La première partie du règne de Louis le Pieux apparaît comme une période de relative stabilité pour l'empire franc, en effet, on considère la phase d'expansion et de conquête entamée par Charlemagne comme terminée. Louis n'en reste pas moins actif sur le plan intérieure, notamment en se plaçant comme l'instigateur de mutations profondes liées aux institutions ecclésiastiques de l'empire.
Les chroniques des abbés de Fontenelle, d'auteur anonyme, constituent une gesta abbatum rédigée dans les années 830. Elles sont rédigées dans un contexte de diffusion des règles bénédictines à travers les monastères de l'empire franc, fruit de la réforme édictée par Louis le Pieux soutenu par Benoit d'Aniane dés le concile d'Aix en 816.
[...] Enfin, par son application rigoureuse des réformes monastiques à l'abbaye de Fontenelle ? I. La place du clerc au sein de la structure ecclésiastique La nature hagiographique de ce document porte d'abord à s'intéresser à la biographie d'Anségise, en particulier à travers son parcours au sein du corps ecclésiastique franc. L'auteur évoque en effet son entrée dans la vie religieuse au début du texte, il reçut de lui la tonsure (ligne ce qui à l'époque, signifie être intronisé en tant que moine au sein de l'Église. [...]
[...] Anségise est présenté comme charitable à la ligne douze puisqu'il distribue les fruits de ses exploitations agricoles d'une main toujours large Il est intéressant de voir qu'à travers cette phrase l'auteur insiste sur la générosité d'Anségise, son respect de la foi chrétienne, mais manifeste aussi qu'il est capable de redistribuer une partie de ses richesses, ici à tous les indigents C'est bien là un des critères de l'aristocratie que de redistribuer, que ce soit sur le plan matériel ou sur le plan honorifique afin de conserver sa condition et donc sa supériorité parmi le corps social. Rappelons que le fait aristocratique au IXe n'est pas admis en matière de droit et que celle-ci n'existe que par le biais de liens avec le pouvoir et naît d'un rapport de dominant et de dominés sur le plan social. [...]
[...] Cette condition aristocratique apparaît dès les premières lignes du texte lorsque l'auteur évoque la famille d'Anségise, sa parenté directe, soit Anastase son père et Himilrade sa mère, deux noms à consonances caroline. Gervold, un autre parent cité ligne six, apparaît d'abord comme un homme d'Église, mais aussi un homme proche de la cour puisque c'est lui qui y conduit le futur abbé de Fontenelle. Ainsi, Anségise est bien né puisqu'il existe avant lui tout un réseau familial proche de la famille royale, ce qui fonde les bases de son statut d'aristocrate. [...]
[...] Par ailleurs, il est intéressant de se pencher sur la question de l'administration de l'abbaye de Fontenelle à la mort de mort de Gervold en l'an 807 comme il l'est évoqué ligne neuve. En effet, si Anségise obtient le monastère de Fly c'est parc qu'il ne succède pas son parent Gervold qui est lui remplacé par un certain Trasaire. Cet évènement rappel que la succession des charges abbatiales au IXe, ne s'établit pas nécessairement en fonction de la parenté de l'individu. [...]
[...] De plus, par son approche chronologique, ce texte nous renseigne précisément sur la vie et le parcours de l'abbé. Celui-ci apparaît sous deux angles qui se complètent voir se confondent, celui de l'homme d'Église et celui de l'aristocrate, soit le spirituel et l'autorité. Ces caractéristiques font par ailleurs le propre de l'abbé au IXe siècle, fruit des réformes menées successivement par Charlemagne et Louis le Pieux. Ce statut quelque peu complexe et parfois ambigu fait ainsi d'Anségise un homme au service du pouvoir royal propre à mener avec rigueur la réforme bénédictine évoquée dans la dernière partie de l‘extrait. [...]
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