Papauté, Avignon, Moyen-Âge, histoire de l'Église, pontificats, papauté itinérante, papauté sédentaire, exil, Rome, centre de la Chrétienté, Curie, dynastie capétienne, capitale politique et administrative, conciles de Lyon, aumônerie pontificale, conception théocratique, monarchique du pouvoir pontifical, luxe, fiscalité pontificale, réforme de l'Église
Il y avait déjà eu au XIIIe siècle des papes français et de nombreux Français à la Curie, mais la francisation devient massive au XIVe. Cette mutation est mal vécue dans les autres pays d'Occident, en particulier en Angleterre, surtout à une époque où se développent partout les sentiments nationaux.
[...] Les mutations de la ville Le séjour des papes a entraîné une croissance très rapide de la ville ; la population, qui ne diminue pas après la peste de 1348, atteignait désormais 30 à 40 000 habitants ; aux autochtones, il fallait ajouter les curialistes à 600), les membres des familiæ cardinalices (env. 1 000), les nombreux « courtisans » (étrangers, surtout Italiens, installés à Avignon), les étudiants de l'université (créée en 1303) et toute la population flottante des artistes, des multiples délégations et ambassades de passage, des procureurs, des solliciteurs et plaideurs et enfin des milliers de quémandeurs et de pauvres attirés par les distributions de nourriture gratuites de l'aumônerie pontificale. [...]
[...] Les étapes du retour Après les infructueuses opérations militaires lancées par Jean XXII contre les Visconti, le rétablissement de l'autorité pontificale dans les États du pape avait marqué le pas sous Benoît XII et Clément VI, mis à part la difficile organisation du jubilé de 1350. C'est avec Innocent VI et Urbain V que sont enfin menées à bien la « pacification » et la reprise en main des États pontificaux sous l'égide du cardinal Albornoz. Le premier retour à Rome, celui d'Urbain V en 1367-1370, fut cependant un échec. [...]
[...] Mais le phénomène s'est fortement accentué à Avignon, surtout au temps de Clément VI. Cet épanouissement de la vie de cour traduit la permanence d'une conception sinon théocratique, en tout cas monarchique du pouvoir pontifical. La splendeur de la cour pontificale se manifestait à travers la somptuosité et le raffinement du décor (appartements de Clément VI décorés par les peintres siennois), l'éclat des liturgies de la chapelle papale (chantres flamands), le développement de la vie intellectuelle autour du studium Curiæ et de la bibliothèque pontificale qui comptait au moins 2 000 volumes au temps d'Urbain les ouvrages scolastiques (théologie, droit canon), côtoyant les nouveautés humanistes. [...]
[...] Mais la pression « populaire » en faveur de Rome continuait à s'exercer, relayée à la fois par des intellectuels comme Pétrarque, qui polémique à ce sujet contre l'université de Paris, et des dévots appuyés sur des courants religieux plus ou moins forts (Brigitte de Suède et surtout Catherine de Sienne) : cette dernière exprime une véritable « mystique romaine » où le retour à Rome devient à la fois la condition préalable et le symbole de la « réforme de l'Église » de plus en plus largement souhaitée. Face à ces courants, Grégoire XI se décide à revenir à Rome, bien que son retour se fasse dans un contexte très défavorable (cf. supra) ; de plus, arrivé à la fin de l'année 1376, Grégoire XI meurt dès le 27 mars 1378, laissant une situation encore très confuse qui va rendre l'élection de son successeur particulièrement problématique ; le schisme qui en résultera, en sera la conséquence presque prévisible. [...]
[...] ❖ Guillaume Grimoard–Urbain V (1362-1370) : originaire du Gévaudan, moine et canoniste, abbé de Saint-Victor de Marseille, il n'était pas cardinal quand il fut élu pape. Il redonna quelque vigueur à l'idée de réforme et, après avoir fait pacifier les États pontificaux par le cardinal légat Albornoz, il réussit à revenir provisoirement à Rome (1367-1370), l'administration curiale restant cependant à Avignon. Jugeant ce retour prématuré, il revint néanmoins à Avignon où il mourut le 19 décembre 1370 ; seul pape d'Avignon à avoir été béatifié. [...]
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