Il est ici question de la prédication à Paris en 1429 par frère Richard, dans un texte extrait de la chronique intitulée Journal d'un bourgeois de Paris. Une chronique est une source narrative, un récit relatant des événements dont l'auteur est généralement contemporain. Celle-ci, dont le titre ne lui a été attribué qu'au XIXe siècle, nous décrit la vie quotidienne de la ville de Paris de 1405 à 1449 et évoque notamment les faits majeurs s'étant produits dans les domaines politique et religieux.
L'auteur de cette chronique est anonyme. On suppose toutefois qu'il s'agit d'un parisienne, d'un homme lettré, faisant partie des élites sociales, probablement le chanoine de Notre-Dame de Paris, Jean Chuffart. Ce clerc séculier du XVe siècle fait partie du chapitre cathédral de cette église, c'est-à-dire la communauté de chanoines séculiers récitant la prière des Heures, mais également assistants de l'évêque.
On peut donc penser que l'auteur, s'il s'agit effectivement de ce clerc, a écrit en tant que clerc, ce qui fait de cette chronique un document public. Il est aussi membre de l'Université de Paris, et devient en 1429 chancelier du chapitre de Notre-Dame de Paris, chef des actes, des écritures et du sceau de cette cathédrale. On peut ajouter que Jean Chuffart, durant l'occupation anglaise de Paris, prend le parti des Anglo-Bourguignons. Son œuvre se destine à toute personne lettrée de son époque s'intéressant à la vie parisienne au début du XVe siècle.
[...] Ce texte nous montre donc que frère Richard est certainement un prédicateur éminent, par le fait qu'il semble très érudit, qu'il voyage beaucoup et qu'il paraît connaître les orateurs les plus réputés parmi ses contemporains. Il convient à présent d'étudier l'environnement dans lequel il prêche. Le prédicateur prêche dans les lieux fréquentés par les laïcs, ici le cimetière des Innocents comme l'écrit l'auteur (l.5). Le cimetière à la fin du Moyen Âge est un lieu de vie commune, où se mêlent vivants et morts. [...]
[...] Comme le montre l'auteur le prédicateur ne ménage pas ses efforts pour amener le fidèle à se convertir et à suivre correctement le dogme chrétien. On voit que les sermons de frère Richard sont quotidiens, ce qui participe d'un véritable martèlement idéologique de l'Église dont la finalité est la conversion de tous les laïcs aux principes de la foi chrétienne. Le sermon s'étale sur plusieurs heures ce qui montre les efforts développés par frère Richard pour rallier le plus de monde possible au dogme chrétien. [...]
[...] Un exemplum est une histoire tirée d'un livre saint chrétien, et qui sert à appuyer le sermon du prédicateur. Ici, frère Richard évoque l'arrivée de l'Antéchrist, créature diabolique, antithèse du messie chrétien, sur Terre (l.22-28), qui serait selon les Juifs leur sauveur, leur messie, d'où le nom de Messias (l.23). De plus, ce prétendu sauveur serait né en terre islamique (l.25-26), c'est-à-dire chez les musulmans, considérés par l'Église comme des infidèles. Ce récit est tiré de la Sainte Écriture, texte fondamental de la religion chrétienne, mais qui est également important chez les Juifs. [...]
[...] Ainsi, l'auteur souligne le rôle éducatif des images, qui peuvent venir soutenir le discours du prédicateur, notamment en illustrant son sermon. On peut ajouter que frère Richard ne prêche pas qu'au cimetière des Innocents, puisque l'auteur nous indique qu'il va également faire son sermon à Sainte-Geneviève une abbaye située à l'extrémité sud de Paris, mais également à Boulogne-la-Petite (l.10). Cela nous montre que le prédicateur va au contact des fidèles dans le plus d'endroits possible de la ville afin de convertir un maximum de personnes au dogme chrétien. [...]
[...] Dans cette dernière partie, nous allons voir que les prédications de frère Richard ont un impact sans précédent sur la population parisienne. L'auteur souligne dans ce texte l'efficacité extraordinaire des sermons de frère Richard, notamment en évoquant le nombre impressionnant de fidèles qui y assistent mais également en évoquant le fait que jamais un prédicateur n'avait eu tant d'influence sur tant de personnes (l.19-21). On peut toutefois penser qu'il exagère quelque peu les faits, étant donné que l'auteur de ce texte est lui-même un clerc. [...]
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