Le praktikon - Michel Tzagkitzakès : Rente fiscale et propriété foncière, le système des praktika

Thèmes abordés

Praktikon, Michel Tzagkitzakès, rente fiscale byzantine, propriété foncière médiévale, Empire byzantin, monastère de la Vierge Eléousa, rescrit impérial, Manuel Comnène, parèques

Résumé du document

Le praktikon du recenseur Michel Tzagkitzakès, daté de 1152, permet de saisir les différences de conditions des paysans dans l'espace byzantin au milieu du XIIème siècle. Un praktikon est un document fiscal qui décrit les biens d'un contribuable en vue d'établir son impôt. Il s'agit d'un document prescriptif particulier puisqu'il a une valeur normative et qu'il ne concerne que le monastère de la Vierge Eléousa.

Ce praktikon est spécial dans la mesure où un "rescrit impérial" (ligne 1), c'est-à-dire un acte administratif donné par écrit par une autorité dans son domaine de compétence propre qui fournit une réponse à une question écrite, prescrit une exemption d'impôts à douze paysans du thème de Stroumitza. Ce thème, (province militaire de l'Empire byzantin, commandée par un stratège) se situe au nord de l'Empire byzantin. L'auteur de ce praktikon, Michel Tzagkitzakès, est un recenseur, c'est-à-dire un fonctionnaire fiscal qui présuppose notamment la mesure des terres.

Extraits

[...] Enfin, le dernier paragraphe du texte porte sur les signatures du document, à commencer par les signatures des archontes (lignes 50-51). Un archonte désigne le détenteur d'une autorité, à savoir l'archè, déléguée par l'empereur. Au milieu, et plus encore à la fin du XIIème siècle, ce terme prend un sens général pour désigner un membre de l'élite sociale[5]. De ce fait, ceux-ci sont dignes de considération (l. 51) comme le précise Michel Tzagkitzakès et ont été invités dans ce but (l. 51). [...]

[...] Commentaire d'Histoire Médiévale Rente fiscale et propriété foncière : le système des praktika. Le praktikon de Michel Tzagkitzakès. Un praktikon qui rend compte des différents rapports sociaux dans l'empire byzantin au XIIème siècle à travers les structures de l'Eglise, du paysannat, et de l'administration et la civilisation. II) Les raisons qui permettent, par le biais de cet acte, au monastère de s'enrichir et d'élever la condition des douze paysans III) Un ordre ecclésiastique byzantin qui va à rebours de la politique de protection de la paysannerie impulsée par le pouvoir impérial. [...]

[...] Puis, des lignes 6 à 19, est présent l'expositio, à travers le rescrit impérial qui indique l'exposé des motifs, ce qui a conduit à l'élaboration du praktikon. Enfin, les lignes 20 à 54 composent le dispositio, soit les dispositions prises par Michel Tzagkitzakès qui constituent l'essence même du document. Ce praktikon fait suite à la demande du monastère de la Vierge Eléousa d'obtenir la propriété de douze paysans élevés économiquement, et que ceux- ci ne paient pas d'impôts. De ce fait, Michel Tzagkitzakès opère l'inventaire de ces douze paysans et de leur statut ainsi que la délimitation des terres qui reviennent au monastère. [...]

[...] Le praktikon est ensuite déposé au vestiarion du césar pour information, mois et indiction et années susdites (lignes 53-54). Le vestiarion désigne le vestiaire et trésor du césar dans lequel y sont stockés les actes administratifs, fiscaux et l'argent de ce dernier. Les actes sont datés. Ici il date du lundi 7 juillet 6660, indiction 15 ce qui correspond pour nous à l'année 1152. A noter qu'une indiction est un cycle de quinze années, donc l'année 1152 est la dernière année de l'indiction en cours. [...]

[...] D'autre part, le praktikon étant un document fiscal officiel et normatif, un ensemble de termes faisant référence aux fondements de l'administration et la civilisation byzantines parcourt le texte. En matière fiscale, la corvée (ligne 13) et la taille (ligne 13) sont deux types de prélèvements, qu'on retrouve également en Occident à la même période. Le premier désigne le travail gratuit exigé des paysans par le seigneur, à merci sur les serfs. Le second est une taxe prélevée par le seigneur en retour de son droit de ban sur les hommes et de sa protection, devant servir à l'entretien des fortifications. [...]