coutume, liberté, paysans, abbaye de Saint-Denis, Seigneurie et féodalité, Boutruche, serf, affranchissement, charte de franchise, commentaire
L'auteur est l'abbé de Saint-Denis Guillaume III Macorris.
A succédé en 1245 à Eudes Clément après la démission de ce dernier.
Il est abbé de Saint-Denis de 1245 à 1254.
Pour l'octroi de charte de franchise, il agit au nom de l'abbaye de Saint-Denis. L'abbé est un seigneur ecclésiastique représentant l'abbaye en tant que personne morale.
Celle-ci a été élevée autour du tombeau de saint Denis, premier évêque de Paris au IIIe siècle. Au IXe siècle elle acquiert un nouveau prestige grâce à l'abbé Hilduin (abbé en 814).
[...] En spéculant sur le désir des ruraux de se voir proclamer leur liberté et en abolissant les charges considérées comme symboliques de la servitude, beaucoup de seigneur sont parvenus, par les créances exigées en contrepartie, a resserrer durablement leur étreinte économique sur les villages. Ce sont principalement les paysans aisés qui sont devenus libres, laissant derrière une masse de plus en plus dépendante de serfs pauvres. Pour eux le servage resta une fin en soi, un moyen de conserver un toit et quelques champs. Avec la multiplication des actes de franchise, la servitude pourrait paraître s'estomper au XIIIe siècle. Ce texte témoigne en fait d'une frontière très fine, plus conceptuelle qu'autre chose entre servitude et liberté. [...]
[...] La précision de livres parisis nous fait ressentir la proximité de la ville de Paris où cette monnaie était frappée (monnaie du roi). La somme décidée est assez importante, et le rachat des coutumes apparaît ici clairement comme un moyen pour le seigneur de percevoir rapidement des sommes importantes, sans pour autant amoindrir de manière notable leurs profits futurs. Les libertés n'abolissaient pas leur pouvoir de lever des exactions. Sur tout le territoire de la franchise, soigneusement délimité par la charte, lignes 9 et 10, continuaient de peser l'autorité et les réquisitions seigneuriales comme nous avons pu le voir précédemment. [...]
[...] L'acte accorde la liberté, sous pour autant soustraire les homes à leur servitude ; la dépendance au seigneur reste bien réelle (charges foncières, justice, protection), et au XIIIe siècle, les contraintes liées à cette dépendance ont du reste tendance à s'amplifier. Aux XIVe et XVe siècles succède un nouveau servage dans certaines régions lié à la fixation sur des tenures greffées de lourdes contraintes. [...]
[...] Le tonlieu est une taxe sur les marchandises entrant dans la ville de Saint-Denis (péage). Il est ici réduit par les moines aux œufs et au fromage. Par ailleurs, l'abbé limite les prélèvements sur le commerce du vin : Nous voulons en outre, de leur consentement, que dans lesdits villages de la Garenne nous soient payés les forages sur le vin par les marchands taverniers, de telle façon cependant qu'ils ne soient pas tenus de payer plus de 6 deniers par tonneau (l. [...]
[...] Commentaire de texte Rachat des coutumes et de leur liberté par des paysans d'Ile-de-France, dépendants de l'abbaye de Saint-Denis (1248) Le texte : À tous ceux qui ces présentes lettres verront, Guillaume, abbé de Saint-Denis en France, et le couvent du lieu, salut dans le Seigneur. Nous faisons savoir ce qui suit. Ayant égard au danger que courraient les âmes de certains de nos hommes de corps, tant par suite des mariages par eux contractés, que des excommunications qui liaient et qui pourraient lier à l'avenir beaucoup d'entre eux (car ce n'est pas seulement la redevance annuelle due à raison de leur servitude envers nous, ce sont aussi les personnes mêmes que, furtivement, on les voyait soustraire à notre église, et qu'on pourrait les voir faire de même à l'avenir) ; ayant en outre pris le conseil de bonnes gens, nous avons affranchi et affranchissons, par pitié, nos hommes de corps des villages de la Garenne, soit de Villeneuve, de Gennevilliers, d'Asnières, de Colombe, de Courbevoie, et de Puteaux, manants dans ces villages au temps de la concession de cette liberté, avec leurs femmes et leurs héritiers issus ou à issir à l'avenir de leur propre corps. [...]
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