Pour comprendre les mécanismes de la seigneurie foncière ainsi que son degré d'influence sur les campagnes médiévales, toute source manuscrite détaillant avec minutie les donations de terres ou les redevances est d'un grand intérêt pour les historiens. Ainsi, le document auquel nous avons affaire fait partie de ces censiers ecclésiastiques qui énumèrent inlassablement des biens et des taxes. Il s'agit d'un livre foncier dressant la liste des tenanciers et de leurs tenures, avec les redevances qui y sont attachées. En effet, lors de la concession d'une tenure par un seigneur foncier, une sorte de « loyer » est fixé, moyennant redevances et services. La taxe est payable en nature (vin, volailles, grains, corvée…) ou en numéraire. Dans la droite lignée des polyptyques carolingiens, la confection de ces censiers demeure néanmoins limitée à certaines régions, comme celle du document présenté.
[...] Comment expliquer ce faible poids ? En fait, les relatifs progrès agricoles ont engendré un renfort en équipement davantage nécessaire. On s'intéresse dès lors davantage aux attelages qu'aux corvées de bras, ce qui explique qu'on préfère prélever des deniers. Redevances numéraires et à part de fruit Les charges de la censive imposées aux tenanciers sont minutieusement récapitulées dans ce censier. Dans celui-ci, les parcelles habitées sont désignées par le nom de ceux qui les tiennent et qui doivent une redevance. [...]
[...] De même, il faudrait étudier les évolutions de la structure seigneuriale foncière durant le XIIIe siècle. Bibliographie Le document et les illustrations sont issus de l'ouvrage : L'histoire économique et sociale du Moyen âge occidental : questions, sources, documents commentés de Fossier, Robert. Instruments de travail Jean FAVIER, Dictionnaire de la France médiévale, Paris, Fayard Olivier TOUATI, Vocabulaire historique du Moyen-âge, Paris, La boutique de l'histoire Ouvrages généraux Philippe CONTAMINE (dir.), L'économie médiévale, Paris, Armand Colin Michel KAPLAN (dir.), Le Moyen-âge XIe-XVe siècle, Paris, Bréal Dominique BARTHELEMY, L'ordre seigneurial. [...]
[...] Un espace restreint et morcelé Toutefois, est-ce à dire que la seigneurie de Jourcey est un espace unitaire, homogène et gigantesque ? Il s'avère que la réponse soit plutôt négative. Le premier point qu'il convient de signaler, c'est la relative limitation géographique de la sphère d'influence du prieuré, si l'on s'en tient à la carte : Celle-ci nous montre quand même que l'on est loin de la réserve gigantesque, qui vers l'an mil, avait dispersé sur des provinces entières les possessions des grandes abbayes. [...]
[...] Nous sommes au cœur d'un nouveau monachisme dynamique, comme l'attestent les ordres de Cîteaux, Prémontré ou Fontevraud. Ces derniers réalisent la captation des nouvelles donations après l'essoufflement dans la deuxième moitié du XIe siècle de l'ordre de Cluny. Nous parvenons donc à un stade d'équilibre entre la seigneurie laïque et la seigneurie ecclésiastique, cette dernière étant tout à fait pérenne au XIIe siècle. Le fragment de censier qui nous est proposé ne dispose pas de structure interne. Il s'agit davantage d'un inventaire d'éléments hétéroclites. [...]
[...] L'aumône doit être vue comme une pratique efficace de piété. A cette époque, les attitudes religieuses déterminent un transfert de richesse d'une extraordinaire ampleur, qui fait naître et prospérer comme dit, d'innombrables seigneuries d'église. Il s'agit d'un mouvement important de l'histoire économique qu'il ne faudrait pas négliger. Toutefois, une objection peut être formulée, à savoir le recul, dès la deuxième moitié du XIe siècle, de ces donations. Et ce sont les anciens ordres comme Cluny, qui ne reçoivent plus guère de terres, qui sont concernés. [...]
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