Pétition contre un maître d'école à Decize, éducation et scolarisation, genre épistolaire, pétition, enseignement, mauvais traitements, enfants, classe sociale
Au Moyen-Age, les relations épistolaires sont très présentes : on communique énormément par écrit, que ce soit pour exprimer un avis, une demande, un amour ou un mécontentement. Le texte "Pétition contre un maître d'école à Decize" (1336) entre dans ce cadre de la communication épistolaire : à travers cette lettre, écrite par un groupe de parents d'élèves sous la forme d'une pétition, en avril 1336, il est possible de mieux entrevoir le fonctionnement de l'école au XIVe siècle et les milieux sociaux des élèves de l'époque et de leur famille.
[...] La pétition est également signée par les familles de notables et de clercs. C'est donc les classes sociales hautes de la société qui mettent en place cette pétition, ce qui démontre leur implication dans le système éducatif du village, et leur inquiétude vis-à-vis des savoirs transmis à leurs enfants. "Plusieurs pères de famille et hommes de loi se sont élevés contre la conduite du maître4", ce qui prouve que l'éducation est perçue comme un enjeu important par ces classes sociales. [...]
[...] En parallèle, alors que l'école est une institution publique, la pétition révèle un lien étroit entre l'Etat, la paroisse et les familles, ce qui signifie que l'école de Decize n'est pas totalement indépendante, ce qui nécessite une réelle prise en compte de la participation des familles, et de leurs avis. En effet, ce lien donne du pouvoir aux familles, d'où l'importance de répondre à leurs attentes en termes d'instruction. Dans la pétition, les parents expriment d'une part leur mécontentement mais ils vont plus loin dans leur implication sur le fonctionnement de l'école, en demandant la destitution de l'enseignant, comme le démontre le passage « les parents et notables de la ville se plaignent de la mauvaise conduite du maître et demandent qu'il soit relevé de ses fonctions3 », et en se permettant de choisir eux-mêmes le futur remplaçant. [...]
[...] A travers la pétition, il est possible de comprendre que le fonctionnement de l'école de Décize est jugé insatisfaisant, notamment en raison de l'incompétence du remplaçant nommé dans l'école. Les familles l'expriment clairement dans leur pétition, notamment à travers la phrase « de ne pas instruire les enfants avec le soin et la rigueur attendus2 », qui laisse entendre que l'école, et donc son représentant qui est le maître remplaçant, ne répond pas à ce que l'on attend d'elle, qu'elle ne transmet pas les savoirs exigés, qu'elle manque a son devoir. [...]
[...] Les extraits cités démontrent par ailleurs autre chose : ce n'est pas que la manière d'enseigner du maître qui est dénoncée, mais aussi son comportement général vis-à-vis des enfants, ce qui touche par la même occasion les familles. La pétition dénonce des mauvais traitements envers les enfants et non pas seulement des programmes scolaires non terminés, ce qui justifie la peur des familles pour leurs enfants, et pas seulement pour leur instruction. Ainsi, même si le maître est à la base une figure centrale et respectée de la communauté, sa remise en question témoigne du contrôle exercé par les familles sur l'école, et l'impact que cela peut avoir sur l'image de cette dernière. [...]
[...] Le rôle essentiel du maître est mis en avant, et le moindre écart dans le comportement et les compétences pédagogiques est surveillé et dénoncé par les parents, ce qui démontre l'influence des familles dans l'école. Les inégalités sociales sont aussi mises en avant, ainsi que le penchant des familles pour remettre en question l'École dans toute sa généralité, ce qui est toujours le cas aujourd'hui. Ainsi, l'école n'est pas réellement autonome, la place des familles et les enjeux pour ces dernières et les collectivités impactant beaucoup sur l'institution de l'école. [...]
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