmoins que l'une des rares choses qui fonctionne encore à la cour de Sicile, c'est précisément l'effervescence intellectuelle et la capacité à réunir des grands esprits pour [que le souverain puisse] « s'approprier tout ce qui était beau, et tout ce qui était utile ». C'est cette même quête de légitimité qui explique l'intérêt dans le même temps pour le savoir « cosmographique » (géographique). Cette quête s'affirme à l'époque, tout particulièrement à la cour des Hauteville, comme moyen de maitriser intellectuellement le monde, ce qui pouvait permettre symboliquement aux souverains normands de se revendiquer, à la manière des empereurs romains, comme cosmocrator dominateurs du monde). [...]
[...] De même pour les décors, qui furent tous réalisés par des artistes arabes, en particulier les pièces d'orfèvrerie ou encore les sculptures qui ornaient les murs des palais. Cela étant dit, à côté de ces décorations, les savants musulmans participaient également aux infrastructures de ces palais en leur faisant bénéficier d'un savoir que ne partageaient pas leurs homologues latins. C'est ce qui émerveillait les visiteurs du continent, de voir l'extrême raffinement de la décoration et l'extrême sophistication de ces palais, qui étaient chauffés l'hiver et climatisés l'été par le biais de systèmes d'air conditionné (grâce à la glace récupérée au sommet de l'Etna). [...]
[...] On y retrouve le Christ pantocrator inscrit dans la coupole, les 4 archanges mais aussi, au registre inférieur, les 8 prophètes de l'Ancien Testament. Cela étant dit, malgré cette fidélité au modèle byzantin, on y retrouve des influences allogènes comme l'utilisation de l'écriture coufique (calligraphie d'inspiration musulmane). Les représentations de George d'Antioche et Roger II en train d'être couronnés par la Vierge et le Christ s'inspirent des traditions latines. On prend donc le mode de représentation byzantine, (mosaïque) avec une symbolique et grammaire latine. [...]
[...] Al-Idrisi est un Marocain installé en 1138 en Sicile qui intègre au moment de la conquête la cour de Palerme et se met au service du souverain. C'est un esprit éclairé, habile et grand voyageur, et ce qu'il décrit est né de son expérience directe. Il est l'un des premiers (pas le seul) à affirmer la sphéricité de la Terre, et chacune de ses descriptions se veut la plus précise possible. Il nomme les lieux, il décrit la façon de vivre des peuples, mais également les systèmes politiques et croyances religieuses des différents espaces qu'il a l'occasion de visiter. [...]
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