Edit de Châteaubriant, juin 1551, Henri II, Anne de Montmorency, protestantisme, Eglise Catholique, contrôle des imprimeurs, métiers du livre, contrôle de l'imprimerie
Le texte que nous allons étudier est un extrait de l'édit de Châteaubriant, issue du recueil des ordonnances et édits du roi très chrétien Henri deuxième du nom, depuis son avènement jusqu'à présent, datant de 1557.
L'édit de Châteaubriant a été promulgué en juin 1551 par le roi Henri II, à Châteaubriant qui était alors une place forte bretonne appartenant à Anne de Montmorency, qui était un ami intime du roi et connétable de France.
A cette époque le contexte historique est très tendu, surtout au niveau religieux. Henri II est roi de France depuis la mort de son père François Ier en 1547. Contrairement à son père, Henri II est beaucoup plus fermé quant à la place du protestantisme dans son royaume notamment à cause de ses conseillers en la matière Diane de Poitier, Anne de Montmorency, et les frères de Guise. En effet sous son règne la Réforme continue de se développer et Henri II, fervent catholique, va décider de sévères mesures à l'égard des protestants. Dès le 8 octobre 1547, une chambre ardente est constituée au Parlement de Paris, c'est-à-dire un tribunal extraordinaire chargé à cette époque de poursuivre les protestants français. La chambre ardente avait en charge la décision finale et l'exécution de la peine. En 3 ans elle a rendu près de 500 arrêts et elle est à l'origine d'une violente répression à l'encontre des protestants entre 1547 et 1549. En novembre 1549, l'édit de Paris renforce la répression judiciaire et rend son pouvoir aux juges ecclésiastiques. En 1551, l'édit de Châteaubriant réaffirme les édits précédent et accroit la persécution contre les protestants, il va de plus organiser la répression mise en place par l'Etat. En effet, Henri II est hostile à la Réforme dans son royaume, en revanche sur la scène politique extérieure, son jugement est plus nuancé. Dès 1551, le royaume va être confronté à une crise gallicane. Henri II, comme son père, défend l'idée d'une Eglise Catholique de France largement autonome du Pape car il s'oppose à une trop grande intervention de Rome dans les affaires intérieures de la France. Cette crise se déroule en pleine période des guerres d'Italie qui oppose Henri II à Charles Quint, qui est d'ailleurs soutenue par le pape Jules III. Alors qu'un conflit très violent oppose le pape au roi de France, ce dernier ne va pas hésiter à s'allier aux princes réformés d'Allemagne ainsi qu'aux turcs qui sont les ennemis héréditaires de la chrétienté.
Sur le texte en lui-même, l'extrait que nous avons à étudier, expose les mesures décidées par Henri II afin de limiter la diffusion des idées de la Réforme qui se propagent un peu partout notamment grâce au développement de l'imprimerie. Le texte vise à organiser le contrôle de l'imprimerie et la vente de livres en France et réaffirme l'autorité de la faculté de théologie de l'université de Paris la Sorbonne pour juger les œuvres hérétiques. Le texte explique en détail les règles auxquelles devront se tenir les imprimeurs ou encore les libraires et comment la Sorbonne va appliquer ces mesures.
Ce texte nous interroge donc sur le rôle de l'édit de Châteaubriant, pourquoi met-il en place le contrôle de l'imprimerie et comment l'organise-t-il ?
Ainsi pour répondre à cette question nous verrons en premier lieu que c'est l'Eglise qui dispose d'une main mise sur le contrôle de l'imprimerie, puis nous verrons qu'elle exerce un contrôle qui se veut omniprésent sur les imprimeurs et libraires.
[...] Nous avons vu précédemment que les imprimeurs devaient déclarer le lieu de leur imprimerie aux autorités sous peine de sanctions. Il est aussi interdit par l'article neuvième : Et ne pourrons lesdits imprimeurs imprimer aucuns livres, sinon en leur nom et en leurs officines cela signifie qu'il est interdit d'usurper l'identité d'un autre imprimeur pour imprimer des livres interdits. D'ailleurs le même article encourage les témoins de ces usurpations à dénoncer ces faussaires (lignes 31-33). De plus ceux qui dénonceraient un faussaire, auraient droit à de leur propriété. [...]
[...] En 1536, le conseil de la ville de Genève qui a proscrit la messe et introduit la réforme dans la cité fait appel à Calvin pour développer les dogmes. C'est pourquoi dans les années 1550, Genève va être considéré comme une nouvelle Jérusalem du protestantisme. C'est pour cela que l'ont peu voir dans l'article sixième de l'édit de Châteaubriant que nous avons très expressément défendu et défendons par cesdites présentes à toutes personnes, soit nos sujets ou autres quelconques, d'apporter en nos royaume et pays de notre obéissance aucuns livres quels qu'ils soient, de Genève et autres lieux, et pays notoirement séparés de l'union et obéissance de l'Eglise du Saint Siège apostolique En somme cet article interdit à tous sujets du roi Henri II ou étrangers d'importer des livres en provenance de villes ou pays qui ont adopté la Réforme protestante sous peine de confiscation de biens et de punitions corporelles l.6. [...]
[...] A cela il faut aussi ajouter la contrebande de livres imprimés dans les pays voisins. Enfin les dispositions légales en matière de censure sont cependant difficiles à faire appliquer dans toute leur rigueur surtout en province et le subterfuge des lieux d'impression fictifs (Angleterre ou Provinces-Unies) permet de les contourner. CONCLUSION : En conclusion, nous pouvons dire que l'édit de Châteaubriant est le dernier édit d'une longue série renforçant le pouvoir de l'Eglise sur le contrôle de l'imprimerie. Cet édit a été voulu par Henri II et ses conseillers qui étaient de très fervents catholiques, afin d'essayer d'endiguer la diffusion des idées de la Réforme, qui se développer rapidement en France et en Europe, notamment grâce à l'essor de l'imprimerie. [...]
[...] L'article treizième, montre une fois de plus que la Sorbonne a pris le pas sur le pouvoir du Parlement concernant le contrôle des livres, puisque la Sorbonne va déléguer aux députés du Parlement certaines tâches, comme par exemple ligne 59 : Et retiendront lesdits députés par devers eux la copie des livres afin que les députés puissent une fois l'impression terminée, comparer l'original, qui était certifié par la faculté de Théologie, et la reproduction, pour voir si rien changer dans le texte. Ou encore charge aux députés de vérifier la conformité des livres lors des transmissions d'héritage (article quatorzième). Par ces articles nous comprenons que c'est bien l'Eglise qui a le pouvoir de contrôler l'imprimerie. Et grâce à ce pouvoir elle va mettre en place une censure catholique. La mise en place de la censure catholique par le contrôle de l'imprimerie. [...]
[...] Il est très clair que tous les livres se rapportant aux thèses de la Réforme et en particulier à celles de Calvin seront censurés. Ainsi suite à la réalisation de ce catalogue il est fait défense très expresses à tous imprimeurs et libraires de n'imprimer, vendre, n'avoir en leur possession aucuns livres défendus, et qui par censure et jugement de la faculté de Théologie de Paris ont été et seront ci après réprouvés lignes 10-12. Cet article est très sérieux puisque depuis l'édit de Fontainebleau en 1547, il est prévu la peine de mort pour tous ceux qui publieraient un livre sur la Sainte Ecriture sans l'approbation préalable de la Sorbonne. [...]
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