Querelle des Investitures, papauté, Louis le Pieux, Gélase Ier, Grégoire le Grand, Eglise, chrétienté, Frédéric Barberousse, réforme grégorienne, simonie, nicolaïsme, Saint-Empire romain germanique, compromis de Worms
Depuis le Ve siècle jusqu'au débouché de l'an mil, les revendications des monarques et des papes ont plutôt alternées qu'elles ne se sont réellement affrontées, au gré de rapports de force politiques et religieux constamment bouleversés par les invasions et les luttes féodales. Charlemagne a exercé une autorité incontestée sur l'Église et ses chefs. Nous allons voir en quelles circonstances son fils Louis le Pieux est finalement dépouillé de son trône par ses évêques. La papauté subit la même alternance de rétablissement et de décadence. Gélase Ier ou Grégoire Le Grand portent très haut les prétentions de l'Église, leurs successeurs sont contraints d'y renoncer. Après la mort de Charlemagne, alors que l'empire branle de toute part, Grégoire IV ou Nicolas Ier, ce dernier pape de 858 à 867, s'en prennent aux empereurs, dénoncent leur impuissance, les menacent d'excommunication. Mais c'est s'en prendre à des fantômes, de toute façon incapables d'assumer les charges de leur titre. Il en ira différemment au mitan du XIe siècle. Après les siècles de bouleversement liés aux migrations des peuples et aux luttes religieuses de nouveaux pouvoirs s'affirment en Europe, fragiles sans doute, instables souvent, mais dont certains s'enracinent durablement, comme la monarchie capétienne en France, la dynastie anglo-normande en Angleterre, certaines principautés allemandes, le royaume normand de Sicile. C'est aussi une période charnière pour l'Église qui est l'objet d'une vaste et profonde réforme qui en marquera durablement la physionomie, la réforme grégorienne.
[...] L'empereur renonce à l'investiture spirituelle, par la crosse et l'anneau. Il s'engage à ne pas se mêler des élections épiscopales et à ne pas s'opposer à l'installation des évêques métropolitains désignés. En échange, le pape accorde à l'empereur ou à son mandant, d'être présent à l'élection qu'il pourra départager en cas de contestation, après avis des évêques de la province. Il procédera ensuite à l'investiture temporelle du nouvel évêque concernant les biens et les fonctions politiques associées à la charge d'évêque (les droits du roi), investiture temporelle que symbolisera non plus la remise de l'anneau et de la crosse, réservés dès lors au pape où à ses représentants, mais d'un sceptre. [...]
[...] Henri, revenu dans le giron de l'Église, reste privé de sa couronne. À première vue, le pape semble donc être le grand vainqueur de l'affrontement. Il a résolument appliqué les conceptions qu'il expose abruptement dans ses Dictatus papae, une série de notes composée sous sa dictée en 1075 : seul le pontife romain peut déposer ou absoudre les évêques (proposition n° 3) ; aucun synode ne peut être appelé général sans son ordre (n° 16) ; il lui est permis de déposer les empereurs (n° 12) ; lui seul peut réformer ses propres sentences et lui seul a le pouvoir de réformer la sentence de tous (n° 18) ; il ne doit être jugé par personne (n° 19) ; le pape peut délier du serment de fidélité fait aux injustes (n° 27) ; il est le seul homme dont tous les princes de la terre baisent les pieds (n° 9). [...]
[...] Mais Grégoire VII lui impulse une vigueur nouvelle qui donnera à la papauté rénovée un éclat sans pareil. La réforme grégorienne s'appuie sur une centralisation accrue du pouvoir au sein de l'Église et conduit à la constitution d'une véritable monarchie pontificale. Les réformateurs comme Grégoire revendiquent sans cesse la liberté de l'Église (libertas Ecclesiae), terme très fort qui recouvre l'idée de sa complète indépendance à l'égard des autorités politiques constituées, une totale liberté d'action et l'absence de tout contrôle temporel. [...]
[...] Mais le désir de réforme cette fois-ci est le plus fort. Sous l'impulsion du futur Grégoire VII, qui n'est encore que le cardinal Hildebrand, et d'une partie du clergé italien, un concile est réuni en la basilique du Latran en avril 1059 en présence de nombreux évêques et cardinaux italiens qui décide de réserver l'élection du pape aux cardinaux de l'Église. L'élection devra, autant que possible, se tenir à Rome et les électeurs sont encouragés à désigner un clerc romain. [...]
[...] Comment [en effet] exercer le dominium mundi quand on est le ministre d'une religion du pardon (Chélini, op cit, p. 284) ? » Les ministres d'une religion du pardon et de l'amour ne peuvent exercer eux- mêmes le pouvoir temporel, défini comme instrument de vengeance, alors qu'ils ont pour tâche de convertir le pécheur et de l'absoudre. Ainsi, quand seront installés les tribunaux de l'Inquisition, ce sont des ecclésiastiques qui instruiront les dossiers et jugeront les prévenus, mais c'est l'autorité civile qui à leur place et sous leur autorité aura la charge d'administrer la question (autrement dit : la torture), et d'exécuter la sentence qu'ils auront prononcée. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture