La mort de Charles Le Gros en 888 n'est pas une rupture décisive. L'Empire carolingien, ressuscité par le couronnement de Charlemagne (25 décembre 800) a cessé d'être régi par un unique souverain depuis la mort de Louis Le Pieux (840) : le traité de Verdun (843) a instauré avec le régime de confraternité un partage territorial et institutionnel. L'ainé, Lothaire, reçoit le titre impérial et une Francie médiane dont Rome et Aix la Chapelle sont les capitales. A Louis, dit le Germanique, la Francie orientale, qui prend, sous son règne, sa première cohérence politique. A Charles Le Chauve, la Francie occidentale où l'on distingue encore la vieille opposition mérovingienne entre Neustrie (ouest) et Austrasie (est) (...)
[...] Werner a démontré que Richer de Reims est malveillant lorsqu'il démontre l'origine médiocre et saxonne de la famille d'Eudes : les Robertiens sont des Francs, aristocrates rhénans connus depuis le début du VIIe siècle, et alliés à la famille carolingienne au moins depuis le mariage d'Ermengarde et de Louis Le Pieux. Robert le Fort, père d'Eudes, est comte d'Anjou et de Tours sous Charles Le Chauve, puis marquis de Bretagne. Robert meurt dans une escarmouche contre des Normands à Brissarthe point de départ d'une politique d'exaltation des qualités guerrières du lignage. Eudes parvient au pouvoir en 3 étapes. [...]
[...] Si Arnulf appartient à la famille carolingienne, il est un fils illégitime, mais ses partisans accordent suffisament d'importance à ses mérites militaires pour passer outre. L'accusation de batardise est donc, de fait, un prétexte utilisé pour écarter du trône un héritier surnuméraire ou incapable. Les grands s'en servent contre Bernard, fils d'une concubine de Charles Le Gros. L'appartenance à la famille carolingienne reste cependant un élément déterminant pour être candidat au trône. Mais l'élévation d'un roi appartient à l'élite politique du royaume : élu roi en 887 à Ratisbonne, Arnulf n'a pas eu besoin d'être sacré ; l'adhésion des grands lui suffit. [...]
[...] Le comté de Flandres était, de par sa position géographique, plus exposé que d'autres comtés carolingiens. Il semblait donc logique de le renforcer, ce que fait Baudouin Ier à Arras, Bruges et Gand, puis Baudouin II, son fils, par un réseau de burgi fortifiés (Bergues, St Omer). Baudouin Ier épouse Judith, la fille de Charles Le Chauve, en 863 : mariage par rapt, mais devant le fait accompli et poussé par le pape Nicolas Ier, le roi de Francie occidentale en reconnaît la validité. [...]
[...] Louis reste alors en Francie occidentale le seul roi carolingien, et réunit autour de lui tous ceux que l'élection d'Eudes, le Robertien, laissent insatisfaits. Il est couronné en Provence en 890, entouré de nombreux grands, en particulier de Bourgogne ; et reçoit la couronne impériale de Benoit IV en 901. La Visio Karoli garde le témoignage d'une intense propagande pro- carolingienne en sa faveur. De la même manière, Charles dit le Simple, agé de 13 ans, est élu en février 893. [...]
[...] En 888, celui-ci prend le parti de Charles le Simple, non car légitimiste, mais car il cherche à étendre la Flandre au détriment d'Herbert de Vermandois, soutenant donc systématiquement un roi différent que celui soutenu par Herbert. Baudouin choisit donc de soutenir Zwentibold contre Charles Le Simple, et reçoit dans se sens l'appui des Robertiens. Baudouin, pour défendre ses intérêts, va jusqu'à faire assassiner Foulques de Reims, qui bénéficie de la confiscation de l'abbaye de St Vaast (dont la propriété, avec celle d'Arras, avait été reconnue à Baudouin II par les Robertiens). En mars 900, les grands lotharingiens se rallient en majorité à Louis l'Enfant lors d'une assemblée à Thionville. Zwentibold meurt au combat en août. [...]
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