Comme le définit Alain Montandon dans Lieux d'hospitalité : hospices, hôpitaux, hostelleries, « la pratique de la charité au XIIIème siècle s'inscrit dans une tradition d'hospitalité et dans un mouvement général de développement de l'assistance amorcés à la fin du XIème siècle et amplifié par la puissante réforme grégorienne. Elle repose sur une réflexion approfondie touchant à la signification de la pauvreté et de la souffrance et à un nouvel effort de définition de la vertu de charité ». C'est en ce sens que de nombreux hôpitaux ont été créés au XIIème et XIIIème siècle. La fondation de l'hôpital de Saint-Malo par l'évêque Geoffroy de Pontual en 1252 prend la forme d'un document officiel qui pose les modalités qui encadrent le fonctionnement de l'hôpital. Il explique dans un premier temps le but de la création de l'hôpital qui est caritatif et pour servir Dieu, puis ensuite il explique les règles de l'hôpital qui régiront l'organisation de l'hôpital.
[...] Lorsque Geoffroy de Pontual dit que l'établissement de l'hôpital se fera "librement et tranquillement" (ligne il tente de dire que la création de l'hôpital est faite de manière indépendante, cependant la réalité est tout autre. En effet, bien que l'Eglise soit la première puissance de la ville du fait de sa présence économique, l'Eglise est une puissance foncière, immobilière et financière, de sa présence spirituelle, religieuse et intellectuelle et de sa présence politique, l'Eglise n'a plus le monopole sur le caritatif et doit prendre en compte les opinions des bourgeois du fait de leur forte présente politique et économique dans la ville. [...]
[...] La fondation de l'hôpital de Saint-Malo doit tenir compte des réalités urbaines, notamment, la croissance démographique qui touche les villes. De plus, l'évêque ne peut agir véritablement sans les autres acteurs des villes et le financement de l'hôpital est tributaire de l'essor urbain. Lorsque Geoffroy de Pontual énonce que "l'hôpital doit être consacré à l'usage des pauvres" (ligne cela montre que les pauvres forment une partie importante de la population urbaine menacée presque de façon permanente par la faim. La misère populaire en ville est élevée du fait des famines, des épidémies, des climats instables. [...]
[...] Codes, rituels et symboles, Seuil, Points Histoire Jacqueline LALOUETTE (dir.), L'hôpital entre religions et laïcité du Moyen Âge à nos jours, Paris, Mémoire chrétienne au présent Jacques LE GOFF (dir.), La ville en France au Moyen Age, Seuil, Points Histoire Pierre RICHE, Grandeurs et faiblesses de l'Eglise au Moyen Âge, Paris, Editions du Cerf, Histoire, 2006. [...]
[...] Ainsi, les deux moyens les plus important de financement de l'hôpital sont ancrés dans des réalités urbaines, à la fois les impôts perçus par l'Eglise mais aussi les nouvelles organisations commerciales qui sont apparus grâce à l'essor urbain qui permet à l'hôpital de se constituer un revenu régulier. Les établissements hospitaliers s'inscrivent dans une lutte entre le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel. La fondation de l'hôpital de Saint-Malo permet de rendre compte des rapports entre les acteurs religieux et les acteurs laïcs des villes. [...]
[...] Il s'agit de voir dans quelle mesure, la fondation de l'hôpital de Saint-Malo, permet de comprendre que les actions de l'Eglise sont intimement liées à l'essor urbain. Pour cela, il est important de voir qu'il s'agit d'une fondation chrétienne charitable, administrer et gérer par l'évêque, et enfin qu'il s'agit d'une fondation qui doit tenir compte des réalités urbaines. La fondation de l'hôpital de Saint-Malo est une institution chrétienne, gérée et administrée par l'évêque et le chapitre de Saint-Malo, avec un chanoine à sa tête pour diffuser la foi chrétienne, et cela dans un but caritatif. [...]
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