L'historiographie traditionnelle définit les « années 1200 » comme un « Dark Age », un Âge sombre au cours duquel l'Egypte, l'Anatolie, la Méditerranée orientale et la Mésopotamie auraient connu une série importante de bouleversements affectant radicalement les systèmes politiques alors en place. Au tout début du Ie millénaire, les sources écrites disponibles, plus précises sur le plan quantitatif et qualitatif, révèlent en effet une nouvelle configuration géopolitique du Proche-Orient, elle-même nettement différente du système diplomatique international que documentaient les lettres d'El-Amarna. L'empire hittite s'est effondré, l'Egypte a reculé derrière ses frontières immédiates et la Babylonie, sans leader charismatique et conquérant, s'est à peine stabilisée. Des villes importantes du Bronze final comme Ugarit et Emar sont attaquées, pillées et détruites. La dislocation et la disparition d'entités politiques tels les royaumes d'Aštat, du Yamñad, d'Ugarit, de Nuñašše, de Niya, de Qaønâ, de Qadeš, d'Amurru, d'Upe, d'Amqu sont constatées. A la place des cités-Etats de Syro-Palestine que se disputaient l'Egypte et le Ñatti, se développe un chapelet de royaumes indépendants (Israël, Juda, Ammon, Moab, Edom). Dans le Ñanigalbat ainsi qu'en Anatolie méridionale, se constituent des principautés et des petits royaumes de souche araméenne, néo-hittite ou mixte. Au Nord, l'Urarøu n'est pas encore un royaume montagnard puissant et achevé. Perses, Mèdes, Scythes et Cimmériens ne menacent pas, semble-t-il, les plaines de leurs raids. En Babylonie du Sud, après les incursions sutéennes, pénètrent et s'installent ou émergeraient durablement des tribus araméennes et chaldéennes. Dans le Ñanigalbat, l'Assyrie subirait de plein fouet les pénétrations araméennes et serait menacée jusqu'à ces frontières. Selon cette dynamique, et plus précisément à la fin du règne du dernier roi MA Tiglath-Phalazar I (1114-1076), on a avancé que l'Assyrie aurait été sérieusement mise à mal par l'avancée araméenne qui engloberait les possessions MA du Ñanigalbat. Si ses successeurs immédiats parvinrent à contenir les assauts araméens, la situation devint vite intenable et la crise s'installa durablement d'Aššurnaæirpal I (1049-1031) à Tiglath-Phalazar II (967-935). C'est cette crise qui aurait eu pour conséquence directe une nette récession territoriale de l'Etat assyrien. Comme il n'y avait pas de pouvoir politique dominateur en Mésopotamie septentrionale, on a avancé que l'Assyrie, possédant un avantage militaire certain sur ces voisins immédiats, put pratiquer rapidement une politique de défense puis d'agression sous la forme de conflits prédateurs. C'est, grosso modo, le schéma explicatif traditionnel de l'évolution géopolitique du Proche-Orient du XIIIe siècle à la deuxième moitié du IX° siècle qui préparerait « l'irrésistible ascension » de l'Assyrie. Il se base avant tout sur le schéma de l'invasion – celle des « Peuples de la Mer » – auxquelles succèderaient une crise généralisée du paysage urbain et les invasions/pénétrations araméennes suscitant la réaction et le recouvrement assyriens.
[...] Le Dark Age et les années 1200 au Proche-Orient à l'Âge du fer contextes socio-politiques et modèles d'interprétation historique Plan 1. Les années 1200 : présentation des anciens paradigmes relatifs au modèle du Dark Age *Crises politiques et urbaines ; -Les invasions des Peuples de la Mer ; -Les pénétrations araméennes Les critiques du modèle traditionnel. *L'effondrement des pouvoirs régionaux et de l'économie palatiale ; -L'avènement du contrôle économique des marchands ; -L'émergence du concept d'ethnicité. Bibliographie élective Bordreuil P., 1993a, I regni aramaici settentrionali in O. [...]
[...] Problems of Definition in G. Bunnens (éd) : Essays on Syria in the Iron Age, Ancient Near Eastern Studies Supplement Leuven, p. 3-19. Klengel H Syria 3000 to 300 B.C., A Handbook of Political History, Berlin. Beute, Tribut und Abgaben: Aspekte assyrischer Syrienpolitik CRAI XXXIX, p. 71-76. The ‘Crisis Years' and the New Political System in Early Iron Age Syria. Some Introductory Remarks in G. Bunnens (éd) : Essays on Syria in the Iron Age, Ancient Near Eastern Studies Supplement Leuven, .p. [...]
[...] Si ses successeurs immédiats parvinrent à contenir les assauts araméens, la situation devint vite intenable et la crise s'installa durablement d'Aššurnaæirpal I (1049-1031) à Tiglath- Phalazar II (967-935). C'est cette crise qui aurait eu pour conséquence directe une nette récession territoriale de l'Etat assyrien. Comme il n'y avait pas de pouvoir politique dominateur en Mésopotamie septentrionale, on a avancé que l'Assyrie, possédant un avantage militaire certain sur ces voisins immédiats, put pratiquer rapidement une politique de défense puis d'agression sous la forme de conflits prédateurs. [...]
[...] Ces pérennités s'expriment avant tout à travers une conservation importante de nombreuses structures sociales et culturelles. De ce point de vue, l'adjectif dark serait davantage à utiliser pour décrire la paucité des sources épigraphiques disponibles pour la période allant du XIII° au siècles. Plusieurs changements sont néanmoins identifiables ; l'un des plus importants, bien que possédant des antécédents historiques au Bronze Moyen, est le basculement de zones urbanisées en zones de pâtures pour semi- nomades dans certaines parties de la Syrie intérieure et de la Djézireh. [...]
[...] Luzan et alii., (éds.) : Syrie. Mémoire et Civilisation, Paris, p. 250-257. Bunnens G Aramaeans, Hittites and Assyrians in the Upper Euphrates Valley in G. del Olmo Lete & J.-L. Montero Fenollós (éds.) : Archaeology of the Upper Syrian Euphrates - The Tishrin Dam Area. Proceedings of the International Symposium Held at Barcelona, January 28th-30th 1998, Barcelona, p. 605-624. Syria in the Iron Age. [...]
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