La thématique de ce cours associe étroitement culture et spiritualité, car ce qui est en jeu est de traiter de l'évolution des mentalités et croyances populaires dans le prolongement de la réforme de l'Église du XIIe siècle. Ces dernières se placent dans un contexte qui a trait non seulement à la question des formes revêtue par la dévotion et aux croyances religieuses que l'Église cherche à encadrer et contrôler, mais concerne également l'essor urbain. L'accroissement des villes, surtout par adjonction de nouveaux quartiers à partir du XIIe siècle, entraîne des bouleversements importants, sociaux et culturels, qui rendent caduques les cadres idéologiques hérités de la période précédente. Dans le cadre de la division tripartite et fonctionnelle de la société occidentale, qui distingue "ceux qui prient" de "ceux qui combattent" et "ceux qui travaillent", où peut donc bien se placer le marchand ? et l'universitaire ou tous ceux que l'on peut commencer à qualifier, à la suite de Jacques Le Goff, d'intellectuels ? L'Église va, ainsi, devoir adapter son message à ces nouvelles catégories de population, en même temps qu'elle va vouloir encadrer au mieux les fidèles et contrôler leurs croyances dans ce monde urbain en pleine expansion. C'est l'objet essentiel des décisions prises lors du concile de Latran IV sur lequel nous reviendrons plus loin. Dans cet ordre d'idée aussi, la reconnaissance officielle des ordres mendiants va représenter un excellent compromis ; les frères mendiants constitueront ainsi le fil rouge de notre cours.
Les ordres mendiants sont apparus dès le début du XIIIe siècle. Connaissant un succès important dans les villes, ils ont été perçus par leurs contemporains comme un élément réformateur de l'Eglise. Il s'agit de groupes de religieux (clercs et laïcs sont acceptés en leur sein) se distinguant fondamentalement des ordres monastiques antérieurs par leur mode de vie (ils obéissent à une même règle mais ne respectent pas la clôture, multiplient les contacts avec le monde extérieur et ont pour règle de vie un retour à la pauvreté évangélique personnelle et collective) et leur mission (la prédication et non la prière et la méditation.) Les Mendiants ne sont donc pas des moines !
Les raisons de leur succès sont diverses ; il s'inscrit, en tout cas, pleinement dans le contexte de la croissance du XIIIe siècle : croissance des villes où ils s'installent préférentiellement (démographique, économique et matérielle), essor des études et apparition des universités (...)
[...] La question de la pauvreté devient alors primordiale : il s'agit de se mettre dans la situation matérielle du pauvre, de mendier pour vivre, comme le Christ est censé l'avoir fait. (l'ordre franciscain s'organise sur cette idée, nous l'avons vu; d'une façon générale, l'imitation du Christ est à la base du comportement des mendiants). La réflexion sur ce thème de la pauvreté et de sa pratique se développe dans la seconde moitié du XIIIe siècle, lorsque l'on commence à s'éloigner de l'idéal vécu et prescrit par François d'Assise en même temps que les ordres mendiants se retrouvent à la tête d'églises vastes, aussi belles que des cathédrales. [...]
[...] Les ordres mendiants se sont donc implantés préférentiellement en ville, et ce dès les années 1215-1220 (il faut attendre le XIVe siècle pour voir leur prédication atteindre les campagnes.) On peut distinguer deux phases: - les années 1220-1250 : les mendiants s'installent dans les quartiers périphériques des villes, hors les murs, sur des terrains qui leur ont été cédés par les évêques en général. Ils vont, d'ailleurs, contribuer à peupler ces espaces, le couvent mendiant pouvant servir de noyau cristallisateur et de point d'appui pour un urbanisme en expansion. [...]
[...] Saint Dominique et l'apparition des dominicains Dominique de Guzman, clerc castillan, est né vers 1175 dans une famille noble de Caleruega. Très tôt il se destine à une carrière ecclésiastique et poursuit des études à Palencia avant d'être élu, en 1196, chanoine du chapitre cathédral d'Osma. En 1203, il participe, aux côtés de son évêque, à une ambassade représentant le roi de Castille en Allemagne du nord. Là, il est frappé par les ravages causés à la population par des mercenaires cumans (un peuple païen d'Europe centrale) et décide de les évangéliser. [...]
[...] - les années 1250-1280: les couvents et les églises des ordres mendiants se déplacent pour gagner le centre des villes, à l'intérieur des murs, grâce aux dons de particuliers ou aux frais de la commune qui les accueille. Cette évolution correspond également à une extension de leur public : durant la seconde moitié du XIIIe siècle, les notables sont de plus en plus touchés par la prédication mendiante et contribuent à les doter d'églises importantes. Certains frères franciscains, qui ont connu saint François ou qui veulent rester fidèles à son idéal, refusent cette évolution et se retirent dans des ermitages (on les appelle les Spirituels; ce sont aussi les partisans, on l'aura compris, de l'usus pauper). [...]
[...] Il fonde une petite communauté et, en 1209, se rend à Rome pour faire approuver par le pape le programme qu'il a rédigé pour elle. Innocent III approuve oralement seulement l'attitude de François et de ses compagnons auxquels on donne le nom de "frères mineurs", c'est à dire humbles. Dès lors les recrues se multiplient en Italie du nord, dont Claire, une jeune fille de la noblesse d'Assise à l'origine de la fondation des Damianites appelées plus tard Clarisses, branche féminine des Franciscains. [...]
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