Saint-Omer fait partie des villes de Flandre nées vers 880 grâce a l'élévation d'un castrum, c'est-à-dire d'une place fortifiée, dont le but était de protéger une église, et qui comprenait des habitations, des magasins... Dès le début du XIe siècle, ce type de ville attire les populations. Habitants, commerçants et industriels modestes s'installèrent alors dans ce bourg du comté de Flandre. C'est au XIe siècle que marchands et artisans décidèrent de mettre en place une guilde commerciale.
Le texte que l'on présente ici, est issu de La ville en France au Moyen Âge des Carolingiens à la renaissance, un ouvrage de l'un des plus célèbres auteurs spécialisé dans la période médiévale, à savoir Jacques Le Goff. Mais il ne s'agit que d'une traduction du texte original qui fut écrit en latin et retrouvé dans les archives de la ville de Saint-Omer sous le nom de Consuetudines gilde mercatorie.
Il s'agit d'un document de la pratique et plus précisément d'un texte statuaire, puisqu'il établit la réglementation de la gilde marchande de Saint-Omer, dont le ou les auteur(s) nous sont inconnus. Tout comme l'auteur, la datation du document est difficile à établir de manière précise. Cependant la référence, dans l'article 15, à Wulfric Rabel, châtelain de Saint Omer de 1072 à 1083, nous permet de cadrer la date du texte de 1083, puisqu'on nous dit « au temps du châtelain », sous-entendant que la période ou Wulfric Rabel était châtelain est antérieur à la rédaction du texte, à 1127, date à laquelle une charte de la ville mentionne la guilde.
[...] Ces règles concernent: le respect à tenir aux administrateurs de la gilde: articles et 10. la bonne conduite à adopter lors des regroupements de la gilde: articles et 13. l'assiduité au chapitre: article 14. Il faut savoir que le chapitre est le nom que l'on donnait à l'assemblée de marchands lorsque celle-ci se réunissait la veille de la potacio cela nous est dit dans l'article 4. Le respect de cette règlementation et la décision de sanctionner le marchand qui y fait outrage sont soumis au contrôle d'hommes forts. . [...]
[...] L'article 5 quant à lui énonce que Si quelqu'un a amené avec lui à la potacio, soit un fils, soit un neveu, soit un serviteur, il paiera pour chacun douze deniers bien que le déroulement de la potacio se fasse aux frais de la gilde de Saint-Omer, des personnes ayant des liens familiaux ou de dépendances avec l'un des membres pouvaient y assister, mais en monnayant son entrée au banquet. Remarquons néanmoins que les maitres sont exemptés de ce paiement. Les articles 8 à 11 quant à eux sont des petits articles qui précisent les interdictions au chapitre. [...]
[...] S'ils ne le peuvent pas, chacun des doyens recevra un demi-setier pour son hôtel Ces privilèges peuvent éventuellement correspondre à une gratification octroyée par l'association marchande de Saint-Omer. Les doyens sont donc des hommes forts au sein de la gilde qui a un double rôle puisqu'ils gèrent l'organisation de la potacio et veillent au respect des règles par leur fonction de juge. Mais bien plus qu'une simple association de marchands, nous constatons que la gilde de Saint-Omer est une confrérie solidaire détentrice d'une véritable main mise sur le domaine économique de son bourg. [...]
[...] De plus, la nécessité d'assurer leur prospérité matérielle les incita à organiser leur profession et à la règlementer. C'est ainsi que, dans le dernier quart du XIe siècle, marchands et artisans de la laine décidèrent de mettre en place une gilde marchande. Ainsi ces corporations défendaient les intérêts de leurs membres et servaient aux autorités municipales pour contrôler la qualité des produits et fixer les taxes. La gilde marchande de Saint-Omer possède le pouvoir de contrôler la tarification des marchandises, même celles d'un marchand extérieur a la gilde, article 2 Celui qui n'est pas de la gilde et qui fixerait le prix d'une marchandise, de vêtements, de ceintures ou de tout article de ce genre, s'il survient un membre de la gilde, vendra, même contre son gré, au prix fixé par ce dernier Par cet acte on voit très nettement que la gilde de Saint-Omer possède un monopole économique sur le commerce de la ville. [...]
[...] Sa fonction est double, en effet on a montré qu'elle avait à la fois une fonction religieuse et une fonction commerciale qui lui a permis d'acquérir une maitrise de l'économie de la ville. Les gildes ont ainsi fortement participé à l'essor urbain des communes, grâce à la solidarité présente en leur sein et à leur désir de lutter contre le régime féodal de l'époque. Au fil que les villes commerçantes prenaient de l'importance, le pouvoir des seigneurs s'estompait au profit des bourgeois qui s'enrichissaient grâce à leur maitrise économique, fondée sur l'implantation de leurs activités autour d'un bourg. C'est à la fin du XIIIe siècle que l'importance des marchands atteint son paroxysme. [...]
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