Le sacre d'Henri IV à Chartres nous est relaté par Palma-Cayet, dans ses "Chroniques Novenaire". Palma-Cayet est un historien et controversiste français, né en 1525 à Montrichard en Touraine. Il meut en 1610. Il se convertit au calvinisme et devient prêtre protestant, avant d'abjurer en 1595 et de se faire ordonner prêtre en 1600. Il publie en 1606 ses "Chroniques Novenaire", couvrant la période de 1589 à 1598, puis il publie trois plus tard, en 1609, les "Chroniques Septenaire", couvrant la période de 1598 à 1604.
Notre étude se portera sur la description du sacre d'Henri IV dans les "Chroniques Novenaire". En quoi ce sacre s'inscrit-il dans une politique de légitimation du pouvoir royal d'Henri IV ? En quoi le sacre confère-t-il au roi un caractère sacré ?
[...] II/ Un pouvoir royal rendu légitime par le sacre La nature du sacre Avant de comprendre en quoi le sacre rend le pouvoir royal d'Henri IV légitime sur le plan religieux, intéressons-nous à la nature même du sacre. Comme nous l'avons vu précédemment, ce n'est pas le sacre qui fait le roi. En effet, le roi devient roi à partir du moment où son prédécesseur est mort (de là vient l'expression le roi est mort vive le roi Il tient son pouvoir d'une loi fondamentale du royaume, la loi salique qui dévolue la couronne au premier héritier mâle. [...]
[...] le peuple chrétien vive paisiblement avec l'Eglise de Dieu où ensuite il promet de faire cesser rapines et toute iniquité ( rapine étant le vol et l'iniquité l'injustice et l'inégalité), d'assurer la justice divine et la miséricorde dans le royaume, et enfin de chasser tous hérétiques dénoncés par l'Eglise ( le roi fait-il là allusion aux protestants ? Le cas échéant Henri IV mène une politique de double jeu, puisque l'Edit de Nantes d'avril 1598 protège les protestants). - Le roi est ensuite adoubé et fait chevalier ligne 131-146, il reçoit des bottines, des éperons et enfin l'épée royaux. Par cet acte, le roi devient le premier chevalier du royaume, le suzerain des suzerains à la tête de la hiérarchie nobiliaire, chargé de protéger et de défendre son royaume. [...]
[...] Un sacre ne s'inscrivant dans le pur respect des traditions Traditionnellement, le sacre des rois se déroule dans la cathédrale de Reims, présidé par son archevêque, où se trouve l'huile royale servant à sacrer les rois, qui selon la légende, comme nous le rapporte Palma-Cayet ligne 177, aurait été rapportée par une colombe représentant le Saint- Esprit lors du baptême de Clovis par l'évêque Rémi. Cependant, Reims étant aux mains de ligueurs, il faut trouver un autre lieu : Chartres est choisie. [...]
[...] Par filiation, Henri de Navarre est donc le successeur légitime. Légitime, peut-être, mais pas sur tous les plans, ce que ne manqueront pas de remarquer les membres de la Ligue, constituée de catholiques qui s'opposent aux protestants. En effet, si le roi politiquement est légitime, il n'en est rien sur le plan religieux : comment imaginer la pérennité de l'Eglise quand le roi, sensé être le premier des clercs du royaume, ministre de Dieu et représentant de l'ordre divin dans le royaume, n'est lui-même pas catholique ? [...]
[...] La façon dont Palma-Cayet nous raconte le sacre dénote une sorte de réconciliation entre le roi et l'Eglise, il se dégage une impression d'unité, chacun occupe sa place qui lui est conférée. Henri IV acquiert enfin une légitimité religieuse, en étant à la tête de l'Eglise, cet ancien protestant va enfin pouvoir réconcilier une France déchirée en deux. Conclusion Le texte de Palma-Cayet a de cela intéressant qu'il nous renseigne sur la nature même du pouvoir royal à travers le sacre, qui ne fait pas le roi mais qui lui confère son caractère sacré. [...]
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