Au XIVe siècle, l'Europe occidentale est touchée régulièrement par des crises et des malheurs qui se répètent. Nous allons aborder un exemple de cela avec un texte de Gilles Le Muisit. Il s'agit d'un extrait des chroniques de l'abbé de Saint-Martin de Tournai, traduit du latin en français et relatif à la crise frumentaire qui frappe la Flandre en 1316. Bien que l'auteur soit un témoin direct des événements, ce texte date sans doute de la période 1347 - 1352, date à laquelle il dicte ses chroniques à deux scribes de son monastère.
Gilles le Muisit est originaire de Tournai, il naît aux alentours de 1272, il est issu d'une famille bourgeoise de cette cité. Il devient moine singulier en 1289, il est grenetier de l'abbaye, il sera ensuite prieur en 1330, puis il est élu abbé en 1331. Le texte expose la situation de Tournai qui est une ville de Flandre, elle est française, et est située sur la rive gauche de l'Escaut. La ville est une place économique forte avec une forte population. Elle est aussi influente sur le plan culturel, intellectuel et artistique. De par sa situation géographique, il s'agit d'une ville de marche, elle est cernée par le comté de Flandre et se trouve face au saint empire.
Plus généralement le document relate donc la famine de 1315-1316 en Flandre sous le règne du roi Louis X. Elle s'inscrit dans un contexte particulier, que les historiens décrivent souvent comme celui d'un « monde plein ». Il s'agit d'une période où l'Occident en général, après avoir connu la croissance et une relative prospérité les siècles précédent, se trouve confronté à ses propres limites. La population est plus nombreuse, les techniques de production essentiellement extensives ne suffisent plus à répondre à la demande. Il y a également des conséquences économiques, militaires, sanitaires, etc. La particularité de cet extrait est qu'il approche avec justesse les faits, il s'agit d'une description précise, du regard d'un contemporain, d'un témoin direct des événements.
En se basant sur ce témoignage on pourra donc se demander comment la famine en Flandre en 1316, révèle la fragilité et les limites de cette société médiévale ?
[...] *La seconde méthode de lutte contre la faim est celle de l'importation de denrées, mais l'auteur n'en parle pas directement. Il insiste plutôt sur la subsistance locale en évoquant à la l.2 le vin de Saint-Jean C'est-à- dire en fait le vin de Saint -Jean- des –Chaufours près de Tournai, où il y a la présence de vignes depuis le début du moyen-âge. Pourtant, on sait qu'une ville comme Bruges, à la même époque, en s'appuyant sur l'importance de sa flotte, a fait venir du blé de Gascogne ou d'Espagne, pour ensuite le redistribuer à bas prix. [...]
[...] On pense alors que l'air véhicule ces maladies. L'odeur pestilentielle comme on l'appelle serait la cause des maux. C'est pourquoi une fois que l'on sait que celle- ci vient de l'abondance des cadavres et de leur décomposition, on décide de les éloigner de la ville. On lit alors dans le texte l,21 à 23 des conseillers de la cité donnèrent l'ordre et confièrent le soin à certains de porter les corps pour les ensevelir en deçà de l'Escaut à Val de la Vigne et au-delà de l'Escaut dans un lieu appelé Folais On peut ici voir une mesure sanitaire de précaution. [...]
[...] Et le fait qu'aucun homme n'ait alors souvenir d'un tel désastre souligne davantage l'ampleur de ce dernier et nous permet d'estimer que cette crise est extraordinaire. III/ Endiguer le désastre Après avoir vu les impacts sur la population du point de vue sanitaire et démographique, nous allons à présent nous pencher sur les moyens mis en œuvre pour pallier ces problèmes et contenir les effets de la crise. La lutte contre la faim Pour résister au problème de la famine, il n'y a pas énormément de solutions différentes. [...]
[...] La dimension religieuse et spirituelle, n'est pas du tout négligeable, d'ailleurs on voit l'importance dans le texte des hommes d'Eglise et à quel point ils sont sollicités. On peut lire l,19 à 20 les prêtres des paroisses ne savaient souvent de quel coté se tourner En effet il faut supposer que ces derniers ne sont pas réclamés uniquement par les malades mourants pour se voir octroyer l'ultime sacrement. Il faut aussi prendre en compte l'impuissance des populations frappées par les ravages de cette famine. L'explication de la punition divine est sans doute partagée par bon nombre d'habitants et de membres du clergé. [...]
[...] L'orge mentionnée par l'auteur, est une céréale généralement employée pour nourrir le bétail, celle-là ne présente pas les qualités nutritives du blé, mais offre un autre avantage, elle résiste beaucoup mieux au froid et à l'humidité. Les pertes lors de la récolte de 1315, concernant l'orge, mais aussi l'avoine par exemple, semblent être plus faibles que le blé. Gilles Le Muisit nous parle également de vesce, qui est une plante légumineuse fourragère. Bien entendu, elle ne présente pas non plus de vertus alimentaires, mais permet de calmer la faim du fait de sa présence annuelle et abondante. [...]
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