Le XIe siècle montre un nouvel essor du culte des saints. On dénote un intérêt renouvelé et fantastique des contemporains de cette époque pour ce que sont à leurs yeux les saints. Le Liber Miraculorum, ou le livre des miracles de Sainte-Foy fut composé par Bernard d'Angers entre 1013 et 1020. Ce clerc éduqué dans les écoles du Nord y rapporte les prodiges que la Sainte aurait alors opérés à Conques, lieu où reposent ses reliques, en compagnie de son disciple Bernier. Cette œuvre est donc un recueil de miracles.
La Sainte relique connaît un caractère complexe aux alentours de l'an mil. Période de trouble spirituel (on pense alors que l'an mil représente la fin des temps), elle voit aussi l'augmentation de la diffusion des corps saints et de leurs reliquaires avec en parallèle des incompréhensions, des comparaisons à des idoles païennes de ces reliques par certains sceptiques. Bernard d'Angers fait partie des ces réticents. Dans l'extrait étudié, Bernard d'Angers avoue lors de sa visite dans la France méridionale, son incompréhension face au culte de Saint Géraud, ou plus précisément de sa relique. Selon lui, un saint ne se doit pas d'être contemplé par le biais de sa relique reproduisant en différents matériaux (selon la richesse de la région) l'être humain, mais par le biais de son souvenir écrit dans les livres saints. Lorsqu'il se rend à Conques où la relique de Sainte-Foy est vénérée, Bernard d'Angers, malgré sa méfiance comprend l'altérité des manières de Conques de la représentation.
En quoi la vénération de ces reliques est-elle alors légitime ?
[...] Des lignes 57 à 60 on peut lire : Il s'agit du pieux mémorial d'une vierge sainte devant lequel les fidèles trouvent plus dignement et plus abondamment la componction que leur fait implorer pour leurs pêchés sa puissante intercession Cela nous montre encore une foi que la vénération des reliques sert à la protection surnaturelle du pêcheur qu'est le fidèle chrétien. On peut souligner un autre aspect des besoins auxquels pouvaient répondre les reliques et que met sous silence Bernard d'Angers. Il faut savoir que les reliques avaient aussi des fonctions économiques. Celle de Sainte-Foy à Conques assurait la bonne marche et le salut de la région. [...]
[...] Il en est de même pour la relique de Sainte-Foy. Bernard d'Angers le rappelle à la ligne 64 : Il est hors de doute que l'on a là une des plus belles perles de la Jérusalem céleste elle est reconnue comme relique par les nombreux miracles qu'elle a opérés. On voit des lignes 64 à 66 : Et la bonté suprême opère même, en vertu de ses mérites, de tels miracles que nous n'avons pu en trouver l'équivalent à notre époque chez un autre saint par témoignage direct ou indirect. [...]
[...] Elle ne s'inquiète donc pas plus que ça de la vénération portée aux reliques. Au contraire, elle se fait indulgente envers ceux qui pêchent par ignorance, en rendant plus d'honneur aux reliques qu'il n'est autorisé. En effet, leur dévotion, bien qu'elle soit parfois excessive, les pousse encore plus à rester au sein de la communauté chrétienne. Une autre crainte émane de l'œuvre de Bernard d'Angers, on la lit aux lignes 16 à 17 : Que penses-tu frère de cette idole ? [...]
[...] Le besoin de croire aux communications sensibles de la divinité n'est pas un héritage des religions que le christianisme a pu remplacer. Mais un culte fondé sur la croyance que la vie des saints réside dans chacune des particules de leurs corps, et qu'ainsi leur force peut être proche du fidèle. La vénération des reliques semble au premier abord émaner des cultes païens des idoles et des statues du paganisme. Il n'en est rien, la relique répond à un besoin du fidèle d'entrer dans le merveilleux, de pénétrer le divin, par la proximité qu'offre l'objet matériel qu'est la relique. [...]
[...] Elle a ainsi sacrifié sa vie au nom de sa foi chrétienne, puisqu'elle n'abjura pas et fut tuée à l'âge de 13 ans à Agen en 303. Ainsi, fragments d'un monde supérieur perdus sur terre, les reliques offrent, comme nous l'avons dit, le moyen pour le fidèle de se mettre au contact de la divinité ; la relique, les restes corporels des saints, étant pour ses derniers une force toujours vivante et active. Les reliques véhiculent la foi chrétienne et permettent de toucher de nombreux fidèles. [...]
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