Tant de princes à ses pieds lui donnent une grandeur qui impose, Voltaire, dans son Essai sur les mœurs¸ exprime toute la prestance et toute la grandeur qui émane de la figure de l'empereur. Le texte auquel nous faisons face se fait d'ailleurs l'écho de cette grandeur.
Ce discours prononcé en Conseil le 16 septembre 1528 est extrait d'une source narrative et historique appelée chronique. En effet, il s'agit d'un extrait de la Cronica del emperador Carlos Quinto rédigé par Alonso de Santa Cruz. Né en 1505 à Séville et mort en 1567 à Madrid, Alonso de Santa Cruz est un cosmographe et historien espagnol. Il rédige la Cronica del emperador entre 1550 et 1552, bien après le présent discours donc. En 1526, il participe à l'expédition de Sebastian Caboto pour tenter d'atteindre les îles Maluku en Indonésie, par l'ouest. L'expédition échoue, et se solde par une escale prolongée à l'embouchure du Rio de la plata. A son retour à Séville en 1535, il devient cosmographe à la Casa de Contratacion, et en 1536, il est nommé cosmographe de la reine Jeanne. Son ascension le conduit finalement à la cour du roi Charles, où en 1554 il est nommé cosmographe officiel. Il offre de nombreuses œuvres didactiques au Roi et à son fils Philippe notamment l'Astronomico Imperial rédigée en 1550.
[...] Cependant, dans les faits le dernier empereur a avoir été couronné à Rome avait été Frédéric III en 1452, Maximilien Ier s'était intitulé empereur romain élu en 1508. Mais, en 1528 Charles Quint est au faîte de sa puissance et de ses deux rivaux, le roi de France comme nous l'avons expliqué précédemment, et le pape, tous les deux humiliés. Il peut alors exiger d'être couronné par le pape. L'humiliation du pape est explicitement évoquée dans ce discours, telle que, je n'ai pas peur de dire que Rome a été saccagé, l'Italie scandalisée ; 21). [...]
[...] La dignité impériale, telle que la conçoit Charles Quint, a des implications religieuses. La chrétienté médiévale avait tenté, d'organiser une sorte de partage des responsabilités : au pape, l'autorité spirituelle, à l'empereur, la coordination politique. Le rôle de l'empereur est de favoriser la foi, de maintenir la paix entre les peuples chrétiens et de mener le combat contre les impies. C'est ce qu'il rappelle dans son discours, si je ne risquais pas tout ce que je possède pour réformer l'église et pour détruire ce maudit hérétique ; 65). [...]
[...] Charles Quint en fait explicitement allusion à la ligne 74, je vois bien toutes les fatigues que je vais avoir à affronter personnellement. Mais pour lui, cette chrétienté doloriste, le pousse à suivre une vie de nomade, vivre son autorité comme une mission évangélique, au service de Dieu, un devoir de foi, à faire abstraction des fatigues, des souffrances, de l'épuisement du corps, mais, en fin de compte, les actions qui sont en soi bonnes et vertueuses, on ne doit pas les entreprendre par intérêt et on ne doit pas y renoncer par crainte de la fatigue ; 77). [...]
[...] Celles-ci lui sont exposées le 14 janvier 1526, au travers du traité de Madrid. Le roi de France Est donc libéré le 10 mars, il quitte l'Espagne le 17 avril et renie immédiatement tous les termes du traité négocié avec l'empereur tel que le roi de France n'a jamais tenu aucune de ses promesses (l. 27). De plus, Charles Quint en 1528 est déjà à la tête de l'héritage de la maison d'Aragon, en tant que roi de Sicile et de Naples tel que le bien d'autrui, je n'ai aucune raison de les convoiter ni d'aller les chercher en Italie, car ceux que mes rois et pères m'ont laissés ici et là-bas sont si nombreux et si grands ;56). [...]
[...] Ainsi, commence la deuxième partie de son discours dès la ligne 58. Charles Quint veut réunir un concile œcuménique comme son devoir de roi de la Chrétienté lui incombe, et chasser Luther l'hérétique souligné aux lignes 59 à 66. Ensuite, les dernières raisons du voyage impérial en Italie tendent à réformer (l. 66). Enfin, il exige que ses ambitions soient gardées secrètes. On peut alors se demande quelle conception du pouvoir se fait Charles Quint ? Comment administre-t-il son Empire ? Par quels moyens justifie-t-il sa politique ? [...]
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