Cours d'histoire médiévale portant sur la nouvelle organisation des royaumes au Xème siècle en Occident notamment en France et en Germanie. Pour résumer les changements politiques et sociaux intervenus vers l'an mil, et insister sur leur caractère irréversible, les historiens à la suite de G. Duby ont souvent employé l'expression d'« effondrement de l'ordre politique carolingien ». Quoi qu'il en soit de la pertinence de ces vues, concluant à une véritable rupture baptisée « mutation féodale» par les épigones de Duby (E. Bournazel et J.-P. Poly), il paraît évident que l'ordre carolingien s'est longtemps survécu au-delà du fractionnement définitif de l'Empire en 887-888, et de l'émergence de premiers royaumes non-carolingiens en Europe occidentale.
[...] C'est donc à lui que doit revenir le titre royal. Lothaire réagit en convoquant à Compiègne une assemblée typiquement carolingienne de Grands, laïcs et ecclésiastiques, destinée à juger Adalbéron pour haute trahison. Mais le roi meurt peu après, de même que son fils Louis V (986-987), et les Robertiens reprennent la main : Adalbéron déplace et transforme l'assemblée convoquée par Lothaire en instance élective, laquelle se tient au cœur même du domaine d'Hugues Capet, à Senlis parmi ses nombreux fidèles ; l'archevêque y prononce un très célèbre discours, que nous rapporte l'historien Richer, à vrai dire seul témoin. [...]
[...] Cette création par l'empereur du pape est un précédent que devait reprendre Henri III au milieu du XIe siècle, lorsqu'il installe Léon IX à la place de papes romains concurrents et corrompus. En fait, comme il nommait ses évêques en Germanie, l'empereur nomme l'évêque de Rome lorsqu'il juge l'élu indigne ; c'est une autre cause de la réaction pontificale, dite grégorienne, au siècle suivant (voir le cours 9). Par contre, très réalistes, les Ottoniens puis leurs successeurs les Saliens ne tentent pas de recréer l'Empire de Charlemagne dans toute son extension territoriale, ce qui les aurait conduit à intégrer la Francie occidentale ; ils se contentent de la maintenir dans un état durable d'affaiblissement en y favorisant les dissensions. [...]
[...] Charles le Simple est finalement déposé par les Grands à cause de sa politique lotharingienne trop aventureuse (voir ci-dessous) ; ses successeurs carolingiens Louis IV, Lothaire puis Louis V ne parviennent pas davantage à échapper à l'emprise des Princes, ce que marque après la déposition de Charles le Simple un second et bref intermède Robertien ; avant la victoire définitive de cette famille à la fin du Xe siècle, et dont il convient de décrire et expliquer l'ascension et la triomphe final, car il ne manquait pas de concurrents. L'un des Princes de Francie occidentale en effet, le Robertien Hugues le Grand, crée selon le médiéviste allemand K.-F. [...]
[...] Ces comparaisons faites, il est possible d'examiner séparément les deux ensembles territoriaux, ou encore d'expliquer, pour reprendre l'expression de C.R. Brühl, la naissance de deux peuples et dans un premier temps de deux Etats. A l'est : la mainmise saxonne et la restauration impériale Ce qui caractérise l'ex-Francie orientale, progressivement agrandie de la Lotharingie étroite (c'est-à-dire celle de Lothaire II, amputée de la Bourgogne et de la Provence ; voir la carte dans Bonnet et Descatoire op. cit. p. [...]
[...] de la Bavière) ; inversement, les Saxons renforcent le rôle des évêques choisis et investis par eux (donc entièrement sous contrôle : c'est l'origine du grand conflit avec la papauté décrit au cours suivant, en leur concédant des immunités, des droits régaliens (monnaie, justice de sang). C'est bien la continuation voire l'amplification du système de l'église impériale L'autre solution pour calmer l'aristocratie consiste à stimuler le Drang nach Osten, en semant en particulier des évêchés dans les régions nouvellement conquises et peuplées, à évangéliser (ex ; de la création de l'évêché de Magdebourg en 937, pour évangéliser les Slaves ; voir les marges orientales, c'est-à-dire slaves, du royaume sur la carte de Bonnet et Descatoire op. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture