« Le partage de 395 offre à l'historien une date symbolique, celle de la rupture de l'unité politique du monde romain et de l'ouverture d'un long millénaire qui, loin de se réduire à des dates charnières, est celui des lentes dérives et des fractures durables ». Cette déclaration des historiens François Lebrun et Jean Carpentier montre l'importance de l'année 395 – date à laquelle l'empereur Théodose partage l'Empire romain entre ses deux fils – sur l'avenir du monde méditerranéen. En effet, si pour les contemporains cet épisode s'inscrit dans un contexte de crise et de décadence d'un empire immense, les bouleversements politique, économique et culturel qu'il a provoqués nous incitent à considérer cette année comme une date clé.
Désormais l'Empire romain est divisé en deux : l'Empire romain d'Occident, dont la capitale reste la ville de Rome, et l'Empire romain d'Orient, avec pour capitale Constantinople (Byzance). Cela donne lieu à un nouvel ordre en Méditerranée et, lorsque les problèmes internes de Rome (décadence des mœurs, dénatalité, crise économique, sclérose de la société...) couplés aux menaces extérieures (invasions « barbares », notamment des peuples germaniques) entraînent la chute de l'Empire romain d'Occident avec la destitution du dernier empereur d'Occident Romulus Augustule par Odoacre (476), la primauté de l'Empire romain ne repose plus que sur l'empereur d'Orient. De fait, si Rome représentait le cœur du monde méditerranéen pendant une grande partie de l'Antiquité, celui-ci est déplacé vers l'est au début du Moyen-Âge. Or, englobant à la fois une mer navigable et son pourtour, cet espace représente un véritable carrefour entre des continents aux grandes richesses.
Ainsi, il s'agit de comprendre en quoi la rupture que représente la fin de l'Antiquité romaine fait du bassin méditerranéen un objet de convoitise mais aussi le point de rencontre – et donc d'échanges – entre les différentes civilisations qui émergent et s'affrontent du VIe au XIIe siècle.
En effet, si on peut percevoir l'influence du spectre romain au cours des VIe et VIIe siècles, du fait de la volonté des nouvelles puissances d'unir à nouveau le monde méditerranéen, la période allant du VIIIe au Xe siècle dessine une ère d'affrontement mais aussi et surtout d'apports économiques et culturels, qui aboutit aux XIe et XIIe siècles à l'essor d'un équilibre nouveau, riche des échanges qui ont perduré durant toute la période.
[...] La mare nostrum semble donc elle aussi partagée entre une partie orientale brillante, aux échanges maritimes florissants et tenus sous contrôle par la loi rhodienne[2] byzantine, et une partie occidentale en proie à la piraterie, où même les grands ports antiques sont décadents (pensons à Ostie). D'un autre côté, avec la chute de l'Empire romain d'Occident à la fin du Ve siècle et donc la fin du monopole latin l'espace aux riches perspectives que représente la Méditerranée semble à la merci des ambitions de puissances nouvelles (byzantine, musulmane . ) dès le début du VIe siècle. De fait, l'Occident latin ne se relève qu'au cours des XIe-XIIe siècles de par l'économie renaissance de l'Italie), la géopolitique (conquêtes normandes . [...]
[...] En effet, l'émirat indépendant de Sicile connait une situation analogue à celle de la péninsule ibérique. C'est aussi le temps de la ‘‘renaissance'' de l'Italie par le biais des échanges économiques : des ports comme Naples, Amalfi, Bari ou Venise bénéficient du monopole commercial avec le monde chrétien accordé par Byzance et, peu à peu, ils étendent leur marché au monde musulman (Sicile, Al-Andalus, Maghreb). Il convient aussi de noter que la place reconquise par l'Italie de pôle central en Méditerranée est confirmée en 962 par Otton Ier, puisque le fondateur saxon du Saint-Empire romain germanique vient chercher la couronne impériale à Rome. [...]
[...] Les nestoriens nient la nature divine du Christ, tandis que les monophysites nient sa nature humaine. Les Trois Chapitres comprennent les œuvres de Théodore de Mopsueste, les écrits de Théodoret de Cyr (contre saint Cyrille et contre le concile d'Éphèse) et la lettre d'Ibas d'Édesse à un certain Maris de Perse (contre Cyrille). Voir Carte (Annexe), p Voir Carte (Annexe), p Communauté chrétienne d'Orient Le gréement comporte tout le matériel servant à la manœuvre des voiles Matière incendiaire à base de naphte, il a assuré la supériorité navale des Byzantins sur les musulmans, jusqu'à ce qu'ils l'utilisent à leur tour. [...]
[...] Avec l'islamisation qui s'intensifie dès le Xe siècle, les populations soumises intègrent la pensée musulmane, et le monde arabo-méditerranéen se conforme ainsi à ses préceptes théologiques. Aussi, l'élite urbaine compris les mawalis[14]), se tourne vers le mouvement adab, un mouvement mêlant foi religieuse et soif de connaissances favorisé par le mécénat éclairé des califes abbassides. C'est dans ce cadre que la langue arabe s'épanouit (en poésie ou en prose), ce qui facilite l'accès à la littérature, les encyclopédies et la philosophie (Al-Kindî (801-866)). De plus, au contact des Indiens et des Chinois, les Arabes font évoluer la médecine, les mathématiques, l'astronomie . [...]
[...] Cette victoire remportée sur Byzance marque l'avènement d'une nouvelle puissance en Méditerranée, mais aussi l'essor de nouvelles techniques guerrières, issues d'échanges entre Orient et Occident. En effet, la flotte navale musulmane est forte d'un enrichissement mutuel : elle est construite et formée par des artisans et marins chrétiens (notamment Syriens, Palestiniens et coptes[7]), mais soumise au commandement arabe. Or, ceux-ci innovent par une technique qui a donné son nom au conflit : les navires musulmans sont attachés ensemble et forment ainsi un bloc impénétrable d'où ils peuvent couper les gréements[8] des navires byzantins, provoquant l'effondrement de leurs mâts. [...]
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