Gervold, abbé, Fontenelle, chroniques
"Moi, Hincmar, évêque de Laon, je serai dorénavant à partir de cette heure fidèle à mon seigneur Charles comme par droit un vassal doit l'être à son seigneur et un évèque du Christ dans la mesure de ce qu'il sait et de ce qu'il peut doit l'être à la volonté de Dieu et à ce qui fait le salut du roi ." Cette citation de Hincmar adressé au roi Charles le Chauve -823/877- tente à démontrer l'assimilation progressive des fonctions épiscopales et abbatiales à des bénéfices. En effet il jure fidélité au roi comme n'importe quel vassal, la vocation uniquement religieuse des clercs se modifie au cours de l'Europe du Haut Moyen Age et au 9èmes siècle les rois carolingiens ont sans le vouloir contraint évêques et abbés à se séculariser.
[...] Mais loin de se montrer comme un acteur passif, l'abbé de Fontenelle donne des ouvrages, des manuscrits aux moines pour leur permettre d'enseigner au mieux la pastorale aux élèves . Par la création d'une école au sein du monastère, Gervold lutte contre cette ignorance des textes sacrés qui causent au sein de l'Eglise carolingienne une incompréhension et des disfonctionnements doctrinaux comme le prouve cet exemple d'un prêtre qui durant la messe bénissait "in nomina patria et filia et spiritus sancti" (au nom de la mère, de la fille et du saint Esprit, Amen ) au lieu de "patris et filii". [...]
[...] ]et rebâtit depuis les fondations la sacristie de l'église" l.60. Il rend aussi des cultes aux reliques sacrées en donnant à la basilique saint Pierre de nombreux objets de grandes valeurs comme "une petite croix en or" l.47 "un anneau en or [ . ] Douze essuie-mains" l.48 à 53. De plus il entreprend un grand nombre de donations de livres à la bibliothèque du monastère qui peuvent être lus pendant les offices comme "un manuscrit du pentateuque, un autre des douze petits prophètes [ . [...]
[...] Ils sont donc considérés comme des fonctionnaires d'Etat. L'abbé est donc nommé administrateur des affaires commerciales du royaume l.24 mais il doit aussi percevoir l'impôt public et les redevances sur les marchandises dans les ports et les villes principalement Quentovic l.25 Les évêques et abbés participent aussi à des campagnes militaires .Les abbés se présent donc comme des acteurs majeurs dans le contrôle de leur circonscription et font office d'organe dirigeant dans le système de gouvernement carolingien. Tant sur un plan économique que juridique l'abbé présente une étendu de charges auxquels il doit obéir sous peine de se voire perdre sa charge, la peur de la révocation semble innérante au texte mais est explicité l.44 Gervold n'osait pas exercer son pouvoir en leur présence [les hommes du roi et les puissants] de peur de perdre le gouvernement du monastère Dans une certaine mesure l'abbé se trouve soumis à la volonté royale et ne peut donc exercer pleinement sa mission religieuse comme le fait le clergé régulier. [...]
[...] Le début du 9ème siècle va confirmer cette alliance avec par exemple les missi dominici chargés de surveiller la gestion des abbayes et composés de laïcs et de clercs. De nombreux documents postérieurs prouvent l'importance de l'activité des abbés et évêques comme le polyptyque de saint germain des prés de 823. Mais ce texte présente un aspect majeur de la fonction du clergé séculier de par l'éducation des fidèles qui grâce aux chants, à la multiplication des manuscrits et des écritures saintes parviennent à s'éduquer et à s'émanciper de la misère paysanne. [...]
[...] Dans les faits, la sécularisation des biens de l'Etat restent limités, en effet les réactions des abbés demeurent assez limités car ces derniers craignent les reprochent des hommes du roi et restreignent le plus possible les impôts sur les biens qui appartenaient manifestement au monastère .Le texte dévoile même que beaucoup de ses biens furent laissés soustraits au monastère de Fontanelle : il en aliéna beaucoup plus que son prédécesseur »l.42. Cet extrait de Chronique des abbés de Fontanelle se présente comme un document de grande valeur dans la compréhension historique du rôle de l'abbé mais surtout des rapports qui unissent l'Eglise et l'Etat. On peut ainsi voire à travers le personnage de Gervold l'exemple parfait de l'activité du clergé séculier qui voit son importance grandi lors du règne de Charlemagne. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture