Ce texte est un extrait du Songe du vieil pèlerin de Philippe de Mézières. Cet ouvrage se présente sous forme d'un récit allégorique et comprend trois livres. Le troisième livre, celui qui nous intéresse, est un échiquier moral qui se divise en quatre quartiers de seize cases ou points. Notre texte est un extrait du neuvième point du premier quartier et traite du gouvernement de la personne royale. La pratique du jeu d'échecs connaît un succès grandissant depuis le XIIIe siècle, ce qui coïncide avec l'apparition des traités sur l'art de gouverner et le fait que l'éducation du prince est de plus en plus prise au sérieux. La forme du jeu d'échecs permet une description des faits sociaux et des structures sociales, et révèle un enseignement dont le pouvoir royal peut tirer profit. Chacun des pions symbolise un des corps de la société, et toute la stratégie du jeu est du côté du roi et de ses conseillers.
La thématique fondamentale du Songe du vieil pèlerin consiste à avancer une thèse : lorsque le prince aura maîtrisé la science du jeu d'échecs, il possédera l'art de régner sur son peuple sous l'égide de la morale.
L'auteur, Philippe de Mézières, est un chevalier picard qui a beaucoup voyagé hors du royaume de France. Il est très instruit. Ses nombreux périples l'ont mené jusqu'à la cour de Charles V, qui le retient comme conseiller et le nomme précepteur du Dauphin, le futur Charles VI. A la mort du roi, Philippe de Mézières quitte la cour et se retire au couvent des Célestins. Dès lors, il mène une intense activité littéraire. Entre 1389 et 1390, il rédige à l'attention du jeune roi Charles VI, son ancien élève et ami, le Songe du vieil pèlerin.
[...] D'ailleurs, Charles n'est-il pas le sixième du nom dans la lignée de l'empereur ? L'Histoire des Croisades Tu doys lire souvent la belle et vraye histoire de la vaillance du tresvaillant duc Godefroy de Bouillon et de sa noble compaignie et sainte chevalerie (lignes 64 et 65). Philippe de Mézières fait ici référence aux Chroniques d'Outremer de Godefroy de Bouillon, personnage historique symbolisant à la fois l'idéal chevaleresque et le modèle du bon chrétien. En 1096, il prend la tête de l'une des armées de la première Croisade. [...]
[...] Ses nombreux périples l'ont mené jusqu'à la cour de Charles qui le retient comme conseiller et le nomme précepteur du Dauphin, le futur Charles VI. A la mort du roi, Philippe de Mézières quitte la cour et se retire au couvent des Célestins. Dès lors, il mène une intense activité littéraire. Entre 1389 et 1390, il rédige à l'attention du jeune roi Charles VI, son ancien élève et ami, le Songe du vieil pèlerin. A cette époque, le royaume de France connaît une trêve dans sa guerre contre l'Angleterre. La mutation de l'État commencée presque deux siècles auparavant se poursuit. [...]
[...] D'abord, Constantin, premier empereur romain à se convertir au christianisme et qui instaure le césaro- papisme, semble un exemple à suivre pour de Mézières. Le grant Theodocius est également admiré par l'auteur pour avoir su élever le christianisme au rang de seule religion officielle et obligatoire dans l'empire d'Orient. Quant à Justinien il se conçoit comme l'élu de Dieu, son représentant et son vicaire sur Terre et combat aussi l'hérésie. Bien que ces personnages aient une importance certaine, il en est un dont la renommée et l'influence en Occident sont fondamentales. [...]
[...] Selon l'inventaire qu'il dresse, on compte dix manuscrits du roman de Lancelot dans la librairie royale. Charles V se doy bien garder [ ] de lire ou faire lire les livres des sciences deffendues de sa mere Sainte Eglise, si comme, nigromancie, geomancie, pyromancie, les livres sacrez, les livres des jugements d'astronomie (lignes 79 à 83) Pourtant, la librairie royale compte pléthores de ce genre d'ouvrages. En fait, Charles V manifestait un vif intérêt pour tout ce qui concernait l'astrologie et la science de la divination. [...]
[...] Le Songe du vieil pèlerin apparaît donc comme un traité d'éthique royale et un guide de gouvernance. Il constitue le testament spirituel et politique d'une des personnalités les plus riches et les plus fascinantes de son temps. Notre texte reflète parfaitement la densité intellectuelle du personnage. On y retrouve la volonté de l'auteur de mener une nouvelle croisade, mais également le modèle de formation du prince, modèle hérité de Gilles de Rome. Cependant, l'ouvrage de Philippe de Mézières n'aura pas vraiment servi à son destinataire, le jeune roi Charles VI, qui manifeste les premiers signes de folie dès 1392. [...]
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