Comment Mohammad, jeune prophète de l'islam en 623, arrive-t-il à mettre en place les rouages propres à un État par le biais de la Constitution de Médine ?

Thèmes abordés

Sciences humaines et arts, Prophète Mohammad, début de l'islam, Constitution de Médine, Yathrib, Sira, umma, tributs juives, Muhajirun, Ansars, Quaraychites, chef militaire, document diplomatique, La Mecque, société pré-islamique

Résumé du document

Le futur prophète hérita de son éducation et travailla pour une dénommée Khadidja, en tant que caravanier, marchand. Il finit par se marier avec elle et elle fut son plus grand soutien lorsqu'il reçut la révélation qui bouleversa sa vie ainsi que les sociétés médinoises et mecquoises. Cet événement le força tout d'abord à fuir vers Yathrib, la future Médine, où il arriva ensuite à s'installer et fonder une mosquée. Un an plus tard, il décida alors de mettre en place ce qui est à notre époque en Occident connu sous le titre de "Constitution de Médine", un texte appelé à raison par Alfred Louis de Prémare "Charte de Yathrib" car c'était davantage un pacte et que le nom de Médine n'existait pas encore, étant donné qu'il est octroyé à la ville en hommage à Mohamed conséquemment à son décès.

Ce document diplomatique normatif, dont il a été fait des copies dont une nous parvient directement de la "Sira", ouvrage qui est une biographie du prophète et qui a donc un aspect hagiographique, a été dicté par Mohammad à l'un de ses "apôtres" si on peut dire, même si le terme de compagnon lui sied davantage. Ibn Ishaq est celui qui a initialement réalisé ce livre à la demande du calife Al-Mansur, mais le document que nous étudions ici provient de celle revu par Ibn Hisham.

Extraits

[...] Preuve en est avec la clause 24 qui dit Les Juifs supporteront les frais en même temps que les croyants aussi longtemps que durera la guerre ce qui montre qu'ils devront participer de la même manière à l'effort militaire que les adeptes de l'Islam. C'est donc un devoir pour les Juifs qui doivent à la fois servir à la guerre mais aussi aux relations car le prophète cherche à renforcer liens entre Juifs et l'umma des Ansars et des Muhajiruns. [...]

[...] C'est pour cela qu'il précise les partis de sa communauté et qu'il la dissocie des autres. Cette volonté d'unification a également un but de plus grande praticité car une fois que Mohammad réussit à constituer un seul groupe de ces tribus, il est alors plus aisé de lui faire appliquer à parts égales sans distinction aucune les règles présentes dans cette constitution comme le stipule l'article 42 qui montre par exemple qu'ils sont tous sous l'autorité de Mohammed : Quand, parmi le peuple de ce document, il arrive quelque incident ou querelle dont on craint qu'il n'amène un désastre pour ce peuple qu'on s'en remette à Dieu et à Mohamed. [...]

[...] Les Juifs et leur place dans la ville Dans ce sens, la place des Juifs est particulièrement intéressante car ils jouissent d'une véritable reconnaissance dans ce document. Ils sont considérés comme une communauté à part entière pas plus tard qu'à l'article 25 lorsqu'il est dit : Les Juifs de Banu 'Awf forment une communauté semblable à celle des croyants. Par cette phrase, on voit ici l'égalité entre l'umma des croyants et l'umma des Juifs en prenant notamment le soin de la préciser pour tous les clans. [...]

[...] On peut ici remarquer que le prophète de l'islam ne veut pas se heurter aux puissantes tribus juives de l'oasis et qu'il n'y a aucune innovation particulière pour les Juifs, si ce n'est qu'ils sont reconnus par le document. Toutefois, la question de réussir à maintenir un certain ordre dans l'oasis en restructurant la société de Yathrib n'est pas la préoccupation principale car bien que le nom Mecque n'est pas cité dans le texte, il est présent dans toute les têtes et la question d'une guerre imminente contre la Mecque doit être traitée au plus vite. [...]

[...] Il existait de plus de réelles tensions entre les deux tribus arabes les plus importantes de l'oasis tandis qu'il y avait en outre des tribus juives assez puissantes dans la région. La société médinoise était donc constituée de ces factions auquel venait s'ajouter des païens, quelques rares chrétiens ainsi que des bédouins semi sédentarisés. A la fin de l'été 623, durant les derniers mois de la première année hégirienne, Mohammad, le prophète de l'islam, se présenta à Yathrib, accompagné de ses fidèles de la Mecque que l'on connait sous le nom de Muhajirun et qu'on a nommé ainsi afin de les différencier des Ansars eux aussi allié du prophète mais qui était de leur côté originaire de Médine. [...]