Persécution religieuse, hérésies eschatologiques, minorité juive, Occident médiéval, Eglise, Etats, langues vulgaires, culture hérétique, reductio ad unum, naissance de l'Inquisition
Robert M. Moore, historien britannique, relève au 12ème siècle un très net durcissement de l'Église vis-à-vis des hérétiques, des juifs, et plus généralement de tous ceux qui contestent au moins l'un de ces trois principes constitutifs de l'hégémonie de l'Église que sont le dogme, les rites ou les règles morales. C'est la naissance d'une société "persécutrice" à l'intolérance accrue et au raidissement à la fois institutionnel et dogmatique. Cette théorie a soulevé des critiques, mais plusieurs points sont admis comme recevables.
La nouveauté ne tient pas au recours à la violence contre les déviances, mais à son caractère systématique ; c'est une évidence pour les hérétiques et dans une moindre mesure pour les juifs, mais beaucoup moins nette envers d'autres situations regardées comme déviantes (prostitution, homosexualité…). La cause principale de ce raidissement est une conception nouvelle de l'unité chrétienne : la reductio ad unum, soit une unité assimilée à l'uniformité, une véritable obsession de l'unité qui exclut tout "droit à la différence" (même si ce concept est un anachronisme). L'Église se fait persécutrice, mais elle est largement relayée par les États en voie de restauration, qui montrent un grand zèle dans la lutte contre l'hérésie.
[...] Mais cette intégration de la philosophie n'est pas acceptée par toutes les communautés essor au 13e siècle de querelles entre philosophes « rationalistes » et « kabbalistes » mystiques attachés à la tradition révélée et hostiles à la philosophie. Après Maïmonide, le plus grand philosophe juif médiéval est Gersonide (1288- 1344), appelé également Levi fils de Gerson ou Léon de Bagnol (Bagnol-sur- Cèze, dans le Gard) : auteur d'ouvrages scientifiques (dont le Traité d'astronomie) dans lesquels il démontre l'existence d'une vérité scientifique. Selon lui, la science ne peut supplanter la religion, mais la religion ne peut juger la science. [...]
[...] John Purvey, son « second », révise intégralement la traduction ; dans le prologue (ajouté en 1395/6), il précise : « Traduire selon le sens et point selon les mots, de sorte que le sens soit aussi clair, voire plus clair en anglais qu'en latin » ; il rappelle également tout le travail préparatoire « pour rassembler de nombreuses et anciennes Bibles, oeuvres des docteurs et gloses ordinaires, afin de faire une Bible latine passablement correcte ». Même les hérétiques ne se satisfont pas des imperfections de la Vulgate 3. Les livres hérétiques La persécution des hérésies n'a laissé aujourd'hui que peu de livres émanés de ces mouvements. Or ils ont existé, comme le prouvent la citation du dominicain Étienne de Bourbon (voir PwP) ou les représentations iconographiques (nombreuses) d'autodafés. [...]
[...] ( ) Paradoxe : pour l'Église, les hérétiques sont des laïci illitterati, mais ils sont détenteurs de livres subversifs qu'il convient de détruire. C'est tout l'intérêt de l'article d'A. Hudson, « Laicus litteratus : the paradox of Lollardy », dans P. Biller, A. Hudson (dir.), Heresy and Literacy (1000-1500), Cambridge p. [...]
[...] Exemple : Isaac de Tivoli qui dépose ses livres avant 1433 à la synagogue locale. Il y a une sorte de sacralisation du livre, comme objet magico- religieux. Pratiques de la lecture – Lecture en groupe, à haute voix, sur le mode de la psalmodie, avec un caractère magique ; attestée dès le 12e siècle, essor surtout avec le 14e siècle – Ritualisation musicale de la lecture pour la mémorisation du Talmud Persistance marquée d'une forte dimension orale dans une culture basée sur les livres, ce qui explique le retard très important dans le passage des juifs aux livres imprimés ; le même « conservatisme » se retrouve dans la permanence tardive des manuscrits sous forme de rouleaux, et non de volumes. [...]
[...] Les hérésies eschatologiques Pour commencer, deux définitions utiles – Eschatologie (gr. eskhatos, « dernier », et logos, « science, enseignement ») : littéralement, « enseignement des fins dernières » ; vision, discours ou description des fins dernières de l'homme et du monde et des événements de la fin des temps – Millénarisme : croyance selon laquelle le Christ doit revenir pour un règne terrestre de mille ans (le millenium), qui est une trêve avant la destruction de Satan qui précèdera le Jugement dernier ; elle est condamnée par l'Église au 5e siècle À l'origine, bien qu'il ne soit pas lui-même hérétique, Joachim de Flore (v. [...]
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