Réforme, concile, Canon, aix, monastique
Toute étude des ordres religieux médiévaux doit commencer avec l'ordre de Saint Benoît. Non seulement, il s'agit du premier dans le temps des grands ordres occidentaux, mais en outre il occupa la place pratiquement seul durant plusieurs siècles. Malgré son caractère dépassé et même moribond, l'idéal bénédictin continua à faire autorité, comme modèle d'une vie religieuse type, parce que plus ancien, plus digne et plus stable que tout autre.C'est aux alentours du VIII° et du IX° siècle que les princes découvrirent les vertus de la discipline et trouvèrent que même les combats terrestres se gagnaient avec des troupes organisées et disciplinées plus que par le déploiement de la bravoure individuelle. La famille carolingienne, la nouvelle grande famille dirigeante de l'Europe, eut le génie de mettre de l'ordre dans tous les secteurs de la vie sociale et religieuse -et la vie régulière des communautés religieuses ne vînt pas en dernier. C'est dans cette tâche que la Règle bénédictine révéla sa force, et les Carolingiens furent parmi les premiers et les plus puissants de ses appuis laïcs. Ils encouragèrent et imposèrent son observance dans les territoires placés sous leur contrôle. Cette démarche est ainsi manifestée par l'extrait qui nous est donné d'étudier. Il s'agit de la présentation de quelques articles issus du capitulaire rédigé lors du concile d'Aix-la-Chapelle en 817.
[...] Le cycle liturgique connaît les mêmes attentions autoritaires. Des nouveautés sont introduites. « La pénitence de Carême » est synonyme de plus d'effort, d'attention et de privation : « Que durant le Carême, sauf le Samedi saint, ils ne se rasent pas »l.15. La messe devient journalière, prolongée par un office des défunts plus important que de coutume. Les moines récitent, chaque jour, trois groupes des psaumes ou la trinia oratio : 5 pour les fidèles vivants pour les morts de longue date et 5 pour les frères décédés récemment. [...]
[...] Le monachisme donne alors naissance à de véritables villes, à la tête de fortune considérable. Les bâtiments conventuels sont adaptés à la vie communautaire à l'autoproduction et à l'autosuffisance. À la dispersion des bâtiments des anciens groupes épiscopaux et abbatiaux succèdent des ensembles plus cohérents : « Qu'il y ait une maison à part pour ceux qui veulent fuir ou se battre au poing ou au bâton ou ceux qui subissent la discipline de la Règle ; qu'on puisse y faire du feu en hiver et qu'il y ait à côté une cour où ils puissent faire les travaux qu'on leur commande »l.51-53. [...]
[...] Ainsi deux mots résument les réformes d'Aix des années 816-817 : unifier et renforcer. Ces idées directrices apparaissent dans le capitulaire des chanoines, dans le capitulaire des moniales, dans la règle de Saint Benoît, adaptation dans la règle bénédictine, et dans le capitulaire des moines. Mais ces idées ne suscitent pas l'admiration de tous. Des résistances. Beaucoup refusèrent en effet cette règle. Le premier concile d'Aix offrait aux moines le choix de la règle des chanoines qui correspondait le mieux à leur mode de vie. [...]
[...] Ainsi à la fin du règne du grand empereur, le monachisme traditionnel est en grand danger. Dans de nombreux cas, la vie monastique s'éloigne de l'idéal primitif et on peut voir la règle bénédictine reculer au profit de la règle de Saint Augustin, plus souple et moins rigoureuse. Louis le Pieux, élevé par des clercs est plus apte à comprendre la vie régulière. Il accorde aux fonctions du souverain le fait de promulguer une religion sous toutes ses formes, contribuant ainsi à l'édification du monde chrétien. [...]
[...] Des répercussions politiques contestées. Un meilleur contrôle des religieux. La surveillance se fait en effet plus étroite. Deux moines circulateurs surveillent les moines toute l'année et non plus épisodiquement. Les moines se doivent d'accepter les remontrances, de dire leur mea culpa, de se prosterner devant l'abbé et de demander pardon. La communauté prend tout son sens lors des punitions collectives qui peuvent être prononcées alors qu'un seul moine est sans doute l'auteur du délit. On prévoit dans les monastères une prison, des peines corporelles, des coups de fouet. [...]
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