"Les origines médiévales de l’Etat moderne", Joseph Strayer (1979) - les spécificités des origines féodales de "l’Etat de droit" occidental

Résumé du document

A partir de l'ouvrage de Joseph Strayer intitulé "Les origines médiévales de l'Etat moderne" nous allons concentrer notre étude sur "le roi de justice" et les spécificités des origines féodales de "l'Etat de droit" occidental. Joseph Strayer est un historien médiéviste américain qui a travaillé sur le fonctionnement des grandes monarchies féodales en Europe occidentale. Ses travaux sont importants et intéressants dans la mesure où ils marquent l'essor d'une toute nouvelle étape dans la réflexion autour de la notion d'Etat.

Dans cet ouvrage qui s'inspire des différentes conférences qu'il a pu donner à l'Université de Princeton il tente de construire l'objet Etat pour en donner une définition. Il tente de montrer comment il est possible de lier la genèse de l'Etat à certaines transformations subies par la société. Pour donner du poids à son raisonnement et à sa démonstration, il compare le modèle anglais au modèle français en constatant que le premier s'est développé de façon plus rapide que le premier ce qui l'amène à s'interroger sur l'existence d'une « bureaucratie » et la mise en place des premières véritables institutions permanentes.

Extraits

[...] En effet, c'est au Roi qu'il revient, au nom du commun profit, de contrôler cette justice déléguée, par ses agents et c'est au Roi le cas échéant qu'il revient d'intervenir au nom de cette justice retenue. Evidemment, cette intervention de la royauté n'a pu se faire que parce qu'elle a mis en place des structures confiées à des agents (baillis, sénéchaux) représentant le Roi, notamment dans sa fonction de justice. Ces agents demandent au Roi de faire bonne et prompte justice Il y a donc une possibilité de cassation qui marque en quelque sorte les prémices de notre système contemporain. [...]

[...] "Les origines médiévales de l'Etat moderne", Joseph Strayer (1979) - les spécificités des origines féodales de "l'Etat de droit" occidental L'exposé qui va nous occuper fait partie de la deuxième séance consacrée à la genèse de l'Etat occidental moderne. A partir de l'ouvrage de Joseph Strayer intitulé Les origines médiévales de l'Etat moderne nous allons concentrer notre étude sur le roi de justice et les spécificités des origines féodales de l'Etat de droit occidental. Joseph Strayer est un historien médiéviste américain qui a travaillé sur le fonctionnement des grandes monarchies féodales en Europe occidentale. [...]

[...] Dans ce but plusieurs innovations ont été mises en place : Réserver pour le tribunal royal, ducal ou comtal les crimes majeurs comme le crime par exemple. Cela conduit à opérer une distinction entre les cas du Roi et les cas d'épée. Dans le premier cas, le roi peut décider d'intervenir sur des terres où il n'a normalement pas de pouvoir de justice. Pour tout ce qui concerne les affaires civiles, il est décidé de mettre en place des procédures spéciales. Celles-ci tendent à permettre au plaideur de court-circuiter le tribunal local pour se présenter directement devant une juridiction supérieure. [...]

[...] Il y a donc une évolution, là où on trouvait auparavant des îlots épars. Cela est particulièrement le cas en Angleterre où la monarchie instaure le féodalisme. Les grands féodaux cherchent à défendre leurs positions mais dans le même temps, ils collaborent avec le roi. Cela explique la précocité et l'importance du magnum consilium qui est une assemblée de barons et prélats. Les barons vont imposer en 1215 la magna carta à la suite de la défaite de Jean Sans Terre face à Philippe Auguste lors de la bataille de Bouvines. [...]

[...] En d'autres termes, il s'agit de l'équilibre entre les droits et les devoirs des uns et des autres auxquels tout le monde est soumis dans le cadre des relations vassaliques. Lorsque Jean sans Terre au mépris absolu des règles fondamentales du droit féodal anglo-normand, lève des impôts exceptionnels, s'empare arbitrairement des biens de ses vassaux, lorsqu'il convoque devant sa juridiction des affaires qui relevaient de la compétence des cours seigneuriales il y a eu une révolte colossale. Il y a eu des révoltes urbaines. [...]