Le siège de Paris par les Normands, raconté par le moine Abbon de Saint-Germain-des-Prés

Résumé du document

Au IXe siècle, l'Europe subit des invasions (de la part des musulmans au Sud, des Hongrois à l'Est et des Vikings au Nord) qui déstabilisent l'Empire carolingien, déjà affaibli. L'auteur du texte est contemporain de cette période. Il s'agit d'Abbon, un moine de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, près de Paris. Il est né vers 850 en Neustrie et est venu dans la vallée de la Seine pour être élève du savant Aimoin (un membre de l'abbaye).

Abbon assista, adolescent, aux combats et aux négociations avec les Vikings et vécut le siège qu'ils firent subir à Paris du 25 novembre 885 à novembre 886 (dont l'abbaye fut une victime). Il composa, quelques années plus tard (entre les années 896 et 898) De la guerre de Paris (Bellorum parisiae urbis libri III) plus connu sous le titre Histoire du siège de Paris par les Normands. Il s'agit d'un immense poème d'environ mille quatre cents vers de six mesures, des hexamètres imités de l'Enéide (l'épopée de Virgile, poète et écrivain romain du Ie siècle avant J.-C.). L'ouvrage d'Abbon est composé de trois parties : les deux premières sont consacrées au siège de Paris lui-même, et le dernier contient des remarques sur les passages les plus obscurs.

Extraits

[...] Le paiement de tributs Les Normands établissent des bases permanentes et utilisent la violence pour intimider la population ainsi celle-ci accepte de payer des impôts exceptionnels levés par le roi qui réunit les sommes nécessaires pour payer des tributs. C'est ce qu'on appelle le danegeld, littéralement l'argent des Danois qui peut s'élever à plusieurs milliers de livres d'argent. Bien souvent les terres d'Eglise supportent presque seules le paiement des tributs. Ces dévastations ont des conséquences sociales très importantes qui bouleversent la hiérarchie et désorganisent donc les cadres de la production agricole qui est le fondement de l'économie. [...]

[...] Abbon a tout vu, il suit pas à pas l'histoire du siège, et nous informe : son ouvrage est une réelle source historique. On comprend ainsi que l'inefficacité de la structure impériale face aux invasions vikings est contrebalancée par l'efficacité de la défense locale d'Eudes de Paris. L'aristocratie acquiert ainsi une légitimité dans la lutte contre l'envahisseur. L'Empire carolingien est donc affaibli par les attaques venues de l'extérieur et miné de l'intérieur par des transformations. Le titre impérial disparaît en 924 : le temps n'est plus à l'empire, il est aux principautés et aux royaumes. [...]

[...] Et comme c'est l'hiver, il n'est pas possible de reprendre la mer donc l'empereur autorise les Vikings à hiverner dans la région jusqu'au mois de mars. Les Normands ne sont plus des ennemis, mais des hôtes qui se mêlent à la population franque. Mais les Normands recommencent leurs raids et pillent la Bourgogne. Charles a été destitué en 887 et meurt en janvier 888. Combattre Le comte Eudes mène une résistance face aux Vikings pendant un an avec l'évêque Gozlin jusqu'à l'arrivée de Charles III. [...]

[...] En 885, ils reviennent dans la vallée de la Seine avec la flotte de Siegfried qui est arrêtée par des ponts fortifiés. Lorsqu'ils se présentent devant Paris, le 24 novembre, le passage que Siegfried veut négocier leur est refusé. À deux reprises, les Vikings tentent de prendre la tour du Petit-Pont, en vain : ils décident alors d'assiéger la ville. Comment le siège de Paris se déroule-t-il? Comment réagit l'empereur Charles III face à cette situation ? Comment le pouvoir des grands est-il consolidé ? [...]

[...] Ce dernier conclut un traité avec les Vikings et la paix revint temporairement dans la région. Après sa mort qui date de janvier 888, Eudes (comte de Paris et marquis de Neustrie) est élu roi des Francs en février. Il se distingue comme valeureux défenseur et entreprend une action militaire victorieuse contre les Normands. Abbon célèbre ici les vertus d'Eudes, qui est d'ailleurs abbé laïc de Saint-Germain-des-Prés, et nous renseigne sur ce qu'était l'état d'esprit de l'aristocratie neustrienne à la fin du IXe siècle, qui voit la fin inévitable de l'Empire carolingien. [...]