"Recueil des historiens de la France", Tome V, Le privilège d'immunité concédé au monastère de Saint-Maur (époque carolingienne) : commentaire

Résumé du document

Le diplôme impérial est extrait du tome V du Recueil des historiens de la France, présentant de nombreuses sources sous le règne de Louis le Pieux pour ce tome. Ce dernier est l'auteur de ce texte à caractère public qui est adressé à l'ensemble de ses fidèles. Louis le Pieux est l'un des fils de Charlemagne, né en 778 et roi d'Aquitaine dès 781. C'est le seul survivant en 814, à la mort de l'empereur. Louis n'avait pas de très bon rapports avec son père, et celui-ci aurait préféré voir son fils Charles à la tête du royaume franc. Cependant il est obligé en 813 de faire de Louis son successeur car Charles meurt en 810, et son autre frère Pépin d'Italie meurt lui en 811. Il devient donc l'empereur d'Occident et roi des francs en 814. À l'époque du texte, daté de l'été 816, il n'est pas encore sacré par le Pape Etienne IV, mais cela ne l'empêche pas d'être très pieux, d'où son surnom.

Le texte est donc écrit au tout début de son règne, alors que son père vient de mourir quelques années auparavant. Une partie de la noblesse lui est hostile, car peu voulaient de lui sur le trône. Il y a une crise politique qui commence dès 814. Cependant, cela ne l'empêche pas de poursuivre la politique de son père, surtout dans le domaine religieux. Il essaie ainsi de renforcer le pouvoir de l'empire, grâce à l'Eglise, mais cela ne suffira pas à le préserver de son déclin (...)

Extraits

[...] Au milieu du VIIème siècle, les rois francs donnent un privilège d'immunité (emunitas) qui se base sur le modèle romain. Puis cette immunité devient une protection impériale, comme le précise le texte ligne 12, sous Louis le Pieux. Cette protection propose beaucoup d'avantages, qui sont juridiques et fonciers. B./ Des avantages juridiques Les immunisés ainsi que leurs biens sont placés sous notre défense (ligne 18). Ils sont donc protégés par l'empereur (désigné par le notre dans la phrase) et le pouvoir impérial. [...]

[...] C'est d'ailleurs la seule clause que Louis met pour l'élection de l'abbé par ses propres moines ce qui montre bien la volonté qu'il a que cette règle soit respectée : . des hommes capables de diriger la congrégation selon la règle de Saint Benoît, (ligne 31). C./ Une mission suivit par les grands nobles Du côté des laïcs, Louis n'est pas non plus le seul à suivre la mission religieuse. Dans le texte est cité Begon. C'est un noble, comte de Paris et gendre de Louis le Pieux. [...]

[...] En effet, certains grands nobles mettent la main sur la nomination des évêques qui sont dépendants car ils doivent jurés fidélité pour obtenir leur charge. De plus le Pape n'a qu'un pouvoir spirituel. On a donc par la suite, un pouvoir bicéphale dont les deux lobes s'influencent mutuellement et se complètent. Cela permet l'affirmation des pouvoirs locaux au détriment du pouvoir impérial. Bibliographie : Ouvrages généraux : La France au Moyen Âge, Claude Gauvard, puf. Recueil des historiens de la France, T. VI. [...]

[...] Louis, par son éducation et par l'aide des grands clercs, permet donc aux églises et monastères de se restructurer selon une règle bien précise, ou dans le cas de Saint Maur, de se voir restaurer et restituer une partie de leurs biens perdus. Sa dévotion se remarque d'ailleurs tout au long du texte. Carlier Arthur 4/6 III./ Les pouvoirs de l'Empire et de l'Église dans le texte. A./ La dévotion de Louis le Pieux. Louis le Pieux a dans l'idée qu'il est l'un des représentants de Dieu sur terre et que son pouvoir émane directement de lui. [...]

[...] Cela peut aussi nous permettre de dire que Louis n'a certainement pas été seul lors de la décision bien qu'aucune autre personne ne soit mentionnée dans le texte, car la notion reste encore ambiguë au début du règne de Louis le Pieux. Bien qu'il y ait un vocabulaire basé sur deux registres, les paroles pieuses représentent une grande majorité des formules protocolaires. Cette abondance de formules pieuses dans un texte officiel marque le rapprochement des deux pouvoirs. Conclusion : Ce texte montre donc bien que dès le début du IXème siècle, l'Eglise s'affirme de plus en plus. [...]