Afin de comprendre la société médiévale occidentale, il est important de définir et de distinguer les nombreux liens qui existent entre les hommes. Il convient d'emblée de faire la différence entre trois concepts. Le premier est celui de la féodalité que nous allons développer amplement dans ce cours ; le deuxième est la seigneurie ; quant à la troisième et dernière notion, il s'agit du terme marxiste féodalisme, qui qualifie un « régime social fondé sur la confiscation, souvent brutale, des bénéfices du travail paysan - surproduit - et qui en assure la redistribution au sein de l'aristocratie par un réseau complexe de liens d'hommes à hommes et de gratifications - appelées fiefs ».
Dans son livre Qu'est-ce que la féodalité ?, F. L. Ganshof nous livre une acceptation juridique stricte de la féodalité : il s'agit « d'un ensemble d'institutions créant et régissant des obligations d'obéissance et de service, principalement militaire, de la part d'un homme libre appelé vassal envers un autre homme libre, appelé seigneur, et des obligations de protection et d'entretien de la part du seigneur à l'égard du vassal, obligation d'entretien ayant le plus souvent pour effet la concession par le seigneur d'un bien appelé « fief » ». Le régime féodal est donc fondé à la fois sur le contrat vassalique et sur la concession d'un fief (...)
[...] Dans certains cas, le seigneur accorde à son vassal chaque année des vestes, des robes, c'est-à-dire des vêtements. Par exemple, l'évêque de Liège devait chaque année, à Noël trois paires de vêtements au comte de Hainaut et à ses trois principaux châtelains. III- L'évolution du fief La nature du fief Le fief, un ensemble de terres, de droits et de rentes, est l'élément réel dans les relations féodo-vassaliques : il s'agit d'une tenure concédée gratuitement par un seigneur à son vassal en vue de procurer à celui-ci l'entretien légitime et de le mettre à même de fournir à son seigneur le service requis. [...]
[...] Les prestations du vassal Ces prestations constituent l'aspect positif de l'objet de l'obligation du vassal. Fulbert de Chartres[2] résume les obligations du vassal par l'auxilium et le consilium : l'aide et le conseil. - Auxilium : il s'agit avant tout d'une aide militaire : le service d'ost et de chevauché. Le vassal doit à son seigneur un service militaire spécialisé à cheval, qui est la raison d'être essentielle du contrat vassalique. Selon les cas, le vassal doit fournir d'autres chevaliers, qui sont eux-mêmes ses propres vassaux. [...]
[...] Telle est la raison pour laquelle je ne suis pas allé te retrouver au plaid. Mais je m'étonne que, de ton côté, avec une pareille précipitation, sans que la cause ait été discutée, tu me juges indigne de ton fief. Car, si l'on considère la naissance, il est clair, grâce à Dieu, que je suis digne d'en hériter ; si l'on considère la nature du fief que tu m'as donné, il est certain qu'il fait partie non de ton fisc, mais des biens qui, avec ta faveur, me viennent de mes ancêtres par droit héréditaire ; si l'on considère la valeur du service, tu sais comment, tant que j'eus ta faveur, je t'ai servi à la cour, à l'ost et à l'étranger. [...]
[...] Le fief est lié au service que le seigneur attend de son vassal et l'aliénation peut, sans doute, compromettre ce service. Si des donations ou des ventes de fiefs par des vassaux ont eu lieu en France à partir du Xe siècle et en Angleterre au XIe siècle, c'est parce que ces aliénations s'effectuaient à l'intervention du seigneur (à la demande du seigneur). Des accords doivent avoir lieu entre les parties concernées (l'acquéreur, le vassal et le seigneur) et stipulent que le bien vendu ou donné doit rester fief entre les mains de l'acquéreur. [...]
[...] Des compromis sont mis en place pour concilier l'indivisibilité du fief avec les droits des héritiers. Pour endiguer le choix arbitraire du seigneur, la primogéniture a été la solution la plus fréquemment admise : c'est le mâle majeur qui hérite le fief, mais il peut y avoir plusieurs héritiers mâles majeurs. Dans ce cas, le système du parage (paragium : parfois appelé frérage) a connu un grand succès en France du Nord et de l'Ouest, ainsi que dans plusieurs principautés lotharingiennes. [...]
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