Tout au long des XIe, XIIe et XIIIe siècles, il existait une tolérance mutuelle entre les trois principales communautés espagnoles : chrétienne, juive et maure. Mais dès le début du XIVe siècle, la situation politique se dégrada aux dépends des Juifs, aggravée par les évènements néfastes qui ravageaient toute l'Europe : épidémies, famines, guerres et crises économiques. Commencèrent alors les pogroms, dont le prototype fut l'épisode de 1391. Les Juifs épargnés furent contraints de recevoir le baptême afin d'échapper à la mort. Cette nouvelle classe des judéoconversos conserva la position sociale acquise par les Juifs et certains d'entre eux fondèrent de puissantes familles et suscitèrent un malaise au sein de la noblesse, jalouse de préserver ses privilèges. Mais certains de ces nouveaux chrétiens continuèrent de pratiquer leur religion d'origine en secret ou en public.
Dès leur arrivée au pouvoir, Ferdinand et Isabelle la Catholique demandèrent au Pape Sixte IV d'édicter une bulle et d'instaurer l'Inquisition en 1478. L'inquisition commença à fonctionner en 1481 à Séville. La tâche principale de cette institution était l'éradication de l'hérésie judaïsante chez les nouveaux chrétiens.
C'est à cette répression que nous nous intéresserons ici, à travers l'étude de quatre documents de natures différentes.
[...] Il faut également signifier que l'intensité de la répression varia sur la période. Il semble en effet que, dans un premier temps, l'Inquisition ait été particulièrement cruelle et ait appliqué strictement et rigidement le droit. Au début, environ 40% des personnes jugées en leur présence par le tribunal, hors le temps de grâce, montaient au bûcher. Mais passé le début du XVI° siècle, les condamnations à mort se firent beaucoup plus rares et on fit des efforts pour assurer une déroulement plus régulier des procès, bref, il agit avec plus de prudence et d'accommodements. [...]
[...] A cinq heures du matin, les condamnés quittaient la prison en procession, entre deux rangées de familiers et de soldats. Derrière la Croix Blanche (dite aussi du Buisson parce qu'elle comprenait symboliquement quelques morceaux du bois qui devait servir pour le bûcher) venait le clergé, puis l'effigie des condamnés en fuite, les cercueils contenant les ossements de ceux qui étaient morts avant d'avoir pu être jugés et, enfin, les condamnés, coiffés d'un bonnet et tenant à la main des cierges éteints, portant des vêtements qui indiquaient la nature de leur condamnation. [...]
[...] Si la part des judaïsant dans les procès de l'inquisition varie donc dans le temps, mais également dans l'espace, comme nous venons de le voir, il convient de se pencher quelques instants sur les travaux de Jaime Contreras et de Gustav Henningsen ; Les deux historiens estiment qu'entre 1540 et 1700 le Saint-Office a poursuivi individus. En procédant à des extrapolations prudentes pour les époques antérieures et postérieures, ils calculent qu'au total procès ont été intentés. C'est trois fois moins que ne le suggérait Llorente. [...]
[...] Le milieu social et la place de l'individu ne comptait donc pas ? Aucun n'était épargné ? La comtesse d'Aulnoy semble pourtant soutenir le contraire des lignes 117 à 122 du texte (document d.) : Et lorsqu'ils sont fort riches, on se contente de leur faire peur, pour les obliger de vider leur bourse, afin de racheter leur vie. On en retire par ce moyen de grosses sommes et pourvu qu'ils soient en état de donner de l'argent, ils se sauvent du feu, qu'ils ont aussi bien mérité que les autres Bien que nous n'ayons pas trouvé d'exemple précis correspondant à l'année 1680, on peut faire référence à l'intégration dans la société castillane de financiers portugais, suite à la banqueroute de 1626. [...]
[...] Dès le premier coup d'œil, on se rend compte que la répression du crypto-judaïsme ne fut pas égale dans le temps. On remarque que du début de la période (1481) à 1525 environ, le judaïsme est le délit principal, central. De cette date jusqu'à la fin du début du XVII° siècle, le judaïsants disparaissent presque pour laisser la place aux propositions, paroles et blasphemes Puis vers le milieu de la première moitié du XVI° siècle, le judaïsme retrouve une place importante. [...]
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