"Pour le remède et le salut de mon âme…" C'est dans cette perspective nouvelle que la pratique testamentaire se multiplie. Les Hommes ressentent davantage la nécessité de se préparer le plus tôt possible à son passage dans l'au-delà au moyen d'un acte juridique qui permet d'avoir la conscience tranquille à tout point de vue, le testament.
Le document que nous avons à étudier est une source de la pratique, acte qui régit et informe sur les relations et conditions sociales d'une personne ; ici cette source est un testament c'est-à-dire que l'auteur fait connaître avant sa mort par écrit ses dernières volontés afin qu'après son décès les personnes désignées dans cet acte disposent des biens laissés en leur faveur. Ce testament daté du 20 Août 1409 a été enregistré au Parlement de Paris, organe central du pouvoir judiciaire royal. Rédigé par Jean Pièce et Jean de Saint-Germain, notaires royaux en son Châtelet de Paris, ce testament a été demandé par Jeanne de la Héronne. Présentée comme une « bourgeoise de Paris, infirme de corps mais saine de pensée et de raison », il semble qu'elle fut poissonnière d'eau douce, commerce florissant à Paris qui consistait à vendre et à commercer les poissons au Petit Pont de Paris, près du Petit Chatelet. Par ce testament, Jeanne de la Héronne, bourgeoise parisienne, organise sa mort. Elle cherche par ses bonnes et saintes dispositions testamentaires d'atteindre le Paradis en réduisant ces années de purgatoire.
Ainsi nous pouvons nous demander en quoi ce testament livre un témoignage sur les structures sociales de la bourgeoisie parisienne.
[...] Dans son testament, Jeanne de la Héronne organise chronologiquement le Salut de son âme en léguant ses biens. Elle énumère ce qu'elle veut laisser, mais en exigeant certaines conditions. Tout d'abord, elle veut principalement que ses biens reviennent à sa paroisse. Elle veut qu'à sa mort, l'église de sa paroisse prononce en son nom 50 messes et que ses exécuteurs donnent aux chapelains, en charge de la chapelle 2 sous.(l.25-26) Elle veut que la fabrique de l'église c'est-à- dire le conseil d'administration de la paroisse formé de laïcs et de clercs reçoive 10 francs(l.27).Elle laisse une rente de 60 sous qu'elle a concédés durant sa vie avec l'aide de Pierre de Creisy, son gendre, et Jeanne sa fille, femme de Pierre à condition qu'ils soient tenus de dire chaque année à perpétuité un obit, service religieux commémoratif pour un défunt décidé par ses exécuteurs, le curé ou les marguilliers de son église, membres de la fabrique.(l.28-34) Elle veut qu'un tableau de laiton soit placé contre un pilier ou un mur de l'église.(l.35) Elle laisse au curé de sa paroisse 24 sous.(l.37) Elle laisse aux deux premiers chapelains 4 sous.(l.38). [...]
[...] Elle laisse aux pauvres orphelins et enfants trouvés à Saint- Esprit en Grève 20 sous.(l.44) Pour les pauvres malades et accouchées de l'Hôtel Dieu, elle laisse 6 francs. (l.45) Les pauvres filles à marier reçoivent 20 francs et enfin les religieux célestins reçoivent 25 francs.(l.47) Tous ses autres biens donnés en aumônes pour Dieu. Jeanne de la Héronne lègue l'équivalent de 78 francs et 60 sous. Cette somme est considérable notamment du fait qu'elle est largement plus importante que celle laissée à sa paroisse. [...]
[...] Donc par ses dons, nous voyons que Jeanne de la Héronne avait de nombreux péchés. Enfin, Jeanne la Héronne laisse également au sein de sa famille certains dons. Elle laisse à ses deux filleules 2 francs (l.49-50). Elle laisse à la nourrice de son fils Macé Héron, secrétaire du Duc d'Anjou puis notaire et secrétaire du Roi de France, Charles VI. (l.54) Elle fait don aux enfants de Germaine, sa fille tous les droits qu'elle possède sur une de ses maisons de la rue des Boutiques, près du Petit Pont de Paris. [...]
[...] En effet, par ce testament, Jeanne de la Héronne montre que c'est grâce à Dieu qu'elle détient tous ses biens. En cela faire son testament est un moyen sûr pour elle de remercier le Seigneur de lui avoir accordé tout ce qu‘elle possède. Elle ordonne que son testament soit dédié à Dieu, à la Glorieuse Marie, à Monseigneur Saint- Michel l'archange et à toute la Cour bénie du Paradis (l.11-13) Ici, Jeanne veut que son âme atteigne le Paradis et pour cela elle fait appel à Dieu, à la Glorieuse Marie qui est la médiatrice privilégiée pour atteindre le Paradis et dont les pèlerinages furent nombreux (Puys, Rocamadour) au XVe siècle. [...]
[...] Puis, les serviteurs qui sont parfois considérés comme des membres de la famille : les liens sont déterminés par le fait d'habiter sous le même toit, et ce, malgré les différences de statuts sociaux. En cela nous pouvons en déduire que Jeanne la Héronne considère davantage sa paroisse, les institutions de charité et place en dernier sa famille auquel comparé aux autres ne laisse pas beaucoup de biens. Par ces legs, Jeanne la Héronne montre l'importance de sa fortune, pécuniaire, mais également en biens fonciers puisque les maisons qu'elle détenait étaient situées en dehors de sa paroisse. Cela montre bien que Jeanne de la Héronne faisait partit de la société bourgeoise parisienne. [...]
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