Ce texte s'intitule "Un très bon roi vaut mieux qu'une très bonne loi" et est extrait du premier livre de De regimine principum de Gilles de Rome (1247-1316), rédigé vraisemblablement en 1278. L'auteur, théologien, politologue et philosophe, avait en fait réalisé cet ouvrage pour l'éducation du futur Philippe IV dit le Bel (1268-1314). Il peut donc être classé dans la catégorie des miroirs de princes, oeuvres destinés initialement à apprendre au futur roi la conduite à avoir en tant que monarque et les différentes vertus à posséder pour le bien commun (...)
[...] La loi a pour objectif le bien commun, si la réalisation de ce bien commun passe par une monarchie alors on installe une monarchie. Le roi est un moyen et non une fin. Néanmoins, cette monarchie doit être, à l'image de celle de Sparte (admirée par Platon et Aristote), largement limitée par les lois et les autres institutions qu'elles crée. A Sparte, il y avait d'ailleurs deux rois qui devaient chacun rendre des comptes à la fin de leur mandat aux Éphores, les vrais maîtres de Sparte. [...]
[...] Par ailleurs, la loi dite particulière ne s'applique pas à certains alors qu'elle devrait. Une application de la loi dans un domaine peut ne pas avoir été prévue alors qu'elle s'avère très juste. De plus, les choses changent et une partie de la population peut s'avérer devoir être soumise à la loi alors qu'elle en serait exemptée par son statut. En bref, c'est le manque d'adaptabilité de la loi qui est ici critiquée. Enfin, de la même manière que Gilles de Rome met en doute l'existence terrestre de la loi naturelle, il est permis de mettre en doute l'existence permanente d'un excellent roi qui est tout sauf prouvée au regard de l'Histoire française. [...]
[...] L'étude du meilleur gouvernement faite par Aristote se base sur le principe qu'on dispose de chaque côté, du meilleur roi et de la meilleur loi, ce qui n'est pas le cas dans la réalité. II- La réfutation réaliste de Gilles de Rome Le constat effectué par le philosophe est exact quand l'on part de l'idée d'une loi parfaite Cependant, dans le monde des hommes, cette loi n'existe pas et il faut un roi pour parfaire une loi incomplète L'hypothèse d'une loi parfaite La meilleure loi serait la loi naturelle selon Gilles de Rome. [...]
[...] Il n'existe donc que des lois plus ou moins bonnes et donc imparfaites. L'auteur tente alors de démontrer que le gouvernement d'un bon roi est préférable au gouvernement d'une bonne loi. C'est une question de hiérarchie des normes qui se pose ici, on cherche à savoir si la loi s'impose au roi ou si le roi fait la loi. Le théologien présente d'abord la position d'Aristote qui préfère au meilleur roi, la meilleure loi Il réfute ensuite cette thèse par un réalisme qui veut notamment qu'on n'admette pas l'idée de l'existence d'une loi parfaite (II). [...]
[...] Aristote dans ses Politiques opère notamment une véritable théorisation des manières de gouverner avec par exemple, la célèbre division entre monarchie, aristocratie et démocratie, mais aussi une reprise de l'idéologie platonicienne qui veut que la meilleure forme de gouvernement soit l'aristocratie, prise sur l'exemple spartiate. Gilles de Rome étudie Saint-Thomas d'Aquin et donc à travers lui, Aristote. Le philosophe grec avait une préférence pour l'aristocratie, c'est-à-dire, le gouvernement par les meilleurs. A l'inverse, bien que fortement influencé par le disciple de Platon, Gilles de Rome choisit la monarchie, dans la logique d'une création de l'État royal et donc d'un pouvoir royal fort. [...]
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