Lancelot : roman en prose du XIIIe siècle, tome 1, Alexandre Micha, jeune chevalier, éducation chevaleresque, courtoisie
Cet extrait est tiré du tome 1 de Lancelot, roman du XIIIe siècle écrit par Alexandre Micha et édité en 1983. Alexandre Micha (1905-2007) a été enseignant dans le secondaire pendant vingt ans puis professeur dans des universités telles que Caen, Nanterre et la Sorbonne. Micha était un médiéviste spécialiste des romans médiévaux qui furent son sujet de thèse. Son oeuvre est volumineuse puisque l'édition de Lancelot représente 9 volumes et presque autant d'articles sur le sujet.
Son travail est considérable puisqu'il a rassemblé plus d'une centaine de manuscrits, selon ses dires, afin de proposer une édition critique de Lancelot. Il faut bien saisir que jusqu'alors les médiévistes s'appuyaient sur une édition d'Oskar Sommer et sa Vulgate Version of the Arthurian Romances, datant de 1910-1912 qui n'est pas des plus fiables en ce qui concerne les sources puisque son oeuvre est teintée de vides qu'il comble par des fragments provenant de sources éparses et n'est en aucun point une édition critique. De plus, cette version vieillissante commençait à se faire rare il fallait donc renouveler ces écrits.
[...] La jeunesse est synonyme de mouvement, de rythme avec le chant(l.33). Tous ces détails sont révélateurs de l'idéologie et de l'esthétique corporelles médiévales selon Pastoureau ainsi que de la mentalité chevaleresque où un corps jeune est un corps beau(l.2), clair(l.20), riant(l.27), vif(l.27). De plus une autre distinction par rapport aux autres rangs de la société se place dans la taille du chevalier toujours représenté grand comme faisant écho à son statut social. Le passage de l'enfant à un homme(l.4) correspond au passage d'une tranche d'âge n'ayant pas de fonction définie au sein de la société à une tranche d'âge qui à sa place à part entière. [...]
[...] Cette fidélité se conçoit de deux manières : une fidélité à ses convictions(l.52) et une fidélité à ses valeurs chevaleresques luttant contre la félonie (l.45) et honorant son rang.(l.46) Le chevalier doit être un homme respectueux doux »(l.44). Toutes ces vertus constituent une partie de ce que Léon Gauthier appelle le code de la chevalerie. Au cours de cet extrait un aspect ressort : la notion du juste milieu, harmonie et de modération. Une complémentarité entre sapientia et fortitudo Le thème du juste milieu ressort tout au long de cet extrait. On parle bien entendu ici d'un juste milieu dans l'expression des émotions. [...]
[...] Cet enseignement peut se dérouler sur un terrain d'entraînement où il s'exerce sur une quintaine=sorte de mannequin mais également lors de la chasse ce que l'on peut voir dans le deuxième paragraphe. Au delà de ces aspects techniques le jeune chevalier doit être de bonnes conditions physiques ainsi il doit s'adapter dans des exercices de survie en 3/6 pleine nature. Cet apprentissage s'envisage sur un temps long ce qui transparaît dans ce texte car les années se succèdent marquant physiquement Lancelot(l.35). Cette préparation se conclue par la remise de l'arme et la cérémonie de l'adoubement. [...]
[...] Ce texte se distingue d'autres récits comme La Chanson de Roland par son caractère profane et laïque. En effet, si les valeurs courtoises sont une chose importante la religion et sa défense en sont une autre qui ne figure pas dans ces écrits. De plus, l'extrait qui est présenté ici ne traite pas de l'après adoubement et donc de la vie de chevaliers ce qui est décrit dans Guillaume le Maréchal. Tout au long de notre réflexion on a pressenti le lien fort qui existe entre la chevalerie et la noblesse, sur ce sujet la production et les débats historiographiques foisonnent, il sera donc intéressant d'essayer d'analyser la nature de ce lien pour voir si on a affaire à deux ordres distincts. [...]
[...] Le texte ici évoque l'âge de 18 ans pour Lancelot (l.53) ce qui est assez jeune puisque cette cérémonie se déroulait au XIIIe autour de 20-21 ans mais il faut bien comprendre qu'ici Lancelot est présenté comme l'élève type se surpassant et intégrant à merveille les valeurs de son groupe. Il est d'ailleurs suivant le texte légitime qu'il reçoive l'adoubement(l.61). Le texte n'explicite pas la cérémonie en elle même. Mais ce que l'on peut dire c'est qu'il reçoit une arme qu'il peut désormais porter au ceinturon au sein de la société(l.35). Pourquoi reçoit-il une arme ? Ici il faut voir que le maniement des armes a pour but de pouvoir prendre la défense du peuple. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture