Le document est de type narratif, il concerne le chapitre XXVII du livre II de l'Histoire des Francs. On a ici la vision d'un « post-contemporain » puisqu'il relate les faits cent ans plus tard. Mais on récupère des informations précises avec un souci du détail des évènements passés, parfois de dires et d'expressions saisies sur le vif. Grégoire de Tours nous offre une connaissance complète des temps mérovingiens, qu'il évoque à l'aide d'anecdotes, d'images, de faits et de propos.
Les historiens parlent de « notion vivante car elle est vécue ». On peut se poser la question de la subjectivité du texte sachant que l'auteur à un recul de cent ans entre le déroulement des faits et la narration, mais pour autant Grégoire de Tours appartient à l'époque mérovingienne. Le style de Grégoire de Tours destine son œuvre à un public large car son latin se rapproche de la démarche du roman. A cette époque le latin subit des transformations lentes, la langue parlée le contamine, les conjugaisons se simplifiant.
[...] Pourquoi alors Grégoire de Tours reste vague et ne nomme pas l'évêque et l'église concernés ? Concernant les envoyés au roi. On sait par avant que Remi à déjà eu des contacts épistolaires avec le roi, entre autres la lettre de 481/482 où il félicite le roi de son avènement. La question se pose de savoir si cette fois-ci encore l'évêque use d'une lettre ou si simplement il demande aux envoyés de transmettre un message oral ? La construction de la phrase par l'auteur nous fait remarquer une fois encore la distincte opposition que celui-ci fait entre les ornements de l'église d'une part, et le calice d'autre part qu'il met en évidence. [...]
[...] Vers Grégoire de Tours utilise des sources imprécises pour la datation, les quinquenalia, ces fastes consulaires rédigés tous les 5 ans. Néanmoins, on peut faire confiance à Grégoire, car il connaissait la femme de Clovis, Clotilde grâce à laquelle il est devenu évêque de Tours. Ainsi que le mentionne lui-même l'auteur dans son Histoire des Francs. On peut présumer que Grégoire connaît bien les faits. Dans les textes est admise comme étant la date de la mort de Syagrius, défait par Clovis, lors de la bataille de Soisson. Beaucoup d'églises On peut s'interroger sur la localisation de ces églises. [...]
[...] On a affaire à un homme d'une culture surtout religieuse, d'origine noble, portant la notoriété de plusieurs de ses parents, et le prestige de l'évêché de Tour illustré par saint Martin (tombeau dont les vertus thérapeutiques étaient très réputées, ayant déjà guéri Grégoire de Tours) l'a mis en rapport avec les rois mérovingiens et les plus grands personnages de son temps. Grégoire est un homme de son temps avec une haine certaine pour les Ariens. Grégoire de Tours a beaucoup écrit et il cite l'Histoire des Francs en tête de la liste de ses œuvres et l'appelle Decem libros historiarum. À l'origine c'est une histoire universelle commençant avec la création de l'homme et se poursuivant jusqu'aux évènements qui ont lieu à la veille de sa mort. [...]
[...] Il faut savoir aussi que dans son œuvre, Grégoire de Tours se dégage de toute pensée moralisatrice. Il a travaillé sur des chroniques romaines, c'est-à-dire sur des matériaux d'époque, mais aussi grâce à des témoignages dont, probablement, celui de Clothilde. Il s'agit donc d'informations officielles. On peut supposer que le manque de développements correspond à une carence dans ses sources ou à une façon délibérée d'omettre des faits. Il dispose aussi de sources d'informations indirectes. Sans Grégoire de Tours, nous n'aurions connu Clovis que très peu. [...]
[...] Doit-on se poser la question d'une critique à donner au regard de Grégoire de Tour sur les choses ? En effet, il s'agit de la vision d'un post- contemporain, qui plus est un évêque, qui connaît la conversion de Clovis. Ainsi il livre une vision nécessairement orientée des faits : celle d'un roi en marche vers le christianisme. Ce texte est aussi intéressant dans le sens où Grégoire de Tours montre que Clovis détient une hérédité romaine, mais qu'il possède toujours sa légitimité germanique. [...]
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