L'alchimie se développe en Occident à partir du XIIe siècle et intéresse progressivement les gens instruits au point que les autorités s'inquiètent de cette pratique. On demande d'ailleurs à Oldrado da Ponte (première mention en 1297, mort vers 1335) de rédiger un consilium (au pl. consilia), c'est-à-dire un avis, sur le sujet de la légalité de l'alchimie. Le titre en est : « Où il est question de savoir si l'alchimie pèche ou viole la loi et si l'alchimie est un art interdit ». Oldrado da Ponte est un juriste italien, un des plus grands consiliatores, spécialisé dans ces consilia. Le document qui nous est présenté est entier, c'est le consilium 74 de da Ponte.
[...] L'alchimie n'est pourtant pas comparée à de la magie et B. L'art imitateur de la nature : quelle réalité pour la transmutation ? Cette dichotomie entre théorie et pratique vient de la distinction entre art et nature. L'art, en tant que technique humaine ne peut être qu'une imitation de la nature. L'homme ne peut pas reproduire exactement la nature car beaucoup de choses échappent à sa compréhension. Il ne peut que l'imiter. C'est à cause de cette conception que les intellectuels médiévaux s'opposent dans leurs écrits sur la réalité de la transmutation. [...]
[...] Soufre, sel et vif-argent Notre auteur dit que « comme les alchimistes l'enseignent, tous les métaux dérivent d'un même principe, à savoir du soufre et du vif-argent ». Le but de l'alchimie est la recherche de la perfection, ça passe par la transformation des métaux. Pour les alchimistes, il existe une hiérarchie dans les métaux : du fer, le plus imparfait, à l'or qui est pur. Le fer sera successivement transformé en cuivre, en plomb, ? jusqu'à l'or. Pour y parvenir, des principes sont utilisés : le sel (arsenic), le soufre et le vif-argent (ou mercure). Ce sont en réalité des principes symboliques. [...]
[...] Religieux Du point de vue du droit de l'Eglise, Oldrado dit : « Si les alchimistes attribuent ce fait, c'est à dire les raisons occultes fécondantes, à Dieu, alors ils ne semblent pas pécher ». Il parvient à la conclusion que les alchimistes ne pèchent pas tant que l'art imite la nature sans parvenir à agir sur la substance de la matière, et que Dieu soit déclaré responsable de l'opportunité des résultats qu'ils peuvent obtenir dans la transmutation, autant du point de vue théorique que pratique. [...]
[...] Oldrado, à la fin du texte, conclut d'après ce décret que si les alchimistes attribuent la transmutation à Dieu, alors ils ne pèchent pas. Il se réfère ensuite à la loi civile. Il évoque le code Justinien, le corpus de droit civil, sur la question de la propriété. Dans sa 2e partie, il dit que « ils peuvent entrer dans la propriété d'un autre, même sans le consentement du propriétaire, pour y chercher du métal », il évoque la possibilité qu'un alchimiste puisse être un voleur de métal, peut être dans le seul but d'avoir une source à citer pour sa 2e partie. [...]
[...] Transmutation Ce sont les trois principes symboliques qui servent à la transmutation des métaux, c'est à dire à la transformation d'un métal en un autre qui lui est supérieur. C'est ce dont parle Oldrado da Ponte : « Ils disent que d'une espèce de métal (par exemple à partir de l'étain) peut sortir une autre espèce de métal (par exemple l'or) ». On enfermait les matières minérales que l'on voulait transformer dans ce qu'on appelle « ?uf philosophique », un endroit où les matières mûrissent pendant une très longue période. L' « ?uf » est ensuite chauffé jusqu'à voir apparaître les couleurs correspondant au Petit ?uvre ou au Grand ?uvre. [...]
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