Enseignement des filles, moyen-âge, éducation féminine, responsable du péché originel, La Vierge, péchés de la langue
Si les théologiens comme les moralistes affirment que la bisexualité du genre humain est voulue par Dieu, ils s'intéressent à la femme en soi idéologique, plus qu'aux femmes réelles, filles, mères et épouses qui forment la moitié de l'humanité. Ces femmes, ils ne se sont longtemps guère souciés de les classer qu'en fonction de leur sexualité (vierge, épouses, continentes). La trifonctionnalité et l'accès aux ordines leur sont implicitement refusés sauf par intermédiaire. Une femme ne saurait être prêtre ni professeur d'université, son accès à la royauté est problématique, elle ne saurait combattre, ni juger. Son accès au travail est handicapé par une fragilité physique qui justifie un salaire moindre.
Les femmes réelles font une timide apparition avec Francesco de Barberino vers 1320. Le Régime et les coutumes des Dames distingue les princesses, nobles, filles de chevalier, citadines tenant boutique, paysannes et femmes au service d'autrui. Christine de Pisan en 1405 dans le Livre des trois Vertus reprend et affine cet inventaire de la population féminine en croisant avec l'âge et le statut matrimonial.
[...] La Summa de saint Antonin va plus loin et propose aux futurs prédicateurs un résumé mnémotechnique de tous les péchés des femmes selon les 23 lettres de l'alphabet accompagné d'exemples où l'on trouve Médée, Hélène de Troie ou Jézabel : de A avidum animal, à B bestiale baratum (gouffre), C concupiscentia carnés jusqu'à V vanitas vanitatum qui se termine paradoxalement par « Mais la femme qui craint Dieu mérite la louange » et les exemples de Marie Madeleine Contre ces péchés envahissants qui sous-entendent implicitement un lien entre la femme et le diable, le prédicateur conseille tout ce qui peut canaliser une nature féminine qui oscille entre la faiblesse et le débordement : mesure, discrétion, sobriété, tempérance, modestie B. L'éducation féminine. Les premiers traités au XIIe s. [...]
[...] La chasteté féminine ne se livre à l'extérieur que par des indices qu'autrui peut voir ou entendre. La femme doit contrôler ses gestes : éviter les mouvements gratuits ou trop rapides, surveiller le visage et les yeux qu'il faut baisser. Le vêtement féminin doit certes traduire la condition lors des cortèges de mariage ou de fêtes familiales. En dehors des occasions exceptionnelles, le vêtement féminin se doit d'être sobre, de couleur sombre, sans traîne, hennins ou décolletés qui attirent le regard masculin. [...]
[...] En effet les manuels destinés au sexe faible se multiplient mi XIIIe s. : Enseignements de saint Louis à sa fille Isabelle ou les dix chapitres sur cinquante consacrés par Vincent de Beauvais aux princesses dans le De Eruditione filiorum nobilium écrit pour la reine Marguerite de Provence. Fin XIIIe s. apparaît le premier Miroir aux princesses écrit par Durand de Champagne en 1297 pour Jeanne de Navarre qui ne cessera d'être traduit, recopié remanié jusqu'à la fin du XVIe s Au cours du XIVe s. [...]
[...] Elles sont pratiquement toutes en langue vulgaire. Elles ne comprennent évidemment aucun de ces textes professionnels que sont les recueils de sermons, les textes médicaux ou juridiques, les manuels de stratégie puisque les femmes n'ont accès à aucune de ces professions. Elles ne comprennent pas non plus de textes scolaires ou universitaires. Les collections sont donc beaucoup plus restreintes en nombre que celles des hommes des bibliothèques féminines n'ont qu'un livre et c'est un livre d'heures. Princesses et reines ont entre 20 et 45 livres à la seule exception de Marguerite de Flandre héritière du comté qui compte 156 livres. [...]
[...] Sans beaucoup de ressources, elle « se transforma en homme » et se plongea dans les livres. Elle commença par écrire des compositions poétiques puis opta pour d'ambitieux traités politiques en français que nul ne s'attendait à voir une femme écrire : Livre des faits du sage roi Charles Livre de chevalerie, Livre de Policie s'intéressent au prince idéal, à la guerre et à la paix, à la réforme du royaume et à la nécessaire conciliation entre les partis que Christine attend de la reine Isabeau. [...]
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