Très Riches Heures du duc de Berry, Le mois de Janvier, Frères de Limbourg, enluminure, jour de l'an 1415, Moyen-Age, étrennes
La scène de janvier représente une scène réelle, un moment particulier : le jour de l'an 1415. Le 1er janvier au Moyen-Age ne marque pas le premier jour de l'année. Mais, le 1er janvier est un moment où l'on s'échange les étrennes. Cette scène représente la remise de celle-ci au duc de Berry. Ces remises se font alors dans un contexte troubler : en 1407 débute la guerre civile entre Armagnac et Bourguignon, avec en 1407 l'exécution du duc d'Orléans sur l'ordre de Jean sans Peur (duc de Bourgogne). Depuis cet assassinat, celui qui s'oppose aux Bourguignons, c'est justement le duc de Berry, c'est-à-dire du parti des Armagnacs. Charles VI, connaissant des crises de folie, devient le jouet de ses différents partis. Le duc de Berry est assiégé à Bourges, puis une paix est conclue : c'est la paix d'Arras signé en septembre 1414. Elle dure un an.
[...] On voit aussi dans cette image que l'on peut juxtaposer, grâce à des détails, deux éléments contradictoire : crainte de la guerre message de paix. Cette image est prémonitoire : après cette cérémonie du jour de l'an 1415, les Anglais débarquent, puis c'est Azincourt où les Armagnacs sont massacrés et où Charles d'Orléans est fait prisonnier. L'inachèvement de se manuscrit est éclairante : c'est le reflet d'un échec politique du duc de Berry qui disparait en 1416, n'ayant jamais pu ramener la paix entre Armagnacs et Bourguignon. [...]
[...] Il s'agit du légat pontifical envoyé par le pape Jean XXIII pour ramener la paix entre Bourguignons et Armagnacs. Ce légat est aussi assis et en face du roi : il a la seconde place d'honneur. Dans le contexte de la guerre civile, cette image est bien celle d'une image du paix. D'ailleurs, théoriquement, c'est au roi d'avoir cette place de discussion avec le légat. Ici, le duc de Berry se présente, le roi étant pris par des crises de folie, comme son intermédiaire. Toutefois, la guerre est toujours présente et la paix fragile. [...]
[...] Le roi devient de plus en plus cloisonné. Le chambellan joue se filtre qui interdit à n'importe qui d'avoir accès direct au prince. Ce sont des jeunes gens aristocrates, venu dans la cour du duc pour parfaire leur éducation et qui sont dans sa clientèle. Un signe montre d'ailleurs leur appartenance aristocratique (pour ces trois derniers) : ils portent des éperons. C'est un signe de distinction social car l'éperon souligne l'appartenance à l'aristocratie : en argent pour les écuyers et en or pour les chevaliers. [...]
[...] Il s'y montre comme un membre de la famille royal, un mécène et comme maitre de son hôtel. C'est aussi une image d'une paix armée, reflétant le contexte. Ce programme iconographique reflète l'idéologie du prince de Berry. Le duc de Berry en son hôtel : il est richement habillé, et vêtu de bleu. C'est le bleu azur qui rappelle évidement le bleu azur des rois de France. Son habit est brodé de fil d'or qui dessine un motif iconographique proche de celui des rois de France. Autour du cou, il porte un collier. [...]
[...] De ce fait, l'image présente aussi des détails rappelant que le duc de Berry est aussi chef de guerre. Ainsi, à côté de l'écuyer tranchant, on peut distinguer un personnage de dos, appartenant à l'hôtel du duc (il possède les même chausses que l'échanson) mais dont on ne voit pas son rôle (mais son écharpe blanche en bande diagonal nous indique que c'est un Armagnac car c'est leur symbole et on les désigne d'ailleurs les bandés l'écuyer tranchant en porte aussi une, mais dénoué montrant que nous somme en temps de paix. [...]
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