Le texte que nous proposons d'étudier est un extrait des Chroniques de Réginon de Prüm (842- 915). Réginon de Prüm est un ecclésiastique, devenu moine puis abbé du monastère de Prüm en 892, surtout connu pour ses Chroniques, qui retracent l'histoire du monde du début de la chrétienté à 906, divisées en deux livres, dont la dernière partie du deuxième livre retrace l'histoire de la France de 741 à 906.
Cependant, Réginon de Prüm s'inspire largement de la tradition et ses sources sont peu fiables. Ses Chroniques constituent néanmoins une source intéressante pour comprendre l'éclatement de l'empire qui a eu lieu en 888, après la mort de l'empereur et Roi de France et de Germanique Charles le Gros.
En effet, 888, qui amorce le processus de morcellement de l'empire et qui annonce la fin des Carolingiens, est une année charnière dans l'histoire médiévale : c'est une transition vers un nouveau mode de gouvernement et vers la féodalité, et qui amène les Robertiens, devenus sous Hugues Capet les Capétiens, à prendre durablement le pouvoir.
Nous essaierons de comprendre pourquoi Charles le Gros n'est pas parvenu à restaurer l'unité de l'empire et à quoi est due la naissance des principautés territoriales annonçant le début de la féodalité.
[...] Ces princes peuvent être des ducs, des comtes. Le prince est étroitement lié au roi, mais il dispose sur son territoire d'une certaine indépendance. Il peut être révoqué ou déplacé par le roi. Cependant, le système s'enraye vite : les princes s'émancipent de la tutelle du roi et fondent de véritables dynasties : leur pouvoir se transmet de père en fils. Ils restent néanmoins liés au roi par une sorte de confraternité. Les princes eux-mêmes se lient avec des vassaux, à qui ils concèdent des terres en échange de services militaires. [...]
[...] Pour Réginon de Prüm, c'est une épreuve de Dieu destiné à tester la foi de Charles. Le chroniqueur donne une image honorable du roi déchu, qui supporta sa mauvaise fortune avec une grande patience Mais là encore, le récit de Réginon de Prüm s'éloigne de la vérité. Charles le Gros doit sa déchéance à sa faiblesse. En effet, plusieurs fois durant son règne, il fait preuve d'extrêmes faiblesses voire de lâcheté : peu de temps après avoir acquis le titre impérial, il mène une guerre contre les Allemands, qui ravage la Lorraine. [...]
[...] De plus, tout au long de son règne, il fait preuve d'injustice et se jette les foudres des différents royaumes sous son autorité : en Bavière, il provoque une guerre civile suite à ses exactions contre les Autrichiens, en Italie, il dépouille de leurs terres les ducs Guy et Bérenger, il fait exiler sa sœur Engelberge en Allemagne, il fait crever les yeux à son neveu Hugues. Charles ne cesse de perdre son autorité dans son royaume. En 887, sujet à des crises de folie, il accuse sa femme Richarde d'adultère avec son premier ministre, Luitward. Elle se réfugie dans un monastère tandis que Luitward se rend auprès d'Arnulf, le neveu de l'empereur et duc de Corinthie. Arnulf parvient à fédérer autour de lui une assemblée d'aristocrate qui dépose l'empereur. [...]
[...] Néanmoins, son ambition croissante le mena à s'opposer à Arnulf, en effet, il ambitionnait de rattacher à son autorité la Lorraine. Finalement, Rodolphe accepta de renoncer à la Lorraine en échange de la reconnaissance de sa légitimité sur la Bourgogne par Arnulf. Cependant, les hostilités ne cessèrent pas pour autant. Réginon de Prüm prend le parti d'Arnulf, sans doute parce que celui-ci est l'héritier carolingien. La naissance des principautés territoriales Un autre phénomène marque l'après 888, et non des moindres puisqu'il annonce le régime de féodalité et le Moyen-âge, c'est la naissance des principautés territoriales. [...]
[...] Pourtant la réalité est autre, puisque Charles le Gros a largement profité d'événements en sa faveur pour assoir son pouvoir. A la mort de son père Louis II le Germanique, la Francie orientale (qui correspond à la partie orientale de l'empire) est divisée entre ses trois fils : Carloman, Charles et Louis. Pourtant, très vite, les deux frères de Charles vont mourir, si bien que ce dernier va très vite devenir le seul roi. Parallèlement, à la demande du pape Jean II, il se fait couronné empereur en 881 (885 pour certains historiens). [...]
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