L'oeuvre dont est extrait le présent texte est un poème intitulé « Charme (Carmen) pour le roi Robert ». Plus que d'un discours (puisqu'il n'a, semble-t-il, jamais été prononcé), il s'agit d'un poème politique adressé au roi capétien Robert II le Pieux aux environs de 1025. L'auteur en est Adalbéron, évêque de Laon, neveu de l'archevêque Adalbéron de Reims. Il appartenait à un très puissant lignage : il était de sang royal, affilié à la fois aux Carolingiens (il était descendant des ancêtres de Charlemagne) et aux Capétiens (il était cousin germain des Ducs de Lorraine). Après avoir été chanoine de Metz, il fut établi en 977 évêques de Laon par Lothaire.
C'est donc vers la fin de sa vie que cet homme, rattaché par son histoire personnelle et familiale aux deux grandes dynasties et à la tradition des Grands d'Eglise soutien du trône, rédige ce poème politique, qui par bien des aspects peut être vu comme une exorde adressée au roi Robert.
[...] L'auteur en est Adalbéron, évêque de Laon, neveu de l'archevêque Adalbéron de Reims. Il appartenait à un très puissant lignage : il était de sang royal, affilié à la fois aux Carolingiens (il était descendant des ancêtres de Charlemagne) et aux Capétiens (il était cousin germain des Ducs de Lorraine). Après avoir été chanoine de Metz, il fut établi en 977 évêques de Laon par Lothaire. C'est donc vers la fin de sa vie que cet homme, rattaché par son histoire personnelle et familiale aux deux grandes dynasties et à la tradition des Grands d'Église soutien du trône, rédige ce poème politique, qui par bien des aspects peut être vu comme une exorde adressée au roi Robert. [...]
[...] Cette interprétation est d'autant plus renforcée par l'utilisation du terme de paix tel que l'entend Adalbéron. Le début du XIe siècle voit en effet s'affronter deux conceptions des mouvements de paix : celle, d'une part, des moines clunisiens qui cherchent à placer ceux-ci sous l'égide du clergé régulier, qui seul à leurs yeux pourrait sortir l'Église et la société tout entière de la crise du moment ; celle, d'autre part, de quelques évêques, dont Adalbéron de Laon, qui veulent redonner au roi son rôle de protecteur et de pacificateur avec le soutien du clergé séculier. [...]
[...] Adalbéron souligne que les clercs sont organisés en hiérarchie Cette idée de hiérarchie est primordiale : elle est, au regard des principes théologiques et canoniques, la seule distinction qui existe entre les ministres de l'Église. Leur fonction, leur charge, leur ministère est l'élément qui différencie les clercs, considérés comme de condition égale, quelle que soit la différence de nature ou de rang de leur naissance. Ils sont, en effet, organisé en une hiérarchie directement établie par Dieu Dieu a établi l'Église et ses ministres dont il a réglé la hiérarchie et, à l'inverse des laïcs, sont soumis à la loi divine et non à la loi humaine Les hommes de la société féodale, telle que le texte les décrit, sont assujettis à deux lois différentes : l'une, la loi divine, ne fait pas de différence entre ses ministres et les considère comme égaux de conditions, et définis uniquement par leur fonction dans la société (ils sont ceux qui orant) et par la hiérarchie de leurs charges ; l'autre, la loi humaine dont parle le texte, distingue, en revanche, différentes conditions et statuts. [...]
[...] C'est à un véritable morcellement géographique, une décomposition territoriale que se livrent les grands seigneurs en regroupant autour d'eux les pouvoirs et les fidélités. Plus encore, les années 1020 voient le début du phénomène d'enchâtellement, c'est-à-dire la construction de châteaux privés dits adultérins par des cadets de familles ou des aventuriers que soutiennent quelques bandes armées. Ainsi, même les grands seigneurs ne maîtrisent plus l'espace et l'exercice de l'autorité publique sur cet espace morcelé. L'effet corrosif de la féodalité atteint aussi le système ecclésiastique hiérarchique mis en place par les Carolingiens : l'Église séculière est, elle aussi, en pleine crise. [...]
[...] De plus en plus, les clercs vivent comme des laïcs : nicolaïsme, simonie, baisse du niveau culturel. Inversement, de plus en plus de laïcs captent de façon détournée profits et charges ecclésiastiques. La crise est ensuite une crise d'autorité : un véritable sentiment de régionalisation frappe l'Église, où chaque paroisse, chaque diocèse perdent de vue l'idée de chrétienté universelle et surtout de hiérarchie ecclésiastique. C'est dans ce contexte qu'Adalbéron, grand personnage important et vieillissant rédige ce poème adressé à ce roi capétien tellement affaibli. [...]
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