Jean-Marie Martin, « Les communes en Italie méridionale aux 12e et 13e siècles », In Villes, bonnes villes, cités et capitales, p. 201-209

Résumé du document

Le mouvement communal constitue, en Italie du Nord et en Toscane, l'une des étapes majeures de l'évolution politique médiévale. On sait qu'il a gagné avec un peu de retard les autres régions de l'Italie centrale. Quand au sud de la péninsule, depuis le 19e siècle, il existe des interprétations diverses à cause de la forme monarchique du gouvernement (entre anti-thèses de la commune et berceau de la période communale…). En 1929, cependant, le livre de Francesco Calosso a traité du problème des libertés urbaines en Italie méridionale.

L'histoire des villes est, dans l'Italie méridionale, marquée par quelques traits originaux, parfois forts anciens. A la fin de l'époque romaine, si l'on excepte Naples, il n'existe dans le midi aucune ville très importante. Le réseau est composé de nombreuses petites cités. Ce réseau s'altère sensiblement à l'époque lombarde (6-7e siècle). Mais des villes naissent à partir du 8e puis aux 10e et 11e siècle, principalement dans les régions où les autorités byzantines en construisent. Au 10-12e, un réseau de villes épiscopales se reconstitue de façon assez anarchique : dans la Pouille et la Basilicate, on connaît 17 sièges paléochrétiens contre 8 au 9e siècle et 46 au 12e siècle. Ces évêchés tardivement créés sont souvent pauvres et leurs circonscriptions petites. Ainsi les évêques de ces cités ne sont pas aussi puissants que dans les villes du Nord.

Extraits

[...] Mais à la veille de la conquête de Roger II, le duché est rétréci aux alentours immédiats de la ville. Naples et donc une ville puissante et dotée d'un port qui l'ouvre sur l'extérieur. On sait qu'en 1129-30, le duc Serge reconnaît la societas conclue entre les nobiles, les mediani et tous les habitants de Naples, ce qui laisse entrevoir qua la societas s'apparente à une commune aristocratique. Bénévent Ce cas diffère nettement des deux précédents. La ville, située à l'intérieur des terres, tire son importance de son rôle historique de principale capitale politique des Lombards méridionaux. [...]

[...] On comprend dans ces conditions que les autonomies urbaines soient rares et brèves. Sous la domination byzantine, certaines villes traitent directement avec les envahisseurs musulmans, puis normands. Ensuite, pendant la minorité de Frédéric II, après la période normande donc, les villes adriatiques s'émancipent suffisamment pour conclure des traités avec des villes étrangères. Une chose a cependant changé : la monarchie du 12e a mis en place dans chaque lieu habité une administration royale ou seigneuriale qui couvre les finances et la justice. [...]

[...] Gaète Le territoire de cette cité qui n'a pas été envahie par les Lombards s'émancipe de Naples au 9e siècle grâce à ses hypati qui prennent le titre de consul et de dux. Un comté est créé au 12e. Dès la fin du 10e, les nobiliores homines participent aux décisions judiciaires et même politiques. La ville devient, grâce à ses liens avec l'occident, un grand foyer de commerce (Constantinople, Gênes, Afrique du Nord Ce grand commerce peut expliquer la naissance d'une commune. Elle apparaît avant 1123. Elle bat monnaie à son effigie. [...]

[...] Capoue qui n'a pas eu de commune au 12e rejoint Naples et se dote d'un podestat vers 1251. Seconde région touchée, les Abruzzes : Teramo se donne un podestat vers 1251 et d'autres communes apparaissent (Atri en 1254 ; Aquila en 1256). Enfin la Pouille et la Sicile : Messine se dote d'un podestat, Salentine en 1255, Monopoli, Brindisi et Otrante Donc le développement des communes méridionales est tardif. Plusieurs de ces villes furent inspirées par l'exemple de l'Italie centrale. [...]

[...] Au début du siècle, à la faveur de l'affaiblissement du pouvoir monarchique, les quelques communes existantes connaissent une évolution classique. Naples se dote d'une sorte de podestat en 1190 de même qu'à Gaète en 1224. Bénévent reçoit de nouveaux statuts en 1204 et le pape nomme un recteur et non un podestat. Ce recteur choisit trois jurati. Les institutions communales sont fermement tenues par le pape. Teramo se voit dotée d'un podestat par son évêque en 1207. Les institutions communales commencent à gagner les Abbruzes. [...]