Commentaire sur l'acte de fondation de Cluny par Guillaume d'Angoulême en septembre 909.
[...] Ces motivations sont donc ici religieuses. Son geste n'est pas isolé puisque plusieurs comtes fondent des abbayes, donc des laïcs réagissent au déclin de l'Eglise. La fondation de Cluny répond donc de la volonté d'un homme, Guillaume le Pieux mais, elle n'est possible que par l'appui d'un abbé tel que Bernon. L'abbé Berbon appartient au milieu aristocratique et il est déjà abbé lors de la fondation. L'abbé est donc un moine qui dirige la communauté monastique. Ainsi, "je donne toutes ces choses ( ) à condition ( ) que là se réunissent des moines vivant sous la règle da Saint Benoît". [...]
[...] Cet acte est sans doute la fondation du monastère le plus célèbre. Il faut souligner le rôle des acteurs que sont Guillaume pour les terres et l'abbé Bernon pour l'expérience. L'acte met en avant les principes fondamentaux de Cluny inspirés de la règle bénédictine, c'est-à-dire la protection du Saint-Siège, autonomie spirituelle et matérielle du monastère. Odon prend la suite de Bersnon en 926 et il obtient l'exemption romaine avec la confirmation de la libre élection de l'abbé et la possibilité d'accueillir des laïcs. [...]
[...] Guillaume d'Angoulême applique donc cette règle lors de sa fondation "je donne toutes ses choses aux dits apôtres à condition qu'on construise à Cluny un monastère régulier ( ) sous la règle de saint Benoît". Il veut intégrer sa fondation dans le principe en cours. Il fait don de toutes les terres qui entourent Cluny afin que le monastère puisse rester isolé et vivre de l'autosubsistance "je fais tradition de biens ( ) avec toutes les choses qui en dépendent, villages, chapelles, serfs des deux sexes, vignes, champs, prés, forêts, eaux et cours d'eau, moulins, entrées et sorties, terres cultivées et incultes sans aucune restriction". [...]
[...] Ce document juridique marque donc la fondation de Cluny, un monastère bénédictin placé sous la protection du pape. Cette fondation est souhaitée par Guillaume Ier d'Angoulême dit Guillaume le Pieux, comte de Mâcon. Il s'adresse ici à Bernon, le 11 septembre 909 ou 910 selon l'année de référence. Cette charte est rédigée dans un contexte particulier correspondant au temps des principautés pendant lequel les grandes familles se sont accaparées le pouvoir central. Contexte également troublé par l'affaiblissement de la vie monastique dû aux invasions, il faut donc reconstruire les monastères détruits et retrouver une stabilité religieuse. [...]
[...] Une telle décision est prise pour soustraire la maison à toute intervention extérieure. Le paiement aux Apôtres du droit de protection du Saint-Siège marque le début de la libertas romana qui se rapproche de l'exemption plus tardive "que tous les cinq ans, lesdits moines paient à Rome dix sous au seuil des apôtres pour entretenir leurs luminaires ; qu'ils aient la protection des dits apôtres et du pontife romain". En outre, par cette fondation, Guillaume veut exclure les laïcs et leur prétention au pouvoir sur le monastère "lesdits moines ne soient soumis au joug d'aucune puissance terrestre" et "qu'aucun prince séculier, ni comte, ni évêque, ni même le pontife romain ( ) n'envahissent les biens des serviteurs de Dieu". [...]
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