Lettre de rémission, Jean de La Roche, Charles VII, compagnies d'écorcheurs, violence, souveraineté, politiques, guerre, force militaire
Charles VII, comme nombre de ses prédécesseurs, peine à imposer son autorité royale dans un contexte politique mouvementé, et il faudra attendre l'aide de Jeanne d'Arc pour qu'il puisse être sacré à Reims en juillet 1429. Il travaille ensuite à la reconquête et à la pacification du territoire français contre l'alliance des Anglais et des Bourguignons.
Le texte à l'étude, tiré de Noblesse et pouvoir royal en France, XIIIe-XVIe siècle par Marie-Thérèse Caron, est un extrait de la lettre de rémission accordée à Jean de La Roche, capitaine d'Écorcheurs, par Charles VII. Elle est rédigée le 9 avril 1431 à Poitiers. Respectant la structure très codifiée des lettres de rémission, on trouve ici le rappel du contexte qui mène à la décision du roi, les crimes commis par Jean de La Roche, mais surtout la liste des engagements qu'il prend, témoignages de sa fidélité au monarque.
[...] Pour ce qui est des crimes dirigés plus directement contre le roi la lettre évoque des activités de faux-monnayeur («il a fait battre sans nos autorisations et licence monnaie» ligne 86-87). Malgré tous ces crimes, le roi n'hésite pas à rédiger cette lettre de rémission, passant ainsi au-dessus de la justice. Cette forme de lettre patente, c'est-à-dire ouverte à tous comme en témoigne l'adresse au début («Savoir faisons à tous présents et à venir» ligne servait au départ à pardonner, sans amnistier, des personnes coupables d'homicide afin de leur éviter la peine de mort, seule peine applicable peu importe les circonstances. [...]
[...] Lettre de rémission en faveur d'un capitaine d'écorcheurs, Jean de La Roche - Charles VII (1431) - En quoi cette lettre témoigne-t-elle de la volonté de Charles VII de mettre fin aux violences subies par ses sujets, tout en se trouvant de nouveaux alliés ? Charles VII, comme nombre de ses prédécesseurs, peine à imposer son autorité royale dans un contexte politique mouvementé, et il faudra attendre l'aide de Jeanne d'Arc pour qu'il puisse être sacré à Reims en juillet 1429. [...]
[...] De son côté Jean de La Roche prend de nombreux engagements dans cette lettre, en plus de ceux déjà évoqués comme témoignages de sa soumission au souverain. Pour commencer il s'engage bien évidemment à cesser ses activités criminels («il ne tiendra, soutiendra ni favorisera par lui-même ni par autres, pillages ni vols ni aucunes gens faisant dommages, maux ou inconvénients quelconques» lignes 22-23) et ce dans tous les territoires appartenant à Charles VII : «ès-dits pays de Poitou, Saintonge, Limousin et Angoumois ni en autres pays [au roi] obéissant» (lignes 23 à25). [...]
[...] Alors en quoi cette lettre témoigne-t-elle de la volonté de Charles VII de mettre fin aux violences subies par ses sujets, tout en se trouvant de nouveaux alliés ? D'abord nous étudierons le contexte de rédaction du document et la manière dont il y est traité avant de nous pencher sur les engagements pris par Jean de La Roche, nouvel allié du souverain. En 1431 Charles VII a été sacré depuis seulement deux ans, et il doit encore lutter contre l'alliance des Anglais et des Bourguignons ; les premiers sont en guerre avec la France depuis 1337, début de la Guerre de Cent Ans, les seconds revendiquent le trône de France pour le roi d'Angleterre en vertu du traité de Troyes de 1420. [...]
[...] Un peu plus tard dans la lettre est évoquée la présence de plusieurs membre de la famille royale («de notre sang» ligne 72) ainsi que celle du «Grand Conseil» (ligne du «Parlement» (ligne 73) et de «plusieurs gens d'église, nobles, bourgeois et autres en bien grand nombre» (ligne 74-75). Charles VII profite donc de cette opportunité pour réunir ses partisans et démontrer sa puissance politique par leur nombre. De plus, il impose des conditions à Jean de La Roche qui renforce son statut de vassal, notamment la restitution de toutes les places fortes tenues par La Roche au roi : «vider toutes ses gens [ . ] de toutes les forteresses, églises et maisons fortes [ . [...]
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