Dès le milieu du XIIIe siècle, Florence apparaît comme étant la ville d'Italie au sein de laquelle l'effacement de l'autorité impériale est le plus marqué. Le parti gibelin, soutenu par l'empereur ne prend en effet que deux fois le pouvoir de 1237 à 1240 puis de 1260 à 1268, avant d'être banni de la cité par le parti guelfe, qui contrôle Florence, et qui est fort du soutien du pape.
L'indépendance de la Cité florentine est cependant menacée par la présence parfois trop marquée de protecteurs étrangers choisis pour la gouverner. Il s'agit des seigneurs de la ville qui exercent le pouvoir à l'image du duc d'Athènes dont il est question ici, Gautier VI de Brienne, troisième seigneur de Florence. Le duc d'Athènes et son gouvernent sont systématiquement stigmatisés par les chroniqueurs, c'est le cas de Giovanni Villani pour n'en citer qu'un, auteur du texte dont nous ferons l'analyse. L'insurrection urbaine est présentée de manière détaillée, Villani en livre les mécanismes et les conséquences avec toujours un point de vue engagé et la volonté marquée de dénigrer le duc d'Athènes.
[...] Il s'agit avant tout d'une peinture infamante mettant en exergue le sort subit par Gautier, l'exil, et sa faute commise, l'abus de pouvoir. Le fait qu'elle ait été exposée au palais de la seigneurie montre la volonté de faire de Gautier un contre exemple, du moins l'exemple à ne pas suivre, la fresque met en garde les autres dirigeants qui succèdent au duc d'Athènes. Elle illustre le soulèvement contre celui qui s'était emparé par fraude et trahison de la liberté de la république de Florence »l.31. Elle ressemble en cela à la fresque du bon gouvernement. [...]
[...] Sur la fresque murale d'Andrea di Cione, illustrant la fuite du duc, on retrouve au premier plan, les armes des gens du duc abandonnées au sol, brisées, symbolisant la défaite de la tyrannie en arme face aux insurgés du peuple de Florence, représentés à gauche, portant les bannières de la ville. Le duc d'Athènes et ses gens piétinent dans leur fuite les emblèmes de la justice, l'épée et la balance, symbolisant de ce fait un an de justice bafouée. Le duc est donc chassé de Florence au soir du 26 juillet 1343, mettant ainsi fin à une année de tyrannie. Sur la fresque il est jeté de son trône par un ange. [...]
[...] Cette unanimité, même si elle est exaltée et mise en avant par des chroniqueurs tels que Villani, ou dans des œuvres de commémoration telle la fresque d'Orcagna, n'est cependant qu'une unanimité relative. En effet, dès la chute du duc, les Magnats en profitent pour abroger les Ordonnances de justices et voter leur propre admission à tous les conseils. Par la suite, dans les mois qui suivent, les bourgeois du popolo grasso reprennent le contrôle politique de la commune et rétablissent les ordonnances. [...]
[...] Il est donc bien connu des Florentins de qui il est élu en 1342 capitaine de garde ainsi que dans la foulée, conservateur et protecteur du peuple. Pendant la guerre pour le contrôle de Lucques, il profite des divisions intérieures pour se faire acclamer seigneur à vie et non plus pour un an, le 8 septembre 1342 par le popolo minuto, contre les prieurs et le popolo grasso, en s'appuyant sur les Grands. En fin démagogue, il flatte et valorise le petit peuple qui constitue son principal soutien. [...]
[...] Les Magnats dans un premier temps, groupe de nobles et de chevaliers, aussi appelé les Grands, reprochent au duc d'Athènes de ne pas avoir abrogé les Ordonnances de justice de 1293 qui leur ôtent toute réalité du pouvoir. Ces ordonnances excluent les Magnats de tous les conseils, en rendant par exemple les chevaliers inéligibles au priorat. Les grands bourgeois membres du popolo grasso quant à eux, voient, sous l'impulsion de Gautier leurs conseils amoindris et ouverts aux petits artisans. La déception des patriotes est elle aussi forte, devant la paix conclue avec Pise en 1342, l'abandon de Lucques, et les concessions aux ennemis séculaires de Florence. [...]
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