Le texte que nous allons étudier est un extrait de l'Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique septentrionale écrit par Ibn Khaldûn et tiré ici de la traduction de W. Mac-Guckin de Slane. Ibn Khaldûn, né à Tunis en 1332, est issu d'une famille yéménite établie à Séville, avant de se replier à Tunis après 1248 (fin de la Reconquista). Il se forme à Tunis pour devenir un haut fonctionnaire. En 1348, deux événements, l'un politique, l'autre personnel vont le marquer profondément : les bédouins écrasent le roi de Fès (Maghreb) qui régnait sur Tunis (Ifriqiya) ; la peste noire ravage Tunis et décime sa famille. Celui-ci servira alors les souverains de Fès, puis de Bougie et de Tlemcen (ces deux villes sont situées en Algérie), où il négocie la paix, toujours précaire, avec les différentes tribus d'Ifriqiya et du Maghreb. A partir de 1375, il commence la rédaction de son oeuvre majeure, le Livre des Exemples (Kitab al Ibar). Il rejoindra ensuite Le Caire, alors la plus grande ville du monde musulman, le centre d'un pouvoir puissant, celui des Mamelouks. Mais le régime des mamelouks est plus fragile qu'il n'en a l'air. Tamerlan marche sur Damas, où il défait l'armée du sultan mamelouk. Ibn Khaldûn est chargé de négocier avec lui la reddition de Damas. Il rentrera au Caire ensuite, où il mourra en 1406. Ibn Khaldûn a tenté d'écrire une histoire universelle de l'humanité. La traduction littérale du titre arabe donne : « Livre des exemples instructifs et recueil d'origines et de récits, concernant l'histoire des Arabes, des peuples étrangers et des Berbères. » Cette œuvre se compose de trois livres, d'une introduction et d'une autobiographie. Le premier livre traite des effets produits par l'influence de la civilisation sur l'esprit humain; le second, divisé en quatre sections renferme l'histoire des Arabes et des peuples étrangers, depuis les temps les plus anciens jusqu'à son époque; le troisième est consacré à l'histoire des tribus berbères et des royaumes que cette race a fondé dans l'Afrique septentrionale. Cet extrait concernant la dynastie des Zirides provient donc du troisième livre qui s'intéresse à l'origine et à la filiation de toutes les tribus indigènes qui dominèrent cette région pendant des siècles. Le règne du calife Al-Mu'izz (935-975) marque à la fois l'apogée et la fin de la domination fatimide sur la Berbérie. En Ifriqiya, les Zirides apparurent longtemps comme des fidèles lieutenants des Fatimides dont ils tentaient de poursuivre la politique d'expansion vers l'Ouest. L'Ifriqiya, de la conquête fatimide de l'Egypte à la création de l'Empire almohade, s'affirme comme une région de l'Islam d'occident. Ibn Khaldûn nous montre dans ce texte sur quels intérêts politiques et religieux se sont effectuées les successions des califes. Les Fatimides et le chiisme ismaélien contre les Omeyyades et l'orthodoxie sunnite. Il s'agissait pour l'Empire fatimide d'imposer la paix et l'obligation d'allégeance à toutes les tribus berbères d'Ifriqiya et du Maghreb au nom d'une civilisation et d'un culte spécifique mais n'était–ce pas également l'imposition coloniale d'une confrontation entre un projet de civilisation sédentaire homogène et unifiée et une culture hétérogène de tribus nomades ? Ce texte qui débute lorsque « Al-Mu'izz se disposa à partir pour l'Orient » et dut désigner un successeur pour gouverner le Maghreb et l'Ifriqiya, se termine par le retour de l'orthodoxie sunnite et la vengeance des Arabes chiites qui mirent alors à sac ce royaume. Nous allons voir dans une première partie comment Al-Mu'izz choisit son successeur dans le but d'unifier les tribus autour de la dynastie fatimide et de son chiisme ismaélien, dans un premier temps par les armes pour une fois pacifiées, les contraindre par une politique administrative devant assurer une paix durable. Nous verrons dans une deuxième partie comment entre l'émirat Ziride de Kairouan et le nouvel émirat Hammadide se défit l'unité autour du chiisme face au retour de la sunna.
[...] Partout, vergers et jardins achevaient de constituer le paysage de l'Afrique ziride. Les riches productions des campagnes allaient de pair avec un artisanat florissant. Gabès, Sfax, Sousse et Kairouan étaient renommées pour leurs tissages et leurs ateliers de tapis. A Gabès, des plantations de mûriers permirent le développement d'une industrie de la soie. Sousse était en outre spécialiste des tissages à fils d'or utiles pour les cadeaux d'Etat. D'autres productions étaient liées au sous-sol, comme les métaux utiles au chantier de constructions navales. [...]
[...] D'après les dernières nouvelles, les Zanata s'étaient emparés de Sijilmasa et de Fès. Mais après avoir essayé de rétablir son influence sans succès, ayant subit plusieurs défaites militaires, Al-Mansûr laissa tout l'Occident à ses anciens ennemis et au dictateur espagnol Al- Mansûr ibn Abi-‘Amir et entretint avec eux des relations correctes. Ainsi s'établit, après le départ des Fatimides qui avaient tourné leurs ambitions ailleurs, un équilibre relatif entre les Zanata et les Sanhadjiens de Ziri, rivaux pendant trois quarts de siècle et désireux, les uns et les autres, de jouir un peu de leurs conquêtes. [...]
[...] Fort de cette victoire, l'oncle Hammâd marqua sa volonté de secouer la tutelle d'Al-Mansûr en élevant cette capitale, la Qal'â, sur les pentes du djebel Maadid, dans les parages même où les armées Sanhadjiennes avaient détruit la rébellion des Kotama. La position de la nouvelle citadelle présentait des avantages stratégiques encore supérieurs à ceux d'Ashîr. Hammâd s'empressa de la fortifier et de la peupler avec les habitants de Msila et de Hamza quant il eut détruit leurs villes. La prospérité fut rapide. Les Zirides essayèrent naturellement de réagir contre l'indépendance des Hammadides. [...]
[...] Il se forme à Tunis pour devenir un haut fonctionnaire. En 1348, deux événements, l'un politique, l'autre personnel vont le marquer profondément : les bédouins écrasent le roi de Fès (Maghreb) qui régnait sur Tunis (Ifriqiya) ; la peste noire ravage Tunis et décime sa famille. Celui-ci servira alors les souverains de Fès, puis de Bougie et de Tlemcen (ces deux villes sont situées en Algérie), où il négocie la paix, toujours précaire, avec les différentes tribus d'Ifriqiya et du Maghreb. [...]
[...] Représentant le chiisme ismaélien, donc ce courant minoritaire dans l'Islam, ils ne purent à la fois concilier l'imposition de leur foi et l'administration de si vastes régions à partir du moment où ils s'installèrent en Egypte, devant ainsi confier leur pouvoir à des alliés berbères pour occuper les nouvelles terres conquises aux ennemis héréditaires, les Omeyyades, en Ifriqiya et au Maghreb. Pour conclure, nous pouvons rajouter sur l'auteur que son œuvre est considérée comme la première tentative d'étude sociologique. Il est d'ailleurs intéressant de noter que les idées d'Ibn Khaldûn vont connaître un sort nouveau avec la colonisation ; en effet, les militaires français vont chercher dans ses oeuvres des explications au fonctionnement des tribus qu'ils combattaient dans le maghreb. Bibliographie M. Brett et E. Fentress, The Berbers, Cambridge C. [...]
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